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Attaques de loup dans le Cantal : hécatombe en une semaine

A trois jours d'intervalle, les troupeaux ovins de Jérôme Planchot et Guillaume Roux ont été attaqués dans le secteur de Murat-Chavagnac : le bilan est lourd, près de 50 agneaux et brebis tués ou qu'il a fallu euthanasier.

Les brebis égorgées de Jérôme Planchot
© J. Planchot

En moins de 24 mois, Guillaume Roux vient de perdre plus de 40 % de son cheptel : 26 brebis qui n'ont pas résisté l'an dernier à la FCO (fièvre catarrhale ovine), 20 autres dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, qui ont péri sous les crocs fort probablement du loup. Eleveur à Chavagnac depuis 2008, c'est un voisin venu voir ses vaches sur les hauteurs entre Chastel-sur-Murat et Dienne, qui s'est étonné de trouver deux brebis mortes. «Ça peut arriver, sauf que sur place j'en ai trouvé une troisième, puis une autre... » raconte Guillaume Roux qui va recenser six brebis sans vie, égorgées. Et le décompte macabre va s'alourdir : 16 agneaux, en toute ou partie consommés(1), un autre blessé tout comme 13 brebis qu'il a fallu euthanasier après les constats réalisés par l'Office français de la biodiversité

20 brebis sur 80 sur le carreau

Des cadavres et animaux sévèrement touchés éparpillés dans une parcelle d'une quinzaine d'hectares, mais surtout autour de la bergerie, dont les portes étaient fermées. Les brebis ont-elles tenté de s'y réfugier ? « J'en ai même trouvé dans la cour du bâtiment situé à 600, 700 mètres de chez moi », précise l'agriculteur qui, malgré la nouvelle canicule annoncée, a décidé de rentrer tous les ovins restants. « Elles sont nourries au foin, comme en plein hiver », soupire-t-il, à la fois dégoutté et impuissant. D'autant que ses pertes liées à la FCO n'ont pas été indemnisées, l'éleveur ne s'étant alors pas déclaré foyer. « Perdre à nouveau 20 bêtes, ça fait réfléchir, je pensais pouvoir garder des agnelles cette année pour le renouvellement... Mais il va falloir que je trouve un boulot pour m'en sortir » lâche-t-il.

Elles ont toutes été attrapées à la gorge, avec des traces de crocs énormes, des trachées broyées... », Jérôme Planchot

Quelques jours plus tôt, dans la nuit du 21 au 22 juin, c'est un autre moutonnier, Jérôme Planchot, qui a fait les frais d'un ou de prédateurs : pourtant parquées de nuit dans un parc électrisé à quatre fils, il a retrouvé neuf de ses brebis mortes, toutes attaquées à la gorge, aucun n'a été consommée. Et cinq agneaux de 10-15 kilos manquaient à l'appel. «Les brebis se sont affolées, et un travers s'est effondré, elles sont sorties du parc et se sont éparpillées sur le plateau... » retrace l'éleveur qui avait déjà vécu des attaques il y a quatre-cinq ans avant une période de répit. 

Première meute de loups dans le Cantal... ?

Pour lui la responsabilité du loup ne fait aucun doute : « Elles ont toutes été attrapées à la gorge, avec des traces de crocs énormes, des trachées broyées... » Des indices que les constats et l'expertise des agents de l'OFB, dépêchés sur place, devraient confirmer selon lui. D'autant que la présence d'un couple de loups est aujourd'hui avérée (captée en début d'automne dernier par un piège vidéo sur le plateau du Jolan, Ségur-les-Villas) ; un couple qui aurait donné naissance à une portée. Scellant ainsi la constitution d'une première meute dans le Cantal et probablement la poursuite des attaques...

Aussi pas question pour Jérôme Planchot de prendre de risque : si les brebis restent pour l'instant dehors en journée, le lot d'agnelles de 6-8 mois actuellement en bergerie n'en sortira pas. « Je n'ai pas envie de me les faire bouffer ! »

(1) Sachant que les vautours – dont la présence a été constatée autour – ont pu aussi venir charogner les cadavres.

Lire aussi /Déclassement du loup

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