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Enseignement
Fermetures d’écoles et postes supprimés : pourquoi la situation est jugée "inéquitable et alarmante"?

Le Cantal perd onze postes d’enseignants, deux écoles ferment... De quoi fragiliser  le tissu scolaire rural déjà vulnérable, malgré un taux d’encadrement théoriquement avantageux. 

Une entrée d'école fermée par de la rubalise et des cartables restés devant, sans enfant.
Les écoles du Cantal sont nombreuses à réagir à la carte scolaire, telle qu’elle se profile. 
© Renaud Saint-André

À  l’heure de constituer la carte scolaire, le Rectorat a confirmé en fin de semaine dernière que le Cantal perdra bien onze postes. Ce qui devrait se traduire par davantage de classes fermées, comme l’a expliqué le syndicat FSU du Cantal

Certes, ces propositions restent provisoires et pourraient évoluer, à la marge d’ici le Conseil départemental de  l’Éducation nationale, prévu les 14 et 21 février pour entériner ces décisions. Pourquoi une telle coupe ? Si le gouvernement continue d’annoncer “zéro suppression”, dans les faits, 470 postes du premier degré disparaissent au profit du secondaire. Chaque académie contribue à cette réallocation : celle de Clermont, qui couvre les quatre départements de l’ex-Auvergne, “rend” 31 postes.  

Le Cantal moins bien loti 

Le Comité social d’administration du Rectorat (CSA) a réparti cette baisse : -1 dans le Puy-de-Dôme, -9 dans l’Allier, -10 en Haute-Loire et -11 dans le Cantal, qui est le plus touché, malgré une baisse d’effectifs limitée (-145 élèves, contre -758 dans le Puy-de-Dôme, par exemple). L’administration justifie cette décision par un taux d’encadrement plus favorable dans le Cantal : 8 enseignants pour 100 élèves, contre 6 à 6,5 chez ses voisins auvergnats. 

En Lozère, un département comparable au Cantal, le taux d'encadrement est encore plus favorable, mais ils ne perdent que trois postes” Stéphanie Lavergne, responsable des personnels à la FSU 15. 

D’autant plus que cette réduction entraîne davantage de fermetures : certains postes sont supprimés dans des écoles en perte d’effectifs pour renforcer celles qui en accueillent davantage. “Des ouvertures parfois justifiées, parfois discutables”, estime Julien Bardet, autre responsable de la FSU. Par ailleurs, des postes devant élèves disparaissent au profit de postes administratifs. Une évolution encore plus contestée, notamment avec la création d’un poste d’inspecteur de l’Éducation nationale (IEN) équivalant à 1,5 poste d’enseignant. “Moins d’élèves, moins de profs, mais plus de chefs !”, déplore Stéphanie Lavergne. 

Récurrent 

Les écoles plus petites voient aussi leurs décharges de direction réduites, rendant la gestion plus complexe. Quant aux ouvertures de classes, elles sont souvent “à titre provisoire” et remises en cause chaque année, compliquant la mobilité des enseignants, selon Émeric Burnouf, secrétaire départemental de la FSU. 

À l’inverse, certaines écoles n’auront pas de moyens supplémentaires, alors qu’elles en auraient besoin ; le syndicat cite Naucelles, les Frères-Delmas (Aurillac), Vialatte (Saint-Flour) ou Massiac, qui nécessiterait un poste plein plutôt qu’un demi.   Phénomène nouveau, des écoles se trouvent victimes de fermetures, plusieurs années consécutives, comme Mauriac, Ydes, Saint-Paul ou Thioléron (Saint-Flour), la situation la plus critique étant à Saint-Mamet, où trois postes ont été supprimés en trois ans, malgré une école neuve. 

“Les équipes sont décimées”, se désole Stéphanie Lavergne. Boisset et Menet/Valette passent à deux classes avec une moyenne de 22 élèves, ce qui est supérieur à la moyenne départementale. Paradoxalement, ce sont souvent les classes les plus chargées qui cumulent le plus de niveaux. Pour la première fois, quatre écoles se retrouvent en classe unique : Omps, Marcenat, Faverolles et Vendes. Deux écoles ferment : Rouffiac, malgré l’opposition de la mairie(1), et Saint-Martin-sous-Vigouroux, avec l’aval des élus.  

Des classes Ulis, dédiées aux élèves à besoins particuliers, sont aussi touchées. “Entre Mauriac et Saint-Flour, c’est la diagonale du vide”, note Julien Bardet. “Quelle journée sur la route attend ceux qui ont besoin de ces structures ? À Murat et Massiac, on ferme sans penser à l’inclusion.”   

Depuis longtemps, élus et syndicats alertent sur le fait que le Cantal a atteint un seuil minimal en matière de moyens scolaires. Julien Bardet s’interroge : “On retire des postes au nom du taux d’encadrement, mais applique-t-on la même logique pour le facteur dont le Kangoo est moins chargé de paquets que dans une métropole, ou pour un car à Neuvéglise qui ne serait pas plein, ou pour amener la fibre à Montgreleix même s’il y a peu d’abonnés ?”        

(1) Contrairement à une idée reçue, l’Éducation nationale peut retirer tous les moyens enseignants à une école. Le président Macron avait laissé entendre que rien ne se ferait sans l’avis du maire. Une parole donnée, mais rien n’a jamais été écrit...

 

Voici les prévisions précises de la carte scolaire du Cantal, par circonscriptions.   
Aurillac trois vallées Le secteur enregistre plusieurs fermetures de postes : Alouettes  (-0,5), Belbex ou une autre école d’Aurillac (-1), Crandelles (-1), Jussac (-1), Raulhac (-0,5, réseau numérique), Vic-sur-Cère (-1) et Thiézac (-1). Seule une ouverture est prévue à Saint-Jacques-des-Blats (+1).   Cantal sud (Châtaigneraie)   Plusieurs suppressions de postes sont actées : Boisset (-0,5), Rouffiac (-1, fermeture de l’école), La Roquebrou (-1, coordination réseau), Saint-Paul-des-Landes  (-1), Saint-Mamet (-1) et Omps  (-1, qui devient une classe unique). Une seule ouverture compense ces pertes, au Rouget-Pers (+1).   Mauriac   Les fermetures concernent Marcenat (-1), Mauriac (-1), Vendes Bassignac (-1, qui passe en classe unique), le RPI Menet-Valette (-1) et Ydes (-1). Aucune ouverture n’est prévue pour ce secteur.   Saint-Flour   Les suppressions touchent Murat (-1), Saint-Martin-sous-Vigouroux  (-2, fermeture de l’école), Neussargues (-0,5), Val d’Arcomie Faverolles (-1) et Saint-Flour Thioléron (-1), toutefois des ajustements y sont réalisés avec +0,5 poste pour l’école inclusive IME et +0,5 pour l’IME. Deux ouvertures sont prévues : à Vabres (+1) et Pierrefort (+1).   Remplacement   Le département bénéficiera de postes supplémentaires (+2) pour les brigades de remplacement.

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