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La viande dans tous ses états

Vendredi 20 juin, le théâtre de verdure de Florac a accueilli le spectacle de rue Carné, dans le cadre des Rencontres à table. Une pièce qui souhaitait « examiner le rapport de la société à la viande », sans prendre parti, mais en donnant de nombreuses informations sur le sujet.

Une pièce agricole

Parler de viande, c’est avant tout parler de la réalité de la filière élevage française. Et de ses côtés les plus sombres avec les suicides d’éleveurs. La première scène rappelle l’histoire de cet agriculteur, Jérôme Laronze, basé à Trivy, mort dans des circonstances tragiques après sa cavale suite à un contrôle sur son exploitation. Le ton est donné.
Mais l’idée de la compagnie n’est pas de faire pleurer dans les chaumières, plutôt de faire réfléchir à notre rapport sociétal à la viande. Un pari relevé haut la main selon les spectateurs présents ce soir-là. En différentes scènes qui s’enchaînent sans temps mort, tout y passe : le poids de l’administratif dans le travail quotidien, les normes attendues, l’évolution de la société, la perte de repère et de sens des agriculteurs. Mais il serait réducteur de penser que cette pièce se positionne en défense de l’agriculture : les acteurs n’hésitant pas à rappeler les (mauvais) chiffres de cette filière aujourd’hui et les méfaits de l’agriculture intensive, ainsi que la dégradation de la qualité des produits disponibles, notamment en grandes surfaces. « Tout le monde veut du steak haché, aujourd’hui. Je rêve d’un client qui viendrait me demander des aumônières de veau », rêvasse l’un des personnages, boucher de son état.
Pour la maire de Florac-trois-rivières, Flore Thérond, accueillir ce spectacle était une évidence. « Déjà, parce qu’on a pu mettre à disposition un très beau site, le théâtre de verdure, et puis ce qui m’a surtout intéressé, c’était la thématique, parce que j’estime qu’avec tout ce que nous entendons dans tous les médias ou dans des conversations, disons personnelles ou familiales, je trouve que l’idée de mettre en exergue des points de vue différents était très intéressante ». Pour la maire, « le spectacle a été magnifique et le petit plus, c’est qu’il amène à la réflexion ».

La place de la viande dans la société ?

La compagnie, créée en 2006, est installée dans les Pyrénées-Orientales. Elle défend un théâtre « poétique et physique, populaire, sensible et grinçant ». Pour chaque pièce créée, un temps long de recherche, de collecte et d’immersion sur le terrain est un préalable à l’écriture.
Pour aborder ce sujet et écrire sa pièce, la compagnie Gérard Gérard est d’abord allée interroger chercheurs, éleveurs, bouchers, grossistes, militants, consommateurs, politiques, etc. « De Cro-magnon à L214, il s’agit d’une histoire plus vieille que les pyramides, d’une relation (intime, inégalitaire, continue, violente, dynamique, morbide, symbolique et mutuelle) qui lie l’homme à l’animal », détaille la compagnie Gérard Gérard de cette pièce qui s’intéresse à la viande sous toutes ces facettes. Mais préviennent ces derniers : « nous ne faisons pas de militantisme, ni ne condamnons les uns et les autres ». L’idée étant d’ouvrir la discussion, et peut-être apprendre une chose ou deux sur l’histoire de la viande au passage, avec le plus grand nombre.
Organisées par Interbev et Interbev Occitanie, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et de la viande, depuis deux ans sous ce format des Rencontres à table (précédemment Made in viande), ces événements qui ont lieu dans toute la France durant tout le mois de juin permettent une mise en lumière de toutes les composantes de la filière viande, ainsi que leur savoir-faire et pratiques respectueuses de l’environnement et du bien-être animal.

 

Débat
Une réflexion à mener sur tous les fronts
Pour Christophe Rienau, éleveur dans le Tarn, vice-président de la FDSEA et administrateur Interbev, cette soirée était l’occasion de débattre de la place de l’éleveur dans l’écosystème alimentaire. Son nom ne devrait pas être inconnu pour les agriculteurs, puisqu’il avait été à l’origine du mouvement des panneaux renversés. Le débat n’aura pas eu lieu, annulé par la pluie. Mais Christophe Rieunau a apprécié cette soirée théâtrale. « Dans un monde sans agriculture, il n’y aurait pas de vie. La culture, pour sa part, a permis au fil du temps de coordonner la vie, de faire passer des messages, d’orienter les populations. On voit aussi que certains opposants à l’agriculture se servent de certains artistes qui sont finalement des têtes de proue pour porter un certain message, certaines idées. Donc, pourquoi pas aussi aller dans ce monde-là et partager notre vision ? Je pense qu’on a des choses à dire et qui sont entendables ». Pour cette soirée, le jeune éleveur avait affûté ses arguments et aurait aimé les partager avec le public : « Essayer de ramener à une forme de réel face à ce que l’on peut parfois percevoir qui est, soit du cliché, soit des choses subjectives, et qui finalement ne prennent pas en compte l’ensemble des problématiques, l’ensemble des enjeux qui font notre métier d’agriculteur au sens large ». Il aurait aussi souhaité refléter l’importance de maintenir « une agriculture diversifiée sur tous les territoires français et de valoriser le travail des agriculteurs face aux critiques et aux représentations parfois biaisées dans les médias ».
Pour Sylvie Robert, directrice de Supagro Florac, autre invitée de la soirée et du débat, l’événement a aussi pris une dimension éducative. Évoquant le travail pédagogique réalisé autour des questions d’alimentation durable dans l’enseignement agricole, elle explique comment « Supagro Florac utilise des outils artistiques, pour sensibiliser aussi les apprenants et le personnel des établissements agricoles aux enjeux de la transition alimentaire ». « Sur la question des transitions agroécologiques alimentaires, il y a matière à enseigner, à éduquer, à faire société, il y a aussi matière à apprendre à dialoguer, à débattre, on a besoin d’ailleurs de le faire », note la directrice de Supagro Florac. Pour cette dernière, la diversification alimentaire ne devrait pas être un tabou, « manger moins de viande mais en manger mieux » un objectif à atteindre pour « une meilleure valorisation des produits, sans oublier la rémunération des agriculteurs ».
 

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