Cantal : carton rouge sur la gestion du loup
Lors de son assemblée générale, la FDSEA du Cantal n’a pas été tendre à l’endroit du préfet et de son administration, mis à l’index pour ne pas avoir permis une régulation efficace de la meute de loups qui a décimé plusieurs élevages. Pas le seul motif de crispation avec l'Etat.
Lors de son assemblée générale, la FDSEA du Cantal n’a pas été tendre à l’endroit du préfet et de son administration, mis à l’index pour ne pas avoir permis une régulation efficace de la meute de loups qui a décimé plusieurs élevages. Pas le seul motif de crispation avec l'Etat.
C’est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère à laquelle le préfet Loos ne s’attendait pas en participant à l’assemblée générale de la FDSEA un mois après qu’un ultimatum lui avait été posé au Sommet de l’élevage. “Le loup est toujours là, rien n’a été fait, nous avons tenu nos engagements, vous pas”, a taclé Delphine Freyssinier, secrétaire générale de la FDSEA, dans son rapport d’activité, justifiant pourquoi le préfet n’était pas en tribune et pourquoi il ne lui serait pas demandé de clôturer le congrès comme le veut la tradition républicaine. Non sans avoir rappelé le lourd tribut payé par trois élevages du secteur de Murat (103 brebis et un veau tués, 17 blessés) et pointé du doigt des consignes données selon elle par l’administration pour que le prédateur ne soit pas abattu.
Ce dont s’est défendu Philippe Loos : “Je considère que j’ai tenu mes engagements, que j’ai fait ce qui m’était permis de faire par la loi : j’ai pris des arrêtés de tir de défense, de défense renforcé, qui ont d’ailleurs été attaqués au tribunal administratif par des associations environnementales ; j’ai envoyé les louvetiers qui sont intervenus 62 nuits, qui ont vu un loup trois fois mais qui n’ont pu le tirer car les conditions pour le faire n’étaient pas réunies ; j’ai fait venir la brigade mobile loup de l’OFB (Office français de la biodiversité)...” Tout en reconnaissant : “Je partage votre constat, nous ne sommes pas à la hauteur en termes de résultats.”
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Pas de raison à la baisse des cotations
Pas à la hauteur, comme les cours à la réouverture des frontières de l’export pour les bovins français le 3 novembre. Estelle Salesse (Gaec de Niocel à Marmanhac) en a témoigné lors de la visite du président de la FNSEA à l’heure de la traite : les petits veaux laitiers qu’elle et son mari ont vendus ont perdu 150 € (pour les mâles)
à 200 € (pour les femelles) en une semaine. Un effondrement des cours totalement injustifié et inacceptable alors que l’offre n’est pas abondante, a dénoncé Jean-Paul Peyral, responsable de la section laitière de la FDSEA. “Des commerçants privés ont même collecté sans donner de prix !” Même colère chez son collègue Bruno Dufayet (section bovins viande) en constatant une baisse de 120 à 150 € sur les broutards au cadran de Mauriac quelques jours plus tôt. “On a fait un gros travail avec les lois Egalim pour que l’éleveur ne soit plus la variable d’ajustement, et au moment où les choses devenaient enfin favorables, on est impacté par cette décision absurde de la ministre, on espère qu’il va y avoir une réaction de l’État pour faire pression sur les opérateurs”, a-t-il déclaré. Et tous d’aspirer à une reprise rapide des cours compte tenu du déséquilibre désormais structurel entre offre et demande.
DNC : l’expérimentation, d’autres ont déjà donné...”, Eric Février, vétérinaire
De dermatose nodulaire contagieuse, DNC, il en a forcément été question, sous l’angle sanitaire cette fois, en sollicitant l’expertise du docteur vétérinaire Éric Février. Ce dernier a défendu la stratégie d’éradication décidée par la France en juin, qui a certes conduit au dépeuplement de 2 700 bovins dans les seuls lots où un animal a présenté des symptômes. Un chiffre mis en comparaison des 100 000 animaux morts que la maladie aurait causé naturellement, compte tenu de ses 10 % de mortalité (appliqué au million de bovins vaccinés dans les différentes zones réglementées). Pour lui donc, pas question de faire de la France un nouveau terrain expérimental de gestion “naturelle” de la maladie, que d’autres pays avant nous ont essuyé. “Comparer avec des pays d’Afrique du Nord comme certains le font n’est pas pertinent, ni en termes de races, de génétique, d’animaux, d’élevages...”, a-t-il appuyé. Se félicitant à l’inverse de la levée d’une deuxième zone réglementée, “la confirmation que cette stratégie abattage-vaccination-limitation de mouvements - certes dure - fonctionne”. Le président du syndicat cantalien des vétérinaires libéraux et administrateur national du SNVel a grandement insisté sur l’importance du respect des restrictions des mouvements d’animaux dans les zones concernées. C’est en effet leur non respect qui a fait “s’échapper” la maladie des Savoies, où elle avait été contenue “grâce au sacrifice des éleveurs”.
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Vaccination préventive : être conscient de l’impact
Arnaud Rousseau a lui aussi réaffirmé la position de la FNSEA en faveur de cette stratégie, une “position pas facile mais responsable”. Questionné sur une vaccination préventive, il a mis en garde sur une telle décision :
“Je veux que tous les éleveurs soient avertis des conséquences : à la seconde où on décide ça, c’est la fermeture totale des marchés a minima pour plusieurs mois. Si on n’a pas le choix, peut-être faudra-t-il qu’on le fasse, mais je vous laisse imaginer les conséquences sur les prix. Dans tous les cas, il faut des décisions éclairées, par la science et la réalité du terrain.” Et d’annoncer un prochain webinaire donnant la parole aux scientifiques (Anses), au ministère (DGAL) et à l’Idele (Institut de l’élevage).