Aller au contenu principal

Terres de sources, un label gagnant-gagnant pour collectivités et agriculteurs

En Ille-et-Vilaine, un label a été créé pour mieux valoriser en restauration collective les produits des exploitations s’engageant dans la protection de l’eau.

Créé par l’établissement public Eau du bassin rennais, qui gère l’eau potable de l’agglomération rennaise, le label Terres de sources vise à accompagner les agriculteurs s’engageant dans une démarche de progrès pour protéger l’eau.

Terres de sources, un label gagnant-gagnant pour collectivités et agriculteurs
© Eau du bassin rennais

« L’agglomération compte 550 000 habitants et 3 000 exploitations et il y a des enjeux forts de qualité de l’eau, explique Daniel Helle, d’Eau du bassin rennais. L’idée est partie d’agriculteurs qui voulaient faire évoluer leur système, à condition que le dispositif soit gagnant-gagnant. »

Une Scic(1) a été créée par le syndicat, les collectivités et les producteurs pour travailler sur la valorisation économique des produits en ciblant la restauration collective. « Comme il est interdit de favoriser les produits locaux dans un marché public, nous proposons une prestation de protection de l’eau, précise Daniel Helle. