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Transport fluvial - VNF enregistre une progression du fret céréalier en 2022

Voies navigables de France a certes pour mission de promouvoir une logistique fluviale durable mais également d'assurer la gestion globale de l’eau dans l'Hexagone. Une charge essentielle en ces temps de sécheresse à répétition. 

© GAIMARD (Pixabay)

« En 2022, le fret fluvial a enregistré une année contrastée. Si le transport de céréales par la voie d’eau – qui représente 30 % de l’activité totale – a enregistré une forte croissance (+ 8,6 % par rapport à 2021), tout comme le trafic conteneurs qui a progressé de 14 % sur la Seine grâce notamment au développement de la logistique urbaine, le BTP – qui comptabilise 40 % du trafic global – a chuté de 17,5 %, en raison de l’envolée des coûts de l’énergie et des matières premières qui a conduit à une pause dans les grands chantiers autour de Paris en 2022 voire 2023, avec une reprise prévue qu’en 2024-2025. Le transport des engrais a également beaucoup souffert de la guerre en Ukraine, en bouleversant les sources d’approvisionnement et par la même leur acheminement », a déclaré Thierry Guimbaud, directeur général de Voies navigables de France (VNF), lors de la conférence annuelle de l’établissement public, le 10 mars 2023 en son siège parisien.

 

Belle performance du trafic céréalier

Au total, « le mode fluvial en France a transporté 49,4 Mt de marchandises, soit l’équivalent de 2,5 millions de camions évités sur les routes et 602 000 tonnes de CO2 en mois », précise VNF dans son dossier de presse. Les céréales ont porté l’activité en réalisant une belle performance, avec 13,1 Mt chargées. « L’activité a été spécialement portée par la hausse des exportations vers le Benelux et l’Allemagne au départ des deux régions frontalières des Haut de France et Grand Est », commente l’établissement public. Cependant, en tenant compte de la baisse drastique du trafic de matériaux de construction, « l’activité de fret fluvial a naturellement chuté en 2022 enregistrant une baisse de 6,6 % en volume par rapport à 2021 ».

Selon VNF, « la sécheresse aura eu un impact limité sur le transport de marchandise avec une baisse observée de 1,5 % des volumes à l’échelle national du fait de restrictions d’emports sur certains réseaux transfrontaliers ». Et Thierry Guimbaud de préciser : « En 2022, VNF a réussi à maintenir la navigation sans restriction sur 98 % du réseau français à grand gabarit (les 2 % restant concernant la Moselle), grâce à une bonne gestion des réserves en eau, et 85 % sur le petit gabarit, sans interruption des usages ».

 

Concernant 2023, qui se caractérise par une sécheresse hivernale sans précédent, VNF travaille déjà activement avec les préfets dans la prise de décisions relatives aux restrictions d’usage de l’eau. « La cellule de crise a cette année été mise en place dès février, ce qui constitue un fait historique. Si le soutien d’étiage n’a pas encore été mis en œuvre, les réserves d’eau sont en baisse de 10 % », alerte Thierry Guimbaud. « Nous sommes en vigilance. Nous avons des moyens de gestion de l’eau, même s’ils ne sont pas encore au top, qui nous remettent de tamponner une crise », rassure le directeur général de VNF.

La gestion hydraulique, une mission primordiale de VNF

« Les bateaux naviguent sur l’eau mais encore faut-il que l’eau passe sous les coques des navires ! », illustre Thierry Guimbaud. Pour ce faire, VNF est en charge de la gestion de cinquante importantes réserves d’eau, des barrages réservoirs qu’il est aujourd’hui nécessaire de renforcer et de moderniser pour conserver l’eau au maximum des leurs capacités. « Actuellement, on peut compter sur 165 millions de mètres cubes (Mm3) d’eau conservables. Mais si l’on entreprend des investissements, on peut grimper à 190 Mm3, sans créer de nouvelles réserves, juste en renforçant l’infrastructure de certains barrages réservoirs », explique Thierry Guimbaud.

A ces réserves d’eau, il faut ajouter la gestion par VNF des 300 Mm3 que contiennent les canaux à petit et grand gabarit et qui répondent également aux besoins de l’industrie (eau de refroidissement des centrales nucléaires par exemple), de l’agriculture (irrigation) et des collectivités locales (eau potable). « Des canaux qu’il convient également de régénérer et de moderniser, en les instrumentalisant pour réguler au mieux leur niveau d’eau », souligne Thierry Guimbaud. Et VNF de préciser : « Le long des 6 700 km de voies d’eau gérées par VNF, 352 barrages contribuent à la gestion hydraulique du réseau ».

