Aller au contenu principal

« L’élevage de volailles plein air a besoin de mesures sanitaires adaptées »

Le Syndicat national des labels avicoles (Synalaf) estime que les spécificités des volailles de chair élevées sous signes de qualité (Siqo) doivent être prises en compte pour assouplir les mesures de mises à l’abri visant à se protéger des virus influenza aviaires, rapport Stéphane Letué, président de la commission technique.

Stéphane Letué anime la commission technique du Synalaf. Il dirige également la coopérative des Fermiers de Janzé (Ille et Vilaine) qui compte 170 éleveurs avec environ 400 poulaillers. En 2022-2023, la coopérative a fait sortir les volailles dès que la réglementation l’a permis. Les deux foyers déclarés en élevage dans sa zone de production ont été du canard, entourés d’élevages label non contaminés. © P. Le Douarin

L’élevage des volailles Siqo en plein air est-il un mode d’élevage aggravant les épizooties d’influenza aviaire ?

Stéphane Letué - « Les professionnels des volailles fermières label rouge et bio représentés par le Synalaf n’ont pas de certitude, mais de fortes convictions. Car le constat du terrain est clair : la volaille fermière élevée en plein air n’a pas créé de risque supplémentaire de diffusion des virus influenza ces 5 dernières années.

 
 
Après une enquête exhaustive concernant l’épisode 2021/2022, le Synalaf constate qu’il n’y a eu aucune introduction primaire de virus H5N1 dans un élevage ayant des volailles évoluant en plein air. Les volailles de plein air ont été plutôt victimes que coupables, et ne doivent pas être un bouc émissaire. On ne peut plus affirmer que le plein air est un risque majeur ou supplémentaire d’introduction. »

Pourtant, l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a peu revu sa position sur les conditions de mise à l’abri ?

« L’Anses campe sur sa position de 2017, selon laquelle plus les animaux sortent, plus le risque est grand, d’où la nécessité de mise à l’abri. Mais dans son avis du 16 décembre 2022 sur les conditions de mise à l’abri, l’agence souligne les limites de son expertise : foyers aux données épidémiologiques indisponibles (sortie sur parcours réduit non renseignés) et peu d’études scientifiques sur les liens entre avifaune et volailles.
 
 
Depuis janvier 2023, il y a eu beaucoup de mouettes rieuses infectées dans des zones ayant des volailles sur parcours réduit, mais zéro cas en élevage plein air. Il faut chercher ailleurs. Nous rencontrons régulièrement l’agence et espérons que nos bons résultats permettront de modérer sa position. »

Quelles spécificités de votre mode d’élevage pourraient expliquer le peu d’effet amplificateur, voire l’absence ?

« Nos élevages sous Siqo fonctionnent en espèce et en bande unique et restent isolés jusqu’à la fin du lot. N’y pénètrent que les éleveurs, tandis que les contacts avec l’extérieur restent limités aux livraisons d’aliment, la livraison de gaz et l’équarrissage ayant lieu avant ou après la bande.
De plus, le nombre de volailles sur un site est limité par le nombre de poulaillers (4 au maximum) de 400 m² maximum et par la densité (11/m²). De plus, Nous appliquons les mesures de biosécurité (sas, protocole de nettoyage-désinfection, vide sanitaire). »

Vous sentez vous lésés par les mesures actuelles de mises à l’abri ?

« Oui, au niveau des volailles, des éleveurs, et des consommateurs.
Nos volailles enfermées se retrouvent plus facilement en situation de stress, parce que ce sont des souches rustiques, génétiquement moins adaptées à la claustration en continu, et parce que nos bâtiments ne sont pas conçus pour cela.
La dégradation des conditions d’ambiance, la lumière naturelle et la ventilation statique peuvent poser problème avec des volailles naturellement actives, lorsqu’elles sont âgées et élevées en sexe mélangé. Cela se traduit par des problèmes de bien-être animal et plus de mortalité, plus de saisies et de déclassement à l’abattoir.
Les éleveurs sont frustrés et parfois démoralisés de ne pouvoir rien faire pour soulager les animaux, d’autant plus qu’ils trouvent la réglementation inadaptée. Enfin, la limitation de liberté est préjudiciable à l’image d’une filière dont le plein air est un des piliers. Mettre la pression sur le plein air paraît de moins en moins justifié. »

Quelles sont vos contre-propositions ?

"Nous sommes conscients que nos convictions ne sont pas encore partagées par tous et que nous devons avancer de manière progressive. Nos premières demandes ont été entendues par le ministère de l’agriculture en abaissant l’âge de sortie à 8 semaines, mais nous souhaitons aller plus loin et laisser nos volailles bénéficier de toute la surface du parcours dès 6 semaines.
 
Nous souhaitons que des études soient menées pour mieux comprendre le lien réel entre l’avifaune sauvage et nos volailles élevées en plein air et pourquoi nos volailles plein air ne sont pas à l’origine d’introduction de virus.
 
Nous serons capables de remettre en cause nos positions si nous sommes à l’origine de nombreux cas ou si le virus évolue. Pour le moment, le temps nous donne raison : notre modèle d’élevage en plein air mérite d’être mieux considéré pour les volailles, les éleveurs et les consommateurs."
 

Les plus lus

En 2022, le poulet lourd non sexé a encore amélioré sa marge brute (+88 en deux ans), dépassant même le lourd sexé.
Enquête avicole : Les marges des volailles de chair ont grimpé en 2022

L’enquête avicole des chambres d’agriculture portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 en Bretagne, Pays de…

Jérôme Perrodin avec son épouse Linda : « J’ai opté pour un système de volière qui incite les poulettes à circuler verticalement mais aussi horizontalement, et ceci ...
« Ma volière favorisera la mobilité en 3D des poulettes »

Installé en Ille-et-Vilaine, Jérôme Perrodin a investi dans un bâtiment neuf pour poulettes futures pondeuses d’œufs bio,…

L’atelier avicole facilite la transmission de l'exploitation

Lors du recensement agricole de 2020, il a été demandé quel serait le devenir de l’exploitation à horizon trois ans lorsque l’…

pour entrée si besoin
La hausse de l’âge des exploitants avicoles devient préoccupante

L’analyse des données du recensement agricole 2020, réalisée par l’Itavi fin 2023, montre que comparativement aux autres…

Éric Dumas, président du Cifog : « Nous demandons la prolongation de la campagne de vaccination des canards ainsi que la poursuite de l’accompagnement financier de ...
La filière foie gras se remplume
Le secteur du foie gras retrouve l’optimisme avec le retour d’une offre sanitairement maîtrisée et la montée en gamme des…
Bureaux de MHP à Kiev. L'accord avec l'UE profitera surtout aux actionnaires de MHP et peu au peuple ukrainien.
137 000 tonnes de filets de poulet ukrainien sans droits

La prolongation des mesures commerciales autonomes pour l’Ukraine a finalement été largement validée par les eurodéputés le 23…

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)