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FDSEA 15
La filière lait en quête d’un souffle nouveau

Alors que les départs en retraite s’accélèrent et que les installations restent insuffisantes, la section laitière lance des Assises pour construire une feuille de route et redonner un avenir à la filière. 

La section laitière de la FDSEA du Cantal, représentée par Jean-Paul Peyral et Jean-Noël Fau, prépare des Assises pour répondre à la crise structurelle de la filière et donner des perspectives aux éleveurs.
© Renaud Saint-André

La filière lait en mal de producteurs nouveaux

Les prix pratiqués dans la filière viande sont jugés plutôt favorables. Tant mieux ! Mais à l’heure où le renouvellement des générations est un enjeu crucial, la filière laitière veut, elle aussi, séduire des jeunes. Encore faut-il réunir des conditions de travail viables et une vision à long terme prenne en compte les dimensions économique, sociale, sociétale et environnementale

C’est tout l’enjeu abordé lors du conseil d’administration de la FDSEA du Cantal, vendredi 25 juillet, à Salins. D’abord le constat. Depuis plus de trente ans, le nombre de producteurs laitiers diminue sans interruption dans le Cantal. La tendance s’est aggravée ces quinze dernières années. En 2020, une exploitation sur deux avait disparu depuis 2000. Et si la productivité a permis de limiter la casse, cette la situation devient préoccupante en termes de volume, alerte Jean-Paul Peyral, président de la section laitière de la FDSEA 15, administrateur à la FNPL et membre du bureau du Criel. 

“Pas de filière sans producteurs” 

Pis de vache qui se fait traire

Près de la moitié des producteurs devraient partir à la retraite d’ici cinq ans, et 62 % d’ici quinze ans ; deux tiers des exploitants de plus de 60 ans ignorent encore quel sera le devenir de leur ferme. Certes, les jeunes continuent de s’installer - surtout en société type Gaec -  mais les effectifs restent faibles. 

Et surtout, que deviendra l’atelier lait en cas de départ d’un associé ?”, s’interroge Jean-Noël Fau, vice-président de la section laitière. 

Il redoute, notamment dans le cas d’un élevage mixte, que le troupeau laitier soit sacrifié au profit du troupeau allaitant. Pour lui comme pour Jean-Paul Peyral, le manque d’attractivité du métier est évident. “Si on n’a pas de valeur sur le prix du lait, on aura du mal à continuer à installer”, résument-t-ils. 

À cela s’ajoutent les attentes nouvelles des jeunes générations : un meilleur équilibre de vie, davantage de reconnaissance. Les contraintes du métier (astreintes, week-ends, jours fériés) doivent être prises en compte. L’investissement initial reste un autre frein majeur. “Il faut une vision économique à moyen terme”, plaide la profession qui attend une meilleure lisibilité économique offrant des conditions plus favorables à l’installation, dans l’intérêt de tous.   

Une vision à dix ou 15 ans

Car comme le rappelle Joël Piganiol, président de la FDSEA 15 : “Pas de filière lait sans producteurs”... Une vision entre  dix et 15 ans Cette incertitude compromet aussi l’avenir des entreprises de transformation, notamment celles d’appellations fromagères. “Ce sont des produits non délocalisables”, rappelle Jean-Noël Fau, également vice-président du Cif et membre du collège producteur du Criel AOP. 

Lire aussi 13 propositions pour donner un avenir à la filière lait de montagne

Or, malgré une différenciation de prix, l’excédent brut d’exploitation des livreurs AOP reste proche de celui des producteurs conventionnels. Le surcoût lié à la production en AOP n’est pas suffisamment compensé. En outre, les contraintes de la montagne ne sont pas prises en compte. Elles répondent pourtant à une attente sociétale sur les modèles agricoles durables. 

“La montagne, ça parle... C’est l’élevage à l’herbe dans les grands espaces : on peut pas imaginer mieux !” 

La profession appelle à une “revalorisation montagne”, à travers des indicateurs de coûts spécifiques. Ceux-ci sont connus, mais absents des négociations. “Or il faut aller chercher de la valeur si demain on veut encore des producteurs de lait”, insiste le syndicat. La loi Egalim, censée garantir un prix couvrant les coûts de production, reste mal appliquée dans le secteur laitier. 

La grande distribution, accusée de dégager d’importantes marges tout en tirant les prix vers le bas, est dans le viseur. “La filière laitière est la seule à ne pas avoir encore atteint les coûts de revient réels prévus par la loi”, déplore Jean-Noël Fau. Enfin, l’élevage laitier en montagne ne se résume pas à la production, il structure l’économie locale : “Un producteur fait vivre sept à huit personnes”.  

DES ASSISES LAITIÈRES
Face à l’urgence, la FDSEA et sa section laitière lanceront dès cet hiver, les Assises de la filière. Premier objectif : offrir de la lisibilité à moyen termes, sur dix ou 15 ans. Elles doivent marquer une étape structurante pour répondre à l’érosion continue du nombre de producteurs : dresser un état des lieux précis de la situation actuelle et construire une feuille de route a minima pour les dix prochaines années. Ouvert à l’ensemble des partenaires - transformateurs, industriels, grande distribution, OPA... - ce rendez-vous doit permettre d’aborder les sujets de fond : rémunération, application de la loi Égalim, valorisation des productions de montagne, soutien à l’installation, etc. 

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