Des investissements de plus en plus importants d’année en année

« Pour rattraper progressivement les effets d’un sous-investissement historique, VNF consacre une part importante du budget d’investissement à la régénération du réseau », indique le dossier de presse. Ainsi, l’enveloppe est-elle passée de 179 M€ en 2019 à 220 M€ en 2020, puis à 300 M€ en 2021, pour atteindre les 330 M€ en 2022, voire les 340 M€ en 2023. « C’est exceptionnel ! Sur la période 2020-2029, ce sont 3 Md€ qui vont être investis », rappelle Thierry Guimbaud.

« La moitié de cette somme est consacrée à la régénération des infrastructures, pour faire en sorte qu’elles soient opérationnelles pour les quarante à cinquante ans à venir », explique le directeur général. Parmi les travaux programmés, on peut citer la reconstruction jusqu’en 2024, pour un montant de 92 M€, de l’écluse de Méricourt, en aval de la Seine, qui a été construit après 1945. « Et ce, sans interruption de la circulation ! », précise le dirigeant. Un autre chantier concerne les écluses de Gambsheim pour un montant global de 38 M€. « Il s’agit de renforcer l’efficience économique et environnementale d’un axe européen majeur pour le transport fluvial [qui comptabilise] 17 Mt du côté français en 2021, soit une soixantaine de passage par jour », indique VNF. Et ce, sans oublier le développement de la liaison Seine Escaut, une liaison fluviale à grand gabarit qui reliera la France, la Belgique et les Pays-Bas et permettra le passage de bateaux de 4 400 t de cale, soit l’équivalent de 220 camions. En 2023, se poursuivront également les études des projets de mise au gabarit européen de l’Oise (projet Mageo) et de mise à grand gabarit de la Seine entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine. « Ces projets, estimés à 341,8 millions d’euros pour MAGEO et 343 millions d’euros (valeur 2018) pour Bray-Nogent, ont passé une étape importante en 2022 avec l’obtention des déclarations d’utilité publique, et se poursuivent en 2023 avec les premières acquisitions foncières et les études environnementales », détaille VNF.

L’autre moitié des investissements concerne « un ambitieux programme pluriannuel de modernisation du réseau intégrant le pilotage des ouvrages, les bâtiments d’exploitation, l’automatisation de la gestion hydraulique et la pose de fibre optique permettant, entre autres, l’intégration du numérique dans les modes de travail qui permettront une gestion du réseau plus moderne, un service plus réactif et performant et des conditions de travail plus sûres pour les personnels », indique l’établissement public.

VNF, le boosteur de la décarbonation de la flotte fluviale française

« Voies navigables de France (VNF) est le bras séculier de l’Etat dans le domaine de la décarbonation du transport par la voie d’eau », rappelle Thierry Guimbaud, directeur général de l’établissement publique. Et d’expliquer : « Avec son programme « Vert le fluvial », VNF est l’initiateur, l’intégrateur et le financeur du verdissement de la flotte fluviale, grâce au Plan d’aide à la modernisation et à l’innovation (Pami), qui a déjà débloqué 30 M€ sur la période 2018-2022 et est en passe de doubler son enveloppe d’investissement sur la période 2023-2027. Le tout, afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 ».

En attendant de pouvoir passer à l’électrique, à l’hydrogène voire la pile à combustion, une période de transition est nécessaire avec l’utilisation de carburants alternatifs moins polluants, que sont les carburants verts, tels que le HVO issu du recyclage des huiles de friture. « In fine, le HVO coûterait 0,10 €/l de plus que le gasoil, dans un cadre fiscal approprié. Quant à l’hydrogène, il faudrait qu’il coûte 5-6 €/kg pour être compétitif, au lieu des 9-10 €/t actuels », commente Thierry Guimbaud.

« Grâce au Pami, qui bénéficie d’un soutien renforcé de l’Etat, du soutien de la Région Ile-de-France et de l’Ademe, ce sont ainsi près de 40 bateaux qui sont engagés dans la transition énergétique pour les Jeux olympiques de Paris en 2024 (mise en place de motorisation électrique ou hybride diesel/électrique) », indique VNF.

 

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