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Sangliers : le seuil de “tolérance” agricole largement dépassé dans le Cantal

Comme partout en France, les sangliers pullulent dans le Cantal, causant de nombreux dégâts sur les cultures et prairies. La FDSEA appelle les chasseurs à prendre le sujet à bras-le-corps.

Les dégâts de sangliers de plus en plus importants dans le maïs mais pas que.
© Adobestock

20 fois plus de sangliers abattus en. 50 ans

Au pays d’Astérix et Obélix, le “cochon” n’est plus seulement dans le maïs, même si cette culture reste un mets de choix pour le sanglier qui prolifère depuis plusieurs décennies dans tous les milieux, du bord de mer à la plaine, de la haute montagne aux centres-villes, comme en attestent les vidéos régulièrement postées sur les réseaux sociaux. S’il reste difficile d’évaluer la population de cette espèce de moins en moins sauvage, on estime entre un et deux millions d’individus sa population en se basant sur les tableaux de chasse réalisés. En 2022, ce sont près de 800000 sangliers qui ont été abattus, 20 fois plus que dans les années 1970, preuve de l’explosion de la population, dont les causes sont multifactorielles. 

“Déclarez, déclarez, déclarez”

Le Cantal n’échappe pas à cette prolifération massive qui impacte en première ligne les agriculteurs. Sur la campagne écoulée (2024/ 2025), 3 842 animaux ont été abattus, 5 % de plus que sur l’exercice de chasse précédent. “Il y en a partout”, atteste Delphine Freyssinier, secrétaire générale de la FDSEA du Cantal, qui ne compte plus les appels d’éleveurs excédés de voir leurs parcelles retournées par ces suidés. “Depuis deux, trois campagnes, on assiste à une forte augmentation de leur population et, en même temps, on ne sent pas une réelle volonté politique de la fédération des chasseurs pour les réguler. 

"Y a-t-il une vraie volonté de régulation ?"

Certaines Acca (associations communales de chasse agréées) jouent le jeu, d’autres sont bien plus réticentes...”, estime la responsable syndicale qui appellent les agriculteurs concernés à déclarer les dégâts causés qu’il s’agisse de semis de maïs (dont les épis au stade laiteux sont aussi ciblés), de céréales ou encore des prairies. En 2023/2024, selon les chiffres non définitifs de la FDC (Fédération départementale des chasseurs), 82900 € de dégâts de sangliers ont été indemnisés par les associations de chasse dans le département, un chiffre en baisse de 10 % par rapport à la campagne précédente mais loin de refléter la situation des dégâts sur le terrain. 
“Déclarer les dégâts, c’est le seul moyen qu’on ait pour prouver que la population est bien en plein essor”, insiste l’agricultrice de Trizac. Et ce, quand bien même les délais d’indemnisation ont pu être longs. Ces délais se sont raccourcis récemment, ce dont Delphine Freyssinier se félicite, en espérant que ce soit durable. 

Lire aussi : Régulation autorisée en Corrèze 

Dans les secteurs à forte pullulation, cette dernière incite en outre ses collègues agriculteurs à prendre eux-mêmes une part active à cette nécessaire régulation : en entrant dans les conseils des Acca locales (en tant que propriétaires) et en passant leur permis de chasse pour protéger leurs cultures, pâtures et fourrages comme la loi les y autorise. “Notre souhait n’est pas d’envoyer les gars chasser du 1er janvier au 31 décembre mais qu’ils puissent le faire quand ils en ont besoin sans avoir besoin de passer par des démarches administratives lourdes”, fait valoir la secrétaire générale. Une revendication entendue dans le département avec un allongement possible de la période de chasse.

Agrainage : “pas pour engraisser les sangliers !”

Dans le viseur également de la FDSEA : la pratique de l’agrainage, quand elle déroge à sa vocation, à savoir détourner les sangliers de la consommation des cultures agricoles, et non “engraisser des populations”, tacle Delphine Freyssinier. Avec plusieurs précisions : l’agrainage doit être au préalable déclaré et recevoir l’aval du responsable agricole de secteur, ce qui est loin d’être le cas partout, déplore-t-elle. Seuls une cinquantaine de territoires en ont déclaré sur la campagne en cours.

Lire : L'agrainage fait toujours débat

Cervidés : front commun agriculteurs/forestiers

Les sangliers ne sont pas les seuls à faire des productions agricoles leur garde-manger : les cervidés, dont les effectifs explosent eux aussi, s’en donnent à cœur joie. Selon une récente étude réalisée par le parc naturel région de l’Aubrac, ils sont responsables dans certains secteurs de la consommation de 30 % de la production fourragère annuelle, sans compter les dégradations causées aux clôtures. Là encore, la FDSEA invite les éleveurs à  déclarer ces dommages. 

Avant, on voyait un cerf, une biche, un jeune... isolé. Aujourd’hui, ce sont des troupeaux entiers qu’on voit passer”, relate Delphine Freyssinier. 

Ainsi, sur le territoire des Monts du Cantal, en trois ans seulement, les tableaux de chasse sont passés de 683 individus à 1 500 entre 2022/23 et 2025/26.
Avec une autre victime : les essences forestières. “Les forestiers se sont rapprochés de nous car on partage la même problématique, explique la responsable syndicale. On a demandé ensemble que sous l’égide du préfet, un groupe de travail soit réuni pour réguler les populations de cervidés mais on l’attend toujours. Pas question de revivre une saison comme celle qu’on a connue !” Parmi les solutions que pourrait acter ce groupe, celle que les territoires de chasse très concernés par les cervidés invitent des collègues d’Acca qui ont peu l’occasion de chasser ce gibier. 
En revanche, quelle que soit l’espèce problématique, la FDSEA déconseille aux agriculteurs propriétaires de retirer leurs terrains des Acca - en faisant de fait des chasses privées ou un territoire non chassé(1) : “Non seulement ça morcelle les territoires de chasse et dessert l’objectif de régulation, mais l’agriculteur propriétaire a dès lors l’obligation de réguler par lui-même les espèces”, prévient Delphine Freyssinier

(1) Si le propriétaire fait valoir son opposition de conscience à l’exercice de la chasse.

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