« Créer l’agriculture de demain »
À travers le Forum Agriculture Innovation, la région Nouvelle-Aquitaine veut réfléchir au développement de futurs modèles agricoles.
Ce mercredi 21 novembre se tenait au Conseil Régional à Bordeaux le Forum Agriculture Innovation, un événement coorganisé par La Tribune Bordeaux et le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine. Personnalités du monde économique, politique, enseignants, dirigeants de start-ups et chefs d’exploitations ont exposé leurs idées sur les modèles de l’agriculture de demain.
Réduction des produits phytosanitaires, prise en compte du réchauffement climatique, développement d’une agriculture durable, qualité des produits font aujourd’hui partie des impondérables à respecter eu égard aux attentes de la société. Il faut revoir en profondeur la façon de produire, et cela ne peut se faire qu’en regroupant l’ensemble des sphères touchant de près ou de loin à l’agriculture.
Quelles idées ?
Pour Lydia Héraud, conseillère régionale déléguée à la viticulture et aux spiritueux, le défi à relever est double : « Le consommateur est exigeant, il veut une agriculture de qualité, respectueuse du développement durable, fournissant des produits bons pour la santé, le tout produit et transformé localement. Mais il y a un problème de confiance, le lien entre agriculteurs et consommateurs est perdu ».
Pourtant, à tous les niveaux, l’agriculture travaille pour faire évoluer ses anciennes pratiques. Bruno Parmentier, économiste, auteur et conférencier spécialiste de l’agriculture et de l’alimentation, les évoque : « Le modèle pratiqué et défendu dans les années 1970 était de produire, en oubliant de parler de deux éléments fondamentaux, le réchauffement climatique et les ressources limitées ».
Si l’agriculture, parmi ses nombreux rôles, façonne les paysages, donne de l’attractivité aux territoires, et apporte une activité économique, notamment en zone rurale, le cap à passer est de taille. « Il faut créer l’agriculture de demain, assumer la transition économique, agricole, et écologique », lance Lydia Héraud. Impossible sans l’appui de la recherche, capable de fournir de nouveaux outils.
Pour Michel Vermeil, président d’Agri-Synergie, start-up intervenant sur la fertilisation et le biocontrôle, « Ce qu’il faut, ce n’est pas une solution miracle, c’est un faisceau de solutions que chacun peut s’approprier ». Gilles Allaire, directeur de recherche à l’INRA Toulouse, pointe du doigt le rôle des politiques publiques pour « créer un environnement favorable au changement ».
Quelles solutions ?
Corinne Reulet, proviseure du lycée agricole de Saintes (17), a témoigné de l’engagement dans le réseau des Fermes Dephy. Corinne Mauro, viticultrice en Lot-et-Garonne, a converti son vignoble en agriculture biologique en étant accompagnée, quand Gaëlle Reynou-Gravier, viticultrice en Dordogne, est engagée dans le réseau Terra Vitis. Des démarches collectives où l’échange de pratiques est le cœur d’activité.
C’est par ce biais que l’agriculture pourra identifier ces nouveaux modèles de développement. Les démarches sont multiples. Lydia Héraud a par exemple défendu le projet VitiREV du Conseil Régional, fédérant l’ensemble de la filière. Partout, l’idée est la même. « Il faut retrouver le collectif, le but est d’échanger, tester, comparer », note Philippe Abram, de l’agence de communication K2Com, spécialisée sur l’agriculture.
Optimiser la couverture du sol pour capter au maximum les rayons du soleil, remplacer les herbicides par la culture de certaines plantes et les insecticides par des insectes assurant le même rôle font partie des exemples de progrès donnés par Bruno Parmentier. Laurent de Crasto, cofondateur d’ImmunRise, a quant à lui expliqué son travail sur la production de micro-algues dont les molécules tuent le champignon à son contact...
Le développement de cépages résistants, l’innovation technologique via le développement du numérique, sont aussi des solutions répondant aux défis du futur. L’important est d’agir. « On ne peut pas être exemplaire tout seul, c’est vrai. Mais il faut bien qu’il y ait un exemple quelque part pour voir que cela fonctionne », conclut Alain Rousset, président du Conseil Régional.