« Je limite le coût alimentaire des taurillons, grâce au maïs grain humide produit sur l’exploitation »
Agriculteur dans la Manche, Francis Blin incorpore depuis dix ans du maïs grain humide dans la ration de ses taurillons. Ce concentré à forte valeur énergétique est récolté sur l’exploitation et stocké en silo taupinière pour limiter les coûts.
Francis Blin, gérant de l’EARL de la Dolle à La Trinité dans le sud de la Manche, a pour principale activité la production de taurillons en contrat avec la coopérative Agrial. Il en livre en moyenne 180 par an. Sa solution pour limiter le coût alimentaire repose en partie sur l’incorporation de maïs grain humide dans leur alimentation, en complément du maïs ensilage et de la paille de lin. Cette ration de base est complétée d’un correcteur azoté et d’un aliment minéral à la carte contenant du bicarbonate de soude. « Le maïs grain humide contient 2,5 à 3 fois plus d’amidon que le maïs ensilage. Il présente l’avantage d’être dégradé un peu plus lentement dans le rumen que le blé aplati et, ainsi, il expose moins les bovins au risque d’acidose. Il faut toutefois garder une portion de paille dans la ration pour garantir une bonne rumination. C’est pourquoi j’apporte de la paille de lin qui est très agressive », précise l’éleveur.
Un coût alimentaire de 1,50 euro par jour et par taurillon
En produisant le maïs ensilage et le maïs grain humide sur son exploitation, Francis Blin relève un coût alimentaire de 1,50 euro par jour et par taurillon, soit un total d’environ 500 euros pour la période d’engraissement. Le GMQ s’élève, lui, à 1 500 g par jour. Afin que les bovins transpirent moins et valorisent mieux l'alimentation, Francis Blin les tond lors du rappel des vaccins effectué la troisième semaine après leur arrivée dans l'exploitation. « Durant leurs onze mois de présence, les taurillons mangent en moyenne cinq kilos par jour de maïs grain humide. Je leur en distribue un kilo par jour le premier mois et augmente progressivement la quantité pour atteindre huit kilos par jour pendant les deux derniers mois de finition, en complément des 20 kg brut d’ensilage de maïs. » Pour garantir une bonne ingestion, l’agriculteur réalise deux distributions par jour avec un godet mélangeur monté sur un chariot télescopique. « L’apport en deux fois garantit une meilleure appétence et il y a très peu de refus. » Francis Blin réalise trois mélanges à des dosages différents pour tenir compte de l’âge des taurillons, afin d’éviter les gaspillages. « L’avantage du godet mélangeur est de pouvoir réaliser facilement des rations à la carte adaptées aux différents lots d’animaux. »
Deux moissonneuses-batteuses pour alimenter le broyeur
Pour alimenter ses 180 taurillons produits annuellement, l’EARL de la Dolle cultive 20 hectares de maïs ensilage et 20 hectares de maïs grain. « La récolte du maïs grain doit idéalement être effectuée avec un taux d’humidité de 35 %. Cette année, je me suis fait surprendre par la vitesse à laquelle la matière sèche a grimpé la dernière semaine. Par conséquent, près d’un tiers de la surface était trop sec. » Le chantier de récolte et de broyage dure une journée. Il est assuré par l’entreprise de travaux agricoles Tual. Cette ETA se déplace, chez Francis Blin, avec deux moissonneuses-batteuses équipées d’un cueilleur de huit rangs, ainsi qu’avec un broyeur à céréales humides animé par un moteur de 750 chevaux. Les parcelles étant assez proches de l’exploitation, trois bennes monocoques suffisent pour le transport. Comme le maïs grain affichait cette année un taux d’humidité proche de 30 % dans les parcelles récoltées, cela s’est ressenti sur les performances du broyeur. « Le débit moyen est tombé à 39 tonnes broyées par heure, alors qu’avec le maïs grain des autres champs, plus proche de 35 % d’humidité, le broyeur absorbait 45 tonnes par heure. À noter que le débit horaire est aussi pénalisé par les arrêts fréquents du broyeur pour le déplacer au fur et à mesure de l’avancement du tas, mais aussi par les changements de remorques. Sur certains chantiers, en broyant à poste fixe et en alimentant la trémie avec un chargeur télescopique, le débit est deux fois supérieur », remarque Frédéric, le chauffeur de l’ETA Tual.
Le stockage en silo taupinière plus économique
Les 280 tonnes de maïs grain humide récoltées en moyenne chaque campagne sont stockées en silo taupinière. Cette méthode est retenue depuis huit ans par l’agriculteur, car c’est selon lui la solution la plus économique. « Les deux premières années, je l’avais conditionné en boudin, mais cette technique était plus onéreuse et, de plus, elle mobilisait trop de surface au sol. » La confection du tas est bien rodée. Comme il est impossible de monter sur le silo taupinière avec un tracteur pour tasser, Francis Blin fait appel à ses fils Jean-Michel et Dylann, qui sont respectivement équipés d’une pelle à chenilles et d’une Mecalac sur roues. Pour la couverture du silo, l’agriculteur met un sous-film transparent qui épouse bien le tas, sur lequel il superpose une bâche à ensilage et applique en périphérie de gros pneus pour assurer l’étanchéité. Cette méthode a fait ses preuves et elle présente l’avantage de faciliter la reprise au godet désileur mélangeur, tout en engendrant très peu de pertes.
L’EARL de la Dolle en chiffres
Ration type des taurillons
Jusqu’à 100 tonnes de maïs grain humide broyées par heure
« Le broyeur à céréales humides Willemsen que nous utilisons chez Francis Blin atteint les 100 tonnes par heure, lorsqu’il est utilisé à poste fixe et chargé avec un chariot télescopique. Pour garantir un tel niveau de performance, nous l’alimentons avec deux moissonneuses-batteuses de 350 ch équipées d’un cueilleur huit rangs », précise Jean-Michel Tual, gérant de l’entreprise de travaux agricoles éponyme installée à Plomb, près d’Avranches, dans le sud de la Manche. Le débit est aussi conditionné par la finesse de broyage et la teneur en matière sèche de la récolte. « Pour le maïs grain, l’idéal est de broyer avec un taux d’humidité compris entre 32 et 35 % », indique le chef d’entreprise, qui assure la prestation de broyage de céréales humides depuis une quinzaine d’années. Son ETA intervient dans un rayon de 60 km autour du siège social, principalement chez des producteurs de porcs. En plus du broyeur Willemsen animé par un moteur auxiliaire de 750 chevaux, elle dispose d’un modèle de marque Castel monté sur une ancienne ensileuse John Deere 7300, qui assure essentiellement les chantiers dans les élevages de bovins. Se satisfaisant d’une seule moissonneuse-batteuse pour son approvisionnement, cet appareil débite de 25 à 45 tonnes par heure selon la finesse de broyage.