Ferme Martres, 40 ans à cultiver la lentille en Haute-Auvergne
Dans les tout premiers à relancer la culture de la lentille sur la Planèze, la famille Martres vient de fêter les 40 ans de cette aventure sur son exploitation d’Alleuzet des Ternes.
Dans les tout premiers à relancer la culture de la lentille sur la Planèze, la famille Martres vient de fêter les 40 ans de cette aventure sur son exploitation d’Alleuzet des Ternes.

Samedi 6 septembre, il était question d’une véritable fête pour l’anniversaire de la Ferme Martres à Alleuzet des Ternes. Toute la journée aux côtés des membres de la famille Martres, environ 500 convives ont célébré 40 ans de culture de la lentille sur cette exploitation au cœur de la Planèze de Saint-Flour. Il y avait les amis, les clients, les fournisseurs. Il y avait ceux qui comptent depuis quatre décennies pour partager un moment de convivialité autour d’une bonne table agrémentée d’un cochon à la broche, de lentilles et de pois maison comme il se doit, animé par un orchestre, l’association des Tracteurs du Lander et de structures gonflables pour les enfants. L’après-midi s’est passé autour de la batteuse à vapeur comme il y a encore pas si longtemps. Bernard, Liliane et leur fils Jérôme ont débuté ainsi pour trier la petite légumineuse à chaque saison. Jean Vergnes était présent au milieu de ce petit monde. L’ancien conseiller agricole est un peu au départ de cette aventure.
Quand les quotas laitiers invitaient à se réinventer
toujours est-il qu’au bout de deux ans, mes parents étaient les seuls à semer".
Nous sommes en 1985, le technicien de la Chambre d’agriculture, basé à Saint-Flour, expose lors d’une réunion du GVA la situation des exploitations cantaliennes après l’instauration des quotas laitiers. Entre autres pistes, il préconise de revenir vers la
diversification des productions. Il n’y a pas besoin de chercher trop loin pour cela, en regardant ce qui se faisait il y a encore quelques décennies dans le secteur. “Il a notamment proposé la culture de la lentille, rappelle Jérôme Martres, aujourd’hui seul à la tête de l’exploitation. Mon père et cinq autres agriculteurs ont alors tenté l’expérience. Peut-être étaient-ils partis sur de faibles surfaces pour une culture qu’il fallait redécouvrir de A à Z, toujours est-il qu’au bout de deux ans, mes parents étaient les seuls à semer. Il fallait tout faire à la main avec une faucheuse derrière un vieux tracteur et une journée de batteuse comme dans le temps.” La recherche de plus-value rémunératrice et le goût d’entreprendre guident la famille Martres au fil des années. Il s’agit d’optimiser le potentiel des 100 hectares de SAU (surface agricole utile). Le troupeau laitier est complété d’une fromagerie pour la fabrication de bleu et de tomme il y a un peu plus d’une dizaine d’années. “Je vais l’arrêter en décembre pour me dégager du temps et parce que beaucoup de monde s’est lancé sur le marché du fromage à la ferme”, explique Jérôme Martres.
Remise en question permanente
Aujourd’hui, la diversification se partage entre l’engraissement de génisses et d’une centaine de porcs à 120-130 kg/carcasse dont Bernard Martres s’occupe encore. Les porcs sont commercialisés auprès de boucheries dans le sud de la France et de la boucherie des Lacs à Saint-Flour. Et, il y a toujours la culture de la lentille et de pois : la verte (15 tonnes), la blonde (5 tonnes), la béluga, une variété dont la couleur laisse à penser à du caviar (1 tonne) et le pois (1,5 tonne). “Au début des années 2000, j’ai eu un doute sur l’orientation que nous devions prendre par rapport au temps de travail pour les différentes activités mais la tendance à la consommation croissante de protéines végétales m’a convaincu de poursuivre avec la lentille”, se remémore Jérôme Martres.
Davantage que ce que donne l’exploitation
ne pas attendre 50 ans pour faire une fête".
Limitée par la réglementation sur les surfaces cultivables, en plus de ses 12 ha, la Ferme Martres achète à une quinzaine de producteurs bénéficiant d’un suivi technique jusqu’à la récolte et d’un prix d’achat de 2 000 € la tonne. Le tri, l’ensachage et la commercialisation sont assurés directement par la Ferme Martres via sa société commerciale qui complète celle agricole afin de couvrir l’ensemble de la chaîne depuis les terres de la Planèze jusqu’aux rayons des grandes surfaces, des épiceries fines ou la table de quelques restaurants auvergnats. Il est investi régulièrement dans les équipements comme prochainement dans une machine à coudre pour des sachets soignés et en profiter pour rationaliser le temps de travail.
“Mon père a eu dernièrement des problèmes de santé ce qui nous a décidé à ne pas attendre 50 ans pour faire une fête, confie l’agriculteur de la Planèze. On a eu raison d’organiser cette journée de samedi, surpris par le monde qui est venu nous témoigner son soutien.”
Trier pour soi et pour les autres
près avoir fait effectué le tri de ses lentilles vertes en Haute-Loire à Brive-Charensac, la Ferme
Martres s’est, elle-même, équipée d’un trieur d’occasion entièrement reconditionné il y a cinq ans. Elle peut ainsi traiter ses différentes variétés sur place, la blonde et la béluga en plus de la verte. La capacité permet aussi de traiter les céréales produites sur l’exploitation. Agréé agriculture biologique et offrant une certaine souplesse pour de petits volumes, Jérôme Martres compte aussi de nombreux clients auvergnats à qui il propose un service à façon pour du lin, du blé, de la céréale à paille, etc. Cela équivaut à 150 tonnes par an sur la période de juillet à mars-avril. De quoi faire fonctionner la machine toute l’année “et apporter une solution locale et de qualité à des petits producteurs”, complète Jérôme Martres.