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La FDSEA de la Creuse fait le point sur une année 2024 bien remplie

Le 79e congrès de la FDSEA de la Creuse a eu lieu le vendredi 25 avril à la Salle des fêtes de Lavaveix-les-Mines, en présence du secrétaire général adjoint de la FNSEA Thierry Coué et devant de nombreux adhérents et les principaux acteurs de la vie agricole et rurale du département. Après les formalités administratives d'usage, Christian Arvis, président de la FDSEA, et Séverine Bry, secrétaire générale, ont abordé les dossiers passés et en cours.

© JG

L'année syndicale 2024 a été particulièrement intense, marquée par une forte activité et des appels fréquents à la mobilisation dès le début de l'année, à commencer par la grande manifestation du 24 janvier, qui a rassemblé plus de 300 tracteurs et 1 000 agriculteurs sur la place Bonnyaud à Guéret et a été suivie d'un blocage de 10 jours de la RN 145. À la fin de l'année, ce sont les feux de la colère qui se sont allumés devant la préfecture. Entre les deux, malgré un contexte parfois difficile, la FDSEA s'est battue pour l'agriculture départementale en slalomant entre imprévus climatiques et crise sanitaire. Le « spectacle déplorable » des changements de gouvernement a aussi eu de fortes répercussions sur l'agriculture, avec de gros retards dans les décisions et leurs applications. Malgré cela, certains dossiers ont bien avancé, la détaxation du GNR en pied de facture fonctionne bien, la LOA a fini par être votée (même si elle a ensuite été partiellement retoquée), etc.

Les responsables des différentes sections ont ensuite fait le bilan de leur année. Pour la Section laitière, Sébastien Brousse a indiqué que l'année 2024 a vu une reprise modérée de la production et une stabilisation des prix, mais la section est confrontée à la baisse du bio, aux relations industrielles compliquées et la chute alarmante du nombre de producteurs en Creuse. Emmanuel Nicolas, de la Section des Fermiers et Métayers, a évoqué le travail en cours au niveau national pour faciliter la mise en location des terres pour l'installation, proposant des relations de confiance, des baux adaptés, un accompagnement structuré, ou encore un allègement fiscal pour les bailleurs et de nouveaux outils fonciers. Pour la Section Grandes Cultures, Didier Dhume a évoqué « une année de triple peine », avec des récoltes de céréales d'hiver et de printemps catastrophiques, des semis de maïs dans de mauvaises conditions. Dans un contexte de cours aux plus bas en raison des bonnes récoltes ailleurs dans le monde, les revenus ne sont donc pas au beau fixe. Enfin, l'explosion des charges en engrais et mécanisation a fini d'enfoncer économiquement le secteur, pendant que les injonctions sociétales provoquent de plus en plus de conflits de voisinage.

Au contraire, pour la Section bovine, Christian Arvis a souligné la hausse des cours dans un marché porté par l'export : « J'ai été emmerdant à beaucoup parler de coûts de production à la mise en place d'Egalim, mais nous avons enfin atteint l'objectif, car les cours ont rejoint le niveau du coût de production, et l'ont même dépassé, on peut vraiment parler de victoire ». Il s'est aussi satisfait de la fin de la vaccination des broutards d'exportation, qui bénéficiera au cheptel de souche, rappelant que malgré la situation sanitaire compliquée, le commerce avec l'Espagne et l'Italie n'a jamais été suspendu.

Du côté des sections sociales, la Section des Anciens Exploitants est toujours combative sur le dossier des retraites, toujours insuffisantes pour les non-salariés. L'isolement des plus âgés est un sujet qui préoccupe fortement Serge Moreau, qui s'inquiète de l'informatisation de la société à marche forcée, qui laisse les moins connectés sur le carreau. Il a également appelé les jeunes retraités à rejoindre la section. Pour sa présidente Séverine Bry, la Commission des Agricultrices a déployé une énergie constante pour développer le réseau et défendre le métier. Les agricultrices visent toujours plus de reconnaissance de leurs compétences, et travaillent à l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Pour cela elles demandent par exemple l'augmentation du crédit d'impôt pour les frais de garde et de ménage.

Les élections MSA en ligne de mire

Patrick Bourrat, président de la MSA du Limousin, a été invité à prendre la parole. Il a insisté avec force sur l'importance cruciale de voter massivement aux élections de la MSA, qui se dérouleront du 5 au 16 mai par correspondance et en ligne. Un taux de participation élevé est indispensable pour que la MSA puisse négocier ses moyens de fonctionnement avec l'État et ainsi maintenir ses services de proximité, notamment dans un département très rural comme l'est la Creuse. Il a rappelé que la MSA est bien plus qu'une caisse de retraite. C'est un système de protection sociale solidaire qui couvre la retraite, mais aussi la maladie et diverses aides sociales, souvent méconnues. Ce régime unique fonctionne sur le principe « cotiser selon ses moyens et de recevoir selon ses besoins ». Le président Bourrat a reconnu des difficultés en ce moment, liées notamment au renouvellement du personnel suite à de nombreux départs à la retraite dans les années à venir, ainsi qu'à la baisse des dotations financières de l'État (-25 % sur 5 ans). Il a vivement défendu la spécificité de la MSA, fondée sur la démocratie sociale (élections), face aux tentatives passées et potentielles de la fondre dans le régime général, soulignant son efficacité de gestion (coût de gestion le plus bas). Face aux critiques de certains syndicats appelant à ne pas voter, Patrick Bourrat a rappelé que la MSA met en place des étalements de cotisations et des aides qui bénéficient même à ceux qui la critiquent. « Voter, c'est défendre ce régime unique et solidaire qui assure une protection sociale essentielle et de proximité pour le monde agricole ».

