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« Les industriels doivent aussi œuvrer à la reconstruction du prix »

Président de la section régionale laitière du Massif central, Yannick Fialip appelle les industriels à se saisir rapidement du nouveau schéma de construction de prix. L’avenir de la filière en dépend.

Yannick Fialip : « La filière est à la croisée des chemins, soit un signal fort est envoyé aux producteurs en faveur de juste prix, soit on reste dans le statu quo et la restructuration laitière se poursuivra inexorablement ».
Yannick Fialip : « La filière est à la croisée des chemins, soit un signal fort est envoyé aux producteurs en faveur de juste prix, soit on reste dans le statu quo et la restructuration laitière se poursuivra inexorablement ».
© SC

Les cours du lait semblent à nouveau bien orientés, avec quelles perspectives pour les producteurs ?

Le prix du lait remonte effectivement. La baisse de la production dans tous les pays du monde est porteuse pour les cours mondiaux. Si bien que des augmentations de prix aux producteurs sont attendues pour les mois à venir. Nous devrions terminer sur une moyenne annuelle de 320 euros/1 000 litres, soit plus de 40 à 50 euros par rapport à 2016. Toutefois, même si cette augmentation est salutaire, force est de constater que bon nombre de producteurs ne couvrent pas encore leur coût de production.

Cette question centrale de la prise en compte des coûts de production devrait être abordée lors des assises de l’alimentation. Qu’en attendez-vous ?
L’enjeu pour nous producteurs, est de poursuivre le travail engagé sur la construction du prix, en inversant le processus jusque là en vigueur qui nous était plutôt défavorable. Nous estimons que le prix doit se construire du producteur au consommateur en passant par le transformateur et le distributeur, et non l’inverse. La loi Sapin II doit nous permettre d’obtenir des prix plus rémunérateurs, mais nous attendons aussi beaucoup des assises de l’alimentation pour inverser la mécanique de construction du prix.

Cet enjeu de reconstruction du prix est-il partagé par les industriels ?
Il est clair que les industriels doivent se mettre dans une position constructive, les producteurs ne doivent pas être les seuls à la pointe du combat. D’autant que nous avons déjà fait une bonne part du chemin : nous avons été revendicatifs pour obtenir une PAC favorable aux systèmes herbagers, de montagne et des zones intermédiaires¹ ; nous avons fait le travail sur l’investissement en obtenant un PCAE ambitieux pour subventionner la modernisation des bâtiments d’élevage à hauteur des besoins ; nous avons, par ailleurs, tout mis en œuvre face au gouvernement et dans le cadre du débat de société pour que le prix au producteur augmente, dans nos régions, cela passe notamment par la segmentation (montagne, AOP, et autres). Fort de tous ces chantiers engagés, nous estimons que la balle est désormais dans le camp des industriels. Nous sommes à un moment charnière, soit ils saisissent cette opportunité en payant le lait aux producteurs au juste prix, soit ils font le pari d’une amplification de la restructuration laitière. Globalement, en raison des aléas climatiques, les volumes sont en baisse dans la région. Dans ces conditions, le prix sera un élément central de l’augmentation des volumes.

Dans ce nouveau schéma, quel rôle pour l’interprofession ?
L’interprofession conserve son rôle central pour les producteurs en fixant un cadre de paiement du lait, pour gérer la qualité, les analyses des échantillons, les fréquences de ramassage, mais aussi pour définir les grands enjeux de filières. Nous attendons de la part des industriels un vrai choix sur cette stratégie. Toutes les démarches de segmentations (bio, non OGM, AOP, montagne, recherche de volumes…) doivent faire l’objet de discussions en interne dans chaque organisation de producteurs, pour que les entreprises s’en emparent et les mettent en œuvre. Il est impératif de raisonner en stratégie de filière, pour éviter de se disperser. Les producteurs doivent vraiment bénéficier de la valeur ajoutée sans surcoût.


1. « Même si des retards de paiements de certaines aides sont à déplorer, indépendamment de la volonté des acteurs de la filière. C’est à l’État de faire le nécessaire pour résorber ces dysfonctionnements ».

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