Festival du conte : “Nos cousins d’Amérique” débarquent aux Rapatonadas
Doyen des festivals français consacrés à cette tradition universelle et intemporelle, les Rapatonadas et l'IEO du Cantal proposent du 7 au 15 novembre 2025 une trentaine de spectacles dans le Cantal.
Doyen des festivals français consacrés à cette tradition universelle et intemporelle, les Rapatonadas et l'IEO du Cantal proposent du 7 au 15 novembre 2025 une trentaine de spectacles dans le Cantal.
Un peu plus de 4 800 kilomètres séparent à vol d’oiseau le Cantal des îles de la Madeleine, cet archipel québécois proche de Saint-Pierre-et-Miquelon. Qu’y a-t-il encore de commun entre la culture acadienne de nos “cousins d’Amérique” - un peuple menacé d’extinction au XVIIe siècle -, et la nôtre, cantalienne, héritière des Arvernes, outre la langue francophone et peut-être quelques aïeux d’un lointain arbre généalogique ?... Les contes ! Ces récits universels et intemporels auxquels l’Institut d’études occitanes du Cantal dédie depuis 45 ans un
festival, le plus ancien de France et de Navarre. C’est donc la culture canadienne qui sera l’invitée des Rapatonadas du 7 au 15 novembre, en s’insinuant entre monts et vallées du département.
Le conte aujourd’hui c’est du spectacle vivant, un récit de vie parfois à la façon d’un one man show” Christine Rouchet-Tible.
Avec un préambule que Christine Rouchet-Tible, pilier du festival, tient à affirmer : si les contes se disaient jadis à la veillée, dans les villages cantaliens, en pelant les châtaignes, pas question de les enfermer dans ce cantou d’Épinal. “Nous avons cherché à réactualiser tout ça, le conte aujourd’hui c’est du spectacle vivant, un récit de vie parfois à la façon d’un one man show”, même si l’essence en reste la même : “Le conte, c’est raconter la vie d’une autre manière, partager des histoires avec les autres, c’est la réalité d’un groupe avec des influences diverses, des croisements, c’est faire un peu fraternité” et dans un contexte plombé par l’actualité du monde et l’automne pluvieux, Las Rapatonadas se veut aussi et avant tout un moment de calme, d’apaisement à la rencontre de l’autre et de soi.
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Identité acadienne
À l’affiche donc de cette 45e édition, portée depuis toujours par des bénévoles avec l’appui des salariés de l’IEO, une dizaine de conteurs, des professionnels mais aussi des artistes de la compagnie Contal’Ostal. Honneur à Cédric Landry, des îles de la Madeleine donc, repéré par l’IEO au festival de Vassivière : doué d’une imagination fertile mais aussi identitaire, il contera, non sans humour, sa vision de la fin du monde dans “La light du Borgot”, et conviera à un voyage rythmé à la recherche de ses ancêtres “Sur la piste à Avila”.
Sa compatriote Stéphanie Bénéteau, elle aussi figure internationale de la tradition du conte, soulèvera le voile vers “l’autre monde” avec ses “Contes du mois des morts” à grand renfort de fantômes, sorcières et loups-garous, avant d’enchaîner auprès du jeune public avec un “Même pas peur” et d’offrir un tour d’horizon des grandes légendes de la tradition orale avec son spectacle “De Grimm à Rose Latulipe”, voyageant ainsi des contes des Mille et une nuits aux légendes urbaines. Tous deux auront carte blanche - et la langue bien pendue ! - le 12 novembre en se partageant la scène du théâtre d’Aurillac, comme en écho au festival du conte de Montréal que Stéphanie Bénéteau organise.
Des contes "Tot en oc"
Fidèle à sa vocation première, celle de promouvoir et défendre la langue et la culture occitanes, l’IEO a convié Édith Bouygues et Jean-Louis Quériaud pour des contes et un spectacle “Tot en oc !” le dimanche 9 novembre à 18 h 30 au centre social du Cap blanc à Aurillac. Originaire de Villefranche-de-Rouergue, Édith Bouygues interviendra également auprès des plus petits avec “La fille et la chèvre”, spectacle tressant français et vocables occitans, ainsi qu’auprès d’un public plus large avec “L’enfant polit et autres contes”. Originaire du “Croissant” des marges occitanes en Charente limousine et auteur d’une thèse sur le parler occitan charentais, à 81 ans, Jean-Louis Quériaud n’a rien perdu de sa verve qu’il distillera dans “Conte et rencontre” le dimanche 9 novembre (10 heures à l’Ostal del telh).
“Tues mais têtues”
Des bordures du Massif central au pays Ch’ti, il n’y a presqu’un pas qu’a allègrement franchi Rapaton, en attirant Cécile Pérus. Inspirée par le mouvement féministe actuel, elle contera le récit de “celles qui ont osé, malgré les interdits, cueillir le fruit de la connaissance et du savoir-faire par elles-mêmes” dans “Tues mais têtues”, un spectacle pour que l’histoire des “ces femmes têtues ne soit pas tue” (à partir de 12 ans). Elle sera également en tournée (Auberge des Milans le 11 novembre, Sériers le 15 novembre et le 14 novembre au Rex à Saint-Flour (pour les scolaires)) avec son “moulin à histoires” dans un fabuleux monde “images-in-air” et “chat-l’heureux”.
Du pays Ch’ti, Pascale Rambeau et la musicienne Sophie Sabourin conduiront au pays des rêves, celui de Big Mama, où ça ne tourne toujours pas rond (spectacle “À l’origine”), ou encore au pays des rêves amoureux qui donnent des ailes avec “Des rêves et du vent”.
Rêve ou plutôt féerie enfin avec “L’audace du Papillon”, un récit lumineux peuplé de nombreux personnages où le rire côtoie la profondeur et le corps danse avec les mots. “Faut-il attendre de se brûler les ailes pour oser l’essentiel ?”, interroge Sabrina Chezeau (qui a joué plusieurs fois à Avignon), qui raconte l’histoire de Denise, 55 ans, confrontée à un cancer. “Un sujet a priori grave qu’elle rend léger et traité avec énergie”, souligne Christine Rouchet-Tible.