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La FDSEA23 regarde vers l'avenir

Ce jeudi 4 avril, ce sont près de 100 personnes qui se sont rassemblées à la salle des fêtes de Lavaveix-les-Mines afin d'assister au 78e congrès de la FDSEA de la Creuse.

Christian Arvis s'exprime à la tribune du congrès de la FDSEA de la Creuse.
Tribune du Congrès de la FDSEA de la Creuse.
© HC

Après les formalités statutaires (le montant de la cotisation 2025 ne changera pas et la situation financière est saine), les différentes sections ont présenté un point rapide de leur année 2023. Dans les grandes cultures, c'est l'eau qui inquiète, elle a fâcheuse tendance à être un peu trop abondante quand le besoin est faible et trop discrète quand il en faudrait plus. « Il est temps que nous réfléchissions à la mise en place de réserves à l'échelle individuelle, afin d'assurer notre autosuffisance pour l'alimentation de notre bétail, tant pour l'abreuvement que pour l'irrigation d'un minimum d'alimentation » a affirmé Didier Dhume. Il s'est également inquiété de la concurrence du blé ukrainien, qui a fait fortement chuter les prix européens, d'autant que les coûts de production n'ont, eux, pas diminué.
Dans le secteur laitier, la hausse du prix de vente n'arrive pas non plus à compenser la hausse du coût de production. Pour Sébastien Brousse, les éleveurs laitiers creusois, déjà en voie de disparition, seront bientôt une espèce disparue.
Du côté des agricultrices, Séverine Bry a remercié la commission pour sa réélection et a indiqué continuer le combat pour un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Combat que les agricultrices ont en commun avec les femmes entrepreneuses du commerce et de l'artisanat, qui rencontrent les mêmes obstacles. Elle a également encouragé les femmes à « oser entreprendre » et à prendre des responsabilités « pour un avenir encore meilleur ».
La section des anciens exploitants a également abordé le sujet économique, avec le dossier des 25 meilleures années qui a le mérite d'avancer, même à vitesse réduite. En effet la mise en place se fait désirer, le Gouvernement souhaitant attendre 2028. « Le thème de notre congrès national était l'intelligence artificielle, j'aimerais bien qu'il y en ait un peu qui aille dans les ministères » a asséné Jean-Baptiste Alanore, qui accompagnait Serge Moreau pour une présentation en duo.
 

Regard vers l'avenir
 

Mais le thème de ce congrès était « quel avenir pour l'agriculture creusoise à l'horizon 2040 ? », et plusieurs intervenants se sont donc succédé afin d'éclairer ce chemin.
En premier lieu, c'est Line Dauphin, de la Chambre d'agriculture de la Creuse, qui a fait un état des lieux de la situation, particulièrement en élevage. En tant que département naisseur, un des indicateurs les plus importants est le nombre de vaches mères, et celui-ci s'avère inquiétant ces dernières années, avec une décapitalisation qui ne semble pas vouloir ralentir. Dans le même temps, les installations ne compensent pas les départs, et les exploitations existantes s'agrandissent en surface sans pour autant augmenter leur cheptel, ou à la marge, au profit de l'alimentation animale (autonomie protéique) et des grandes cultures. Certaines exploitations abandonnent même totalement l'élevage, au risque d'une rupture de la complémentarité entre cultures et élevage qui fait l'équilibre de l'agriculture départementale.
Pour dézoomer à l'échelle du Massif central, c'est Nicolas Mallenbach et Pascal Lerousseau, du Copamac Sidam, qui ont pris le relais, en présentant les conclusions d'un groupe de travail qui s'est réuni l'an dernier autour de la question « au regard des enjeux actuels (alimentaires, sociaux, territoriaux, économiques, écologiques), quels seront les élevages durables de demain ? ».
Les constats faits en Creuse sont globalement les mêmes au niveau du massif, avec une projection à 2040 qui donne une baisse de 43 % de vaches allaitantes, 33 % de vaches laitières, 28 % de brebis allaitantes et 12 % des brebis laitières (par rapport à 2022). Ce groupe de travail a synthétisé ses conclusions sous forme d'une feuille de route en 5 grandes catégories réunissant 13 critères qui feront la définition d'un élevage durable. Les intervenants ont choisi de détailler quelques-unes de ces pistes. En matière de revenu par exemple, l'objectif est d'atteindre un revenu équivalent à 2 SMIC par actif. Pour cela, c'est d'abord l'activité agricole qui doit être payée à sa juste valeur, par une application de la Loi Egalim, avec une mise en avant de la valeur ajoutée (qualité, services rendus…), mais il ne faudra pas non plus se fermer à des revenus complémentaires, comme la production d'énergies renouvelables, la revente de crédit carbone.
Enfin Dominique Fayel, du Copa Cogeca (équivalent de la FNSEA à l'échelle européenne), a apporté son éclairage avec un retour sur le contexte au sein duquel l'Union Européenne doit prendre ses décisions politiques, et particulièrement en matière de politique agricole : importance du Brésil dans l'agriculture mondiale, puissance montante de la Chine avec une rivalité face aux États-Unis, guerres en Ukraine et en Israël, modifications climatiques, remise en cause de la consommation de viande, et bien sûr, l'inflation : « On nous a dit "Faites mieux, le consommateur consentira à payer plus". La démonstration est faite que c'est le contraire qui se passe : depuis la vague inflationniste, les gens achètent du premier prix. » La situation devient difficile pour ceux qui ont choisi la voie des labels (bio, AOC, IG…).
Pour mieux comprendre les décisions qui font la situation actuelle, M. Fayel est revenu sur l'historique des dernières décennies de l'agriculture en Europe. 
 

Pression maintenue
 

En clôture de ce congrès riche en enseignement, est arrivé le temps des discours.
Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse « aimerait positiver mais il reste beaucoup de choses à faire ». Il a notamment remercié les adhérents et les adhérentes qui font passer les messages dans les campagnes et remonter tous les points de vue qui permettent d'avancer sur les propositions à faire. « Sur les 120 mesures proposées au niveau national, toutes n'ont pas encore été retenues et discutées (...). On est un syndicat force de proposition qui se projette dans le temps, il y a des choses qui se gèrent sur le long terme ». Il a tenu à retenir le positif, remerciant particulièrement la DDT pour le travail accompli, « même si ce n'est pas toujours satisfaisant parce qu'il reste toujours des dossiers en souffrance. Certains agriculteurs restaient sur le bord de la route à cause d'injustices et leurs dossiers aboutissent peu à peu ». Il a enfin rappelé que le mouvement "On marche sur la tête" n'était qu'en pause et que le syndicalisme resterait vigilant, avec beaucoup d'agriculteurs prêts à retourner dans la rue si les réponses n'arrivaient pas assez rapidement de façon concrète, promettant à la préfecture clé à molette, marteau et tournevis afin de débloquer l'ascenseur, qui passe son temps à remonter sans jamais redescendre.

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