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Allo véto : une acidose ruminale chronique touche l’ensemble du troupeau laitier

L’acidose ruminale chronique s’installe lentement lors d’un changement dans la ration. Boiterie, reproduction en berne, baisse de la rumination ou encore chute de TB : les signes dans le troupeau laitier sont nombreux et se repèrent.

Queue et arrière-train sales, témoins d'une diarrhée chronique, acidose ruminale chronique
Queue et arrière-train sales, témoins d'une diarrhée chronique.
© C. Fouquet

« Bonjour, il faut passer voir mes vaches. Depuis quelques semaines, des vaches boitent un peu, d’autres remplissent mal. Le contrôleur laitier m’a dit que ça pouvait venir de la ration et qu’il faudrait que l’on fasse un point. »

En observant le troupeau, il n’y a pas de vaches véritablement malades : ni fièvre ni toux, évolution très lente et insidieuse… La reproduction marche moins bien : il s’agit d’aller fouiller les vaches en question pour voir s’il y a des kystes, des non-délivrances et des métrites, des anoestrus post-partum persistants (vaches ne manifestant pas de chaleurs). Des vaches boitent : il faudra lever et observer les pieds et faire le tri entre certaines pathologies infectieuses comme la Mortellaro et d’autres plutôt d’origine alimentaire, ou encore une pousse excessive et un manque d’usure.

Certaines pathologies ont aussi des répercussions au niveau du lait et de sa composition, et c’est le cas ici. En fait le contrôleur laitier a déjà mis le doigt sur le problème et sa solution, là est tout l’avantage de travailler conjointement au service de l’éleveur.

Quand l’amidon remplace la cellulose

Nous sommes face à un cas d’acidose ruminale chronique, c’est-à-dire une baisse durable du pH ruminal. Contrairement à l’acidose aiguë liée à un excès brutal de concentré, l’acidose chronique met plusieurs semaines à s’installer. Elle est liée au remplacement dans la ration de la cellulose par de l’amidon. Cela augmente la densité énergétique de la ration mais la dégradation des glucides alimentaires va produire des quantités importantes d’acides gras volatils (AGV).

La capacité des papilles ruminales à absorber ces AGV va être dépassée, ils vont s’accumuler et faire basculer le pH de 6-6,8 à 5-5,5, ce qui modifie la flore ruminale et son fonctionnement.

Les répercussions sont nombreuses :

baisse de la consommation de matière sèche et moindre rumination

bouses molles voire diarrhéiques, avec parfois des grains non digérés

boiteries liées à de la fourbure chronique : on observera une production de corne de moins bonne qualité, des stries sur les onglons, des bleimes, des ulcères…

• pathologies liées au passage de germes dans le sang : abcès hépatiques, thrombo-embolie de la veine cave caudale…

• moindre réussite au niveau reproduction

• augmentation du nombre de mammites, notamment colibacillaires, par baisse de l’immunité

• baisse du taux de matières grasses dans le lait, avec parfois inversion de taux entre le TB et le TP : lorsque le pH ruminal baisse, la digestibilité des fibres est moindre et par conséquent la synthèse de matières grasses baisse aussi

• baisse de production laitière

En plus de ces signes, on pourra également mesurer le pH ruminal. Cette mesure invasive n’est pas toujours nécessaire quand tous les autres symptômes convergent. Il est plus simple et moins contraignant de contrôler si le TB/TP est inférieur ou égal à 0, et le TB-TP est inférieur ou égal à 3 : si c’est le cas, une acidose latente est probable.

Deux à trois semaines de transition alimentaire

Il n’y a pas de traitement véritable, il faudra du temps pour rétablir l’équilibre. L’alimentation au moment du vêlage est à surveiller de près, pour éviter le passage brusque d’un régime trop grossier à un régime de lactation riche en concentrés. On préférera une transition sur quinze jours à trois semaines. Il faut également faire attention à ne pas fragmenter trop finement les ingrédients de la ration : la vache va alors moins ruminer, ce qui diminue la production de salive, qui joue un rôle dans l’atténuation du pH ruminal grâce au bicarbonate qu’elle contient. On évitera également de donner des concentrés avant les fourrages et d’avoir moins de places au cornadis que de vaches. En période critique, il est possible de donner du bicarbonate de sodium dans la ration.

À retenir

Impacts de l’acidose ruminale chronique

• Baisse de production, baisse du taux butyreux

• Boiterie

• Reproduction altérée

• Favorise d’autres pathologies : abcès hépatiques, thrombo-embolie…

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