Viande
Comment conforter les labels salers et aubrac et enrayer la chute du veau sous la mère
Malgré quelques motifs de satisfaction, la section Sud-Massif central a aussi insisté sur l’urgence de soutenir le veau sous la mère, une filière en chute libre. Un programme opérationnel est tenté.
Malgré quelques motifs de satisfaction, la section Sud-Massif central a aussi insisté sur l’urgence de soutenir le veau sous la mère, une filière en chute libre. Un programme opérationnel est tenté.

Réunis en assemblée générale sous la présidence de Bruno Delouvrier, les adhérents d’Elvea Sud-Massif central ont dressé un bilan contrasté de l’année 2024. Si certaines filières bovines enregistrent de bons résultats, d’autres, comme celle des veaux sous la mère, inquiètent. Dans un département comme le Cantal, où l’agriculture et l’élevage sont des piliers de l’économie, ces signaux méritent une attention particulière.
Foires dans le Lot et le Cantal
Premier indicateur de tendance : les deux foires organisées par l’opérateur ont confirmé une conjoncture plutôt favorable pour certaines races à viande.
À Montet-et-Bouxal (Lot), la foire de mars a enregistré une hausse de 20 centimes par kilo carcasse. Sur 69 animaux vendus, le prix moyen s’est établi à 7,18 €/kg, avec une enchère exceptionnelle dépassant les 10 €.
À Saint-Flour, dans le Cantal, les aubrac et croisées aubrac — qui représentaient 75 % des 77 animaux présentés — ont vu leurs cours grimper également de 20 à 25 centimes, pour atteindre 7,58 €/kg en moyenne.
Moins de salers, mais meilleure qualité
Concernant la filière salers label rouge, Stéphane Four, technicien, note une baisse continue des apports depuis 2022. "On compte environ 70 animaux de moins chaque année", précise-t-il. Une évolution due à la diminution du nombre d’élevages engagés, mais qui s’accompagne d’une amélioration de la qualité : "Les vaches sont mieux finies, ce qui justifie la progression des prix."
Le groupe Bigard Castres, qui assure 90 % des abattages (en hausse de 18 %), est complété par 82 bêtes abattues à Aurillac, à la demande des boucheries Tardif et Laborie. Les prix se situent en moyenne à 2361 € par animal, soit 5,76 €/kg pour des carcasses de 410 kg.
Bœuf aubrac : des carcasses plus lourdes
Dans la filière bœuf fermier aubrac, 199 animaux issus de 52 élevages ont été abattus cette année, soit une baisse d’une vingtaine de têtes par rapport à 2023. Les carcasses sont plus lourdes (423kg en moyenne), issues d’animaux âgés de 6 à 10 ans, classés majoritairement R+.
Les éleveurs affiliés à Elvea bénéficient d’une meilleure valorisation, avec un prix moyen de 6,43€/kg, soit 2720 € par animal. « Les cours sont orientés à la hausse, dans la lignée du marché conventionnel », commente Marie Théron, technicienne.
Filière veaux sous la mère en péril

La plus grande inquiétude concerne la filière des veaux sous la mère, reconnue par deux labels rouges. En cinq ans, le nombre d’animaux livrés a été divisé par deux : seulement 1611 veaux issus de 59 élevages en 2024, contre plus de 3000 auparavant.
En cause, la concurrence économique des broutards, dont les cours plus rémunérateurs détournent les éleveurs. Le prix du veau, encore stable à 7,31€/kg, commence à montrer des signes de fléchissement.
Plan d’aides pour enrayer le déclin
Face à cette situation critique, un programme opérationnel (PO) a été mis en place. Il prévoit des aides incitatives attribuées en fonction du nombre de veaux produits, cofinancées à parts égales par l’Union européenne et les opérateurs :
- 2125 € de 5 à 18 veaux,
- 4413 € de 19 à 37 veaux,
- 8560 € de 38 à 171 veaux.
"Tous les opérateurs ne s’y engagent pas, mais nous avons décidé d’y aller pour sauver ce qu’il reste de la filière", affirme Bruno Delouvrier. Quinze éleveurs ont d’ores et déjà adhéré, représentant un engagement financier de 73000€ pour Elvea.
Services en appui à l'agriculture de demain
Sur le volet services, 29 dossiers bâtiments ont été déposés en 2024 par 19 éleveurs, incluant des projets de logement et de stockage. Pour les petits travaux subventionnés par la Région (abreuvement, contention…), 11 dossiers ont déjà été déposés, un chiffre appelé à croître fortement en 2025.
Elvea Sud-Massif central accompagne également les exploitations à travers :
- 82 déclarations de surface,
- 280 qualifications d’élevage,
- 74 éleveurs connectés à Oribase,
- 60 participants aux commandes groupées (vaccins, vermifuges…) via le plan sanitaire d’élevage (PSE).
413 éleveurs adhérents et 39 clients, dont 316 dans le Cantal. 85 acheteurs, dont 27 cotisants Sud-Massif central.