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Gel : le pire évité après une semaine hivernale, sauf dans le Sud-Est

L’épisode de froid de ces derniers jours a lancé le coup d'envoi de la saison 2020 de lutte contre le gel. Malgré des dégâts relativement minimes à l'exception d'un petit quart Sud-Est, le pire reste à craindre alors que les vignes ont débourré avec deux à trois semaine d'avance.

Du côté de Saint-Nicolas-de-Bourgueil, dans le Val de Loire, les températures au matin du 2 avril n'étaient pas suffisament basses pour générer la prise de glace autour des bourgeons après une aspersion.
© G.DELANOUE

Une semaine hivernale avec des gelées fréquentes et parfois fortes. Ces prévisions annoncées par Météo France pour les sept derniers jours ont mis les viticulteurs sur le pied de guerre, prêts à affronter quelques nuits blanches. Alors que dans la plupart des régions viticoles, la vigne a deux à trois semaines d’avance, la chute des températures a fait craindre le pire.

De la neige dans le vignoble bordelais

Lundi, les girondins ont eu la surprise de voir s’abattre sur leur vignoble de gros flocons de neige qui n’ont toutefois pas vraiment tenus au sol. « On a eu très peur car on nous annonçait du soleil pour le reste de la semaine. Or soleil, froid et humidité ne font pas bon ménage », lâche Sara Briot-Lesage, responsable des relations presse du Comité interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB). Encore traumatisé par le gel de 2017, le vignoble bordelais était donc sur le qui-vive. « Même si c’est un peu tôt pour en être complètement certain, à priori seules quelques propriétés sur des parcelles de bas-fonds ont été touchées. Mais pas de quoi réellement impacter la future récolte », poursuit Sara Briot-Lesage. Les températures ont frôlé les 0°C mais ne sont globalement pas passées en dessous.

Jusqu'à -4°C à Chablis

Même topo du côté du Beaujolais, où l’interprofession relève quelques impacts du gel sur des parcelles situées dans les secteurs les plus au sud. Sur sa page Facebook, le domaine du Petit Pérou, à VilIié-Morgon enregistre -2,5 °C à 5h30 ce mercredi 1er avril. « Pour l’instant les bourgeons restent bien colorés ! », commente quelques heures plus tard Hugo Thévenet, le propriétaire.  Dans le vignoble voisin en Bourgogne, la situation est globalement la même, bien que des températures allant jusqu’à -4°C aient été relevées dans la nuit du mercredi au jeudi, comme au domaine Pinson, à Chablis. Les dispositifs contre le gel ont permis de sauver les bourgeons.

Lire aussi "De nouveaux espoirs dans la lutte contre le gel "

Des températures moins basses que prévues dans le Val de Loire

À Saint-Nicolas-de-Bourgueil, dans le Val-de-Loire, les systèmes d’aspersion ont tourné lundi et jeudi matin alors que la vigne est déjà au stade pointe verte. « Mais la prise en glace au petit matin était timide, donc je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de dégâts sur les vignes non protégées », témoigne Guillaume Delanoue, ingénieur à l’IFV Centre Val de Loire. Selon la CUMA qui gère l’aspersion, c’est la première fois que le système fonctionne si tôt dans la saison. De l’autre côté de la Loire, à Saumur-Champigny, les cabernets francs sont encore au stade bourgeons dans le coton. « A priori, on a très peu de dégâts malgré des températures humides relevées à -3°C », rapporte Amélie Neau, viticultrice élue récemment à la présidence du syndicat des producteurs de Saumur-Champigny . Les quelques dégâts recensés se concentrent sur les parcelles les plus précoces et les plantiers. « On croise les doigts car on est qu’au début de la période à risque. Traditionnellement, les gelées les plus dévastatrices ont lieu au moment de la lune rousse et des grandes marées, vers le 25 avril », relate Amélie Neau.  

Le Sud-Est recense les dégâts

Enfin dans le Sud-Est, les dégâts occasionnés par les fortes gelées de la semaine dernière empêchent de mesurer l’impact de celles enregistrées cette semaine. « On est descendu jusqu’à -7°C dans le centre Var et -3°C sur le littoral les nuits du 25 et du 26 mars. Tout le Var était concerné, alors que cette semaine on a enregistré autour de -2°C mais de façon beaucoup plus ponctuelle », explique Marine Balue, en charge du département viticulture à la Chambre d’agriculture du Var. Cette dernière a formé une cellule de crise afin de recenser les dégâts qui ne seront réellement visibles que dans quelques semaines. « J’estime entre 60 et 100% de pertes selon les exploitations, déplore Loïc Botcazou, responsable vignoble à la cave coopérative Les Vignerons de Grimaud. Les grenaches noirs semblent avoir particulièrement trinqué. « C’est catastrophique, une année quasiment sans grenache ! Je ne sais pas comment je vais faire pour les assemblages », se désole-t-il. Dans le Gard, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, des dégâts similaires ont également été recensés.

Un projet pour tester des dispositifs antigel comme les éoliennes pourrait bientôt voir le jour à la Chambre d'agriculture du Var, alors que très peu de domaines disposent de moyens de lutte contre ce fléau qui avait jusque là globalement épargné la région.

Lire aussi  : "Tailler en deux fois pour éviter le gel"

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