Viande
Pas assez de porc mais trop de viande, paradoxe sur le marché européen
Le mois de mai a été celui de la stabilité des prix du porc sur un marché européen tiraillé entre deux tendances contraires : la baisse de la production mais des disponibilités larges en viande.
Le mois de mai a été celui de la stabilité des prix du porc sur un marché européen tiraillé entre deux tendances contraires : la baisse de la production mais des disponibilités larges en viande.
Le mois de mai se termine, il est l’heure de faire un bilan sur le marché du porc en Europe. Alors que les prix des bovins se sont envolés à des niveaux jamais vus, alors que les cours des volailles progressent, reflétant la hausse des couts de l’aliment, le porc est resté stable sur les principaux marchés européens.
L’offre a autant baissé que la demande
Les disponibilités étaient pourtant réduites dans tous les pays de l’UE, du fait du recul des cheptels. Une baisse qui devrait rester de mise à court et moyen terme, accentué dans certains pays par d’autres facteurs. Ainsi en Espagne, un virus fait des ravages sur les porcelets ce qui pénalise les engraisseurs voulant mettre en place, alors même qu’ils sont déjà peu nombreux.
Mais dans le même temps la demande est très limitée. D’une part la consommation intérieure est morne dans la plupart des pays de l’Union. D’autre part, l’export est en berne à la suite du manque d’appétit de la Chine. Au premier trimestre, les exportations communautaires ont reculé de 29 % par rapport à la même période de 2021 ! En cause, la baisse de 63 % des ventes à l’ensemble Chine/Hong Kong. La viande de porc est donc plus présente sur le marché intérieur et limite toute revalorisation. Une mauvaise nouvelle pour l’amont confronté à la hausse des l’aliment. Mais les marges de manœuvre des abattoirs sont serrées vu qu’ils sont eux aussi confrontés à diverses hausses (transport, énergie) sans parler des pénuries de main d’œuvre.
Mais quand la demande va-t-elle revenir ?
Seul un regain de demande peut sortir la filière de l’ornière, alors que les coûts de production dépassent les prix de vente. Il n’est pas exclu que l’export reprenne un peu, les tarifs communautaires étant plutôt compétitifs. Mais bien malin qui pourra prédire l’évolution des achats chinois à court terme puisqu’ils dépendront de la santé économique du pays et de la consommation intérieure, deux paramètres plombés par les confinements. Sans compter que le transport maritime demeure perturbé. Quant aux achats des ménages européens, certains indicateurs étaient au vert :
- arrivée des beaux jours et des grillades
- des hausses de prix moins fortes en porc que dans le reste du rayon
Pour autant la plupart des opérateurs se disent déçus du commerce de la viande de porc.
Difficile donc d’anticiper la tenue des prix à court terme. Néanmoins l’Espagne s’est illustrée par une hausse de sa référence fin mai, alors que les touristes commencent à doper la consommation. En Allemagne en revanche, les abattoirs continuent de faire pression à la baisse, en vain pour le moment.