Combien coûte la méca ?

La question des coûts de mécanisation était le sujet choisi cette année. Natacha Lagoutte, de la Chambre d'agriculture de la Creuse, a présenté les résultats d'une étude menée sur 44 fermes de référence du réseau Inosys dans le territoire limousin (Vienne, Charente, Dordogne, Creuse et Corrèze), dont certaines suivies depuis plus de 30 ans. Cette étude montre que les charges de structure représentent 63 % des charges totales d'exploitation, et que la mécanisation seule constitue 48 % de ces charges de structure, soit près de la moitié. Les principaux postes de coûts en mécanisation sont les amortissements du matériel, sa maintenance et le carburant. Les travaux par tiers (ETA, Cuma), le crédit-bail et le petit matériel ferment la marche. Il existe une grande disparité des coûts de mécanisation par hectare entre les exploitations. En effet, toutes les exploitations sont différentes et de nombreux facteurs influencent ces coûts, notamment la distance parcourue, la méthode de distribution des fourrages et concentrés, ainsi que la puissance des tracteurs, la tendance étant à l'augmentation de la puissance des machines neuves. Les coûts d'entretien varient fortement et dépendent aussi de la capacité de l'exploitant à effectuer des réparations de base. Il a été remarqué qu'un matériel neuf ne coûte pas forcément moins cher en entretien, car les dernières technologies ne sont plus forcément accessibles directement par l'exploitant, qui doit faire intervenir, et donc payer, un technicien spécialisé. L'évolution sur les fermes suivies entre 2015 et 2023 montre une augmentation de la SAU et de la production, mais aussi une hausse des charges de mécanisation.

Pour aider les agriculteurs à évaluer et optimiser ces coûts, Marion Enard, de la FRCuma de Nouvelle-Aquitaine, a présenté Mecagest, un outil d'évaluation des charges de mécanisation développé par le réseau Cuma et accessible en ligne. Cet outil permet de saisir son parc matériel et d'obtenir un diagnostic. Il propose une version gratuite limitée, et une version pro permettant de saisir l'ensemble du matériel, d'enregistrer les données, et surtout de simuler différentes stratégies (achat, Cuma, ETA) pour comparer leurs coûts et identifier des marges de progrès. Cet outil, encore en développement, vise à rendre l'évaluation des charges accessible à tous.

Toujours beaucoup de travail

Les discours de clôture ont réaffirmé l'intensité de l'année écoulée. Florian Derboule, président de JA23, a souligné l'importance de la mobilisation de janvier 2024 et les conséquences qu'elle a eues, notamment sur la LOA.

Thierry Coué, secrétaire général adjoint de la FNSEA, a salué la mobilisation creusoise et apporté son analyse des résultats obtenus. Il a rappelé qu'il faut se battre tous les jours pour ne pas perdre de terrain et que ce n'est pas toujours facile de se faire entendre. Il se satisfait notamment des effets des mobilisations, particulièrement à Bruxelles, où le vent semble avoir tourné, avec un Green Deal qui bat de l'aile. L'incertitude et la vigilance demeurent en raison de l'instabilité mondiale provoquée par les revirements successifs du président américain. Il a pu noter que le bon point de cette situation est un regroupement des pays européens, qui se serrent les coudes.

Pascal Lerousseau, président de la Chambre d'agriculture, a remercié les participants pour la reconduction de sa liste à la chambre consulaire et rappelé l'enjeu crucial de la transmission installation.

Présent pour représenter le Conseil départemental, Bertrand Labar a insisté sur la volonté de département de soutenir l'agriculture. Il a rapidement évoqué le dossier du laboratoire d'analyses, dont il souhaite reprendre les rênes dès début 2026.

Christian Arvis a souligné la difficulté du travail syndical : « On dépense une énergie folle rien que pour conserver les acquis ». Il a remercié les services de l'État avec lesquels il est possible de travailler sereinement en Creuse, mais a tout de même souligné l'injustice creuso-creusoise de la non-récupération de la TVA sur les 4x4, alors que cela est pratiqué partout ailleurs en France, imputant cette situation à un fonctionnaire peut-être un peu trop zélé.

Enfin, Anne Frackowiak-Jabobs, préfète de la Creuse, a remercié le syndicat pour la bonne tenue des élections Chambre au début de l'année 2025, soulignant le respect des institutions et des adversaires dont la FDSEA et les JA ont su faire preuve. Elle a rappelé que la conciliation entre la souveraineté alimentaire et les enjeux environnementaux sont un travail d'équilibriste de tous les jours, mais qu'en Creuse il ne fait aucun doute que les pratiques de bon sens mises en œuvre par les agriculteurs apportent plus de solutions que de problèmes : « Vos prairies sont un puits de carbone important ».

Pour bien finir la journée, les débats ont pu continuer autour d'un verre de l'amitié et quelques produits locaux.

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