Aller au contenu principal

« Le commerce du vin est quasiment à l'arrêt »

Pierre Deshors, vigneron au Crest près de Clermont-Ferrand, vient de prendre la présidence de la Fédération Viticole du Puy-de-Dôme dans un contexte inhabituel.

Pierre Deshors, vigneron au Crest, est le nouveau président de la Fédération Viticole du Puy-de-Dôme.
Pierre Deshors, vigneron au Crest, est le nouveau président de la Fédération Viticole du Puy-de-Dôme.
© Fédération viticole du Puy-de-Dôme

Les vignerons et viticulteurs puydômois se sont réunis in extremis le 12 mars dernier, à l'occasion de l'assemblée générale de la Fédération Viticole. Un nouveau bureau a été élu (voir encadré ci-dessous) et Pierre Deshors en a pris la présidence. Vigneron installé au Crest depuis 2007, c'est dans un contexte plus qu'inhabituel qu'il a vécu le premier mois de sa nouvelle fonction.

Quelle est la situation chez les vignerons puydômois ?

« Les caves sont encore ouvertes parce que notre produit est considéré comme un bien de première nécessité. Malgré tout, le commerce du vin est quasiment à l'arrêt. Nos clients majoritaires sont les gens du village. Un collègue m'a confié avoir vendu 6 bouteilles en une semaine ! Ne nous leurrons pas, ce n'est pas le vin que recherchent actuellement les consommateurs. Quant aux ventes auprès des cavistes et restaurateurs, elles sont évidemment nulles. Alors qu'habituellement la période est propice au lancement des nouveaux millésimes, et donc mouvementée pour nous ; or en cette période c'est malheureusement le calme plat. Comme tout le monde, nous ignorons vers quoi nous nous dirigeons. Le seul avantage que nous avons est la facilité de conservation de notre produit. »

Mais comme tous les professionnels vous aussi avez besoin d'un revenu ?

« Bien sûr ! Nous avons tous des crédits, des charges de production, des salariés pour certains et besoin de vivre tout simplement. Parce que nous n'avons aucun revenu actuellement, certains collègues n'ont pas embauché de personnel pour réaliser l'attache des vignes. D'autres l'ont fait malgré tout, mais c'est compliqué car Il nous fil faut ut mettre en place les gestes barrières, ainsi que des équipements de protection, et nos métiers, nos outils, nos vignes ne sont pas forcément adaptés. »

 

Après la sécheresse de 2019, cette crise sanitaire est un second coup dur ?

« Nous avons perdu plus de 60% de notre production l'année dernière sur la zone d'appellation. Nous n'avons donc pas une grosse quantité de bouteilles à vendre mais ces ventes auraient permis d'avoir un revenu. On ne fait pas du vin pour qu'il reste en cave ! Alors oui c'est un second coup dur en l'espace d'une année. Les caves vont y laisser des plumes. La Fédération Viticole recense en ce moment même les pertes des vignerons afin de recueillir des chiffres exacts. »

Cette nouvelle campagne démarre mal...

« Et elle n'est pas terminée ! L'hiver a été très sec et certains collègues déplorent des dégâts après les gelées d'il y a 15 jours. La situation économique et sanitaire est inquiétante mais la météo actuelle l'est tout autant. Nous sommes face à une conjoncture qui dans son ensemble n'invite pas à l'optimisme. Si nous devions subir une deuxième année de sécheresse, qui plus est conjuguée aux évènements actuels, ce serait une catastrophe. Les caves ne laisseraient alors pas seulement des plumes mais toute la bête ! Il faut espérer que la pluie reviendra vite. »

Les plus lus

Comment la France peut aider le Maroc à repeupler son cheptel bovin et ovin ?

Sept ans d'une sécheresse redoutable, couplée aux soubresauts de la géopolitique ont fragilisé l'élevage marocain, si bien que…

Les associés du Gaec de la Cartalade avec Emmanuel Grange de chez DeLaval devant les 3 robots fraichement installés.
3 robots de traite nouvelle génération pour gagner en souplesse de travail

À Mercoeur, les 5 associés du Gaec de la Cartalade ont fait le choix de traire un troupeau de 150 vaches montbéliardes à…

vaches de races limousines dans un pré.
Aide au vêlage : 200 € par vêlage financés par la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Destinée à encourager la recapitalisation du cheptel bovin viande dans la région, cette aide au vêlage ouvrira à partir de…

“Je veux pouvoir aller aux vaches en baskets !”

Chez les Noyer, à Saint-Martin-Cantalès, on ne lésine pas avec la propreté des vaches, de la stabulation et de la salle de…

vaches charolaises dans un pré.
Provision élevage : Comment les éleveurs peuvent bénéficier de cette mesure fiscale obtenue par le syndicalisme FNSEA-JA ?

La nouvelle provision élevage, déductible du résultat imposable, peut permettre aux éleveurs bovins d’économiser, dans les…

Un groupe de personnes au milieu de véhicules de pompiers.
Photographie, le quotidien mis en scène

Le jeune photographe cantalien, Dorian Loubière, poursuit sa série de mises en scène des années 1950. Dernière prise de vue,…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière