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Benfluraline, Triflusulfuron-méthyl, Spirotétramat : à quoi servent-ils dans la culture d’endive ?

Quelques rappels sur le cycle de l’endive dans le champ et des photos comparatives montrent l’importance, à date, de deux herbicides et un insecticide.

Benfluraline, Triflusulfuron-méthyl, Spirotétramate ne seront désormais plus autorisées au niveau européen. Ce sont trois molécules (herbicides pour les deux premières, insecticide pour la troisième) essentielles pour la culture d'endive dans le sens où aucune alternative acceptable économiquement et techniquement n'a été trouvé.
© Julia Commandeur

Bouleversée. Tel est l’état d’esprit de la filière Endive depuis l’annonce européenne de l’interdiction des 3 molécules Benfluraline, Triflusulfuron-méthyl, Spirotétramat. Depuis, elle mobilise, sensibilise et interpelle. Mais pourquoi le retrait de trois molécules menace-t-il autant une filière ? Xavier Waquet, conseiller technique CETA Endives Artois, a apporté un éclairage lors de l’après-midi de sensibilisation Endive organisé à l’appel de l’APEB -association des producteurs d’endives de France- le 20 février au siège de la Région des Hauts-de-France à Lille.

 

  • Spirotétramate = Movento ; utilisé contre le puceron lanigère ; fin d’utilisation en France avril 2025.

  • Benfluraline = Bonalan ; herbicides (préparation pré-semis et contre chénopodes) ; retrait 12/05/2024.

  • Triflusulfuron-méthyl = Safari, Shiro… ; herbicide (chénopodes) ; retrait 20/08/2024.

 

Reprenant le cycle de l’endive de la graine au chicon, Xavier Waquet rappelle que les semis se font en mai-juin après une étape de préparation du sol. En juin, on désherbe. En juillet on gère les pucerons lanigères. Ensuite la racine va pousser pour être récolter en octobre-novembre et envoyée en endiverie pour y devenir un chicon. 

Comment produit-t-on l'endive, de la graine au sachet ?

 

Pourquoi le désherbage est une étape cruciale ?

Objectifs du désherbage : éviter la concurrence à l’eau, aux éléments minéraux et à la lumière. Traditionnellement, cela se fait par une préparation du sol avant semis avec une incorporation de Benfluraline dans le sol avant semis. Le Bonalan, nom commercial de la Benfluraline, sera interdit au 12 mai 2024. En plein pendant les semis de la campagne à venir. « On n’a pas trouvé de produits de substitution avec la même efficacité et la même sélectivité ».

Après la phase de semis, la phase de désherbage en juin. Généralement, 2 à 3 applications d’herbicides en mélange en post levée des endives, avec un fractionnement de dose pour une bonne sélectivité. Or le Safari (nom commercial du Triflusulfuron-méthyl) sera interdit au 20 août et de même, aucun produit de substitution n’a été homologué à ce jour.

« Le Trisulfurométhyl est difficilement substituable, il n’y pas de solution sur certaines variétés. Le binage ? En binant le rang, les racines sont trop proches. On peut biner en inter-rang. »

Xavier Waquet montre des photos de champs pour comparer avec et sans traitement Bonalan/Safari. Les tests sans désherbage ont montré des invasions de 170 chénopodes au mètre carré.

 

 

Quel impact du puceron lanigère sur les chicons ?

Le puceron lanigère touche particulièrement les endives et impacte directement le diamètre de la racine et la richesse azotée. C’est en mai-juin-juillet que les pucerons lanigère colonisent les champs d’endive. L’utilisation du Movento (Spirotétramate) se fait donc lors de ce 1er vol (selon un outil d’aide à la décision pour caractériser le cycle, basé sur un nombre de degrés-jour en base 6°C à partir du 1er février). Mais la fin du Movento est actée pour avril 2025, donc avant la saison suivante.

« La reproduction asexuée du puceron lanigère implique qu’il se multiplie de façon exponentielle », souligne Xavier Waquet. Il montre, photos à l’appui, l’impact des pucerons associés à la sécheresse : « On a perdu 50 % de masse de nos racines. Et même si on force ces racines, on obtient un chicon pas mangeable. »

 

Techniques alternatives et variétés tolérantes : il faut tout tester

La recherche est en cours, y compris sur les techniques alternatives. En bio, il n'y a pas de désherbage chimique, mais les producteurs reconnaissent la dureté de l'excercie (temps, conditions de travail pour la main d'oeuvre,  difficultés...). 

La Belgique témoigne de ses difficultés en endive

Charles Lecornet a testé le robot désherbeur. Pierre Selosse, producteur d’endive à Villers-Guislain (Nord) témoigne sur le désherbage thermique. « Le brûlage thermique est possible pour remplacer le désherbage. On brûle du gaz en plein air à 200-250°C avec un four la surface superficielle du sol. L’endive est résistante elle repart. Mais est-ce que brûler la faune et la flore c’est souhaitable ? Avec du gaz ? Alors que nos herbicides sont sélectifs ? Et cela sans parler de la main d’œuvre supplémentaire que cela implique et donc le prix de détail auquel doit être vendu l’endive. »

Cyril Pogu, coprésident de Légumes de France, conseille de « tester toutes les pistes, même celles qui paraîtraient inenvisageables : désherbage laser ? binage inter-rang ? semis faits d’une autre façon ? »

Qu’est-ce qui pourrait sauver l’endive ?

Stéphane Hoquet, semencier et producteur d’endive dans les Hauts-de-France à Cambrai, rappelle que la sélection variétale peut contribuer à la protection des cultures. Mais cela demande des années pour sélectionner un parent d’intérêt et le croiser pour donner une endive tolérante.

« La résistance au mildiou, elle est acquise désormais. Des recherches sont en cours pour des plantes tolérantes à la sécheresse avec un métabolisme plus rapide, et on a bon espoir de sortir des variétés dans 3-4 ans. En revanche, la tolérance au puceron lanigère est plus difficile. Il faut trouver le gène candidat qui rende la racine pas attractive au puceron. La pomme de terre a aussi des soucis avec les pucerons, les autres filières vont donc suivre mais l’endive sera la première touchée par l’arrêt du Movento. »

 

Pourquoi n’a-t-on pas entendu les firmes phytopharmaceutiques ?

On s’étonnera que les firmes phytopharmaceutiques n’aient pas chercher à défendre leurs produits. Selon les échanges dans la salle, il est question de stratégie d’entreprise. Une autre solution (voire deux) devrait ainsi sortir d’ici deux ans pour rempacer le Movento.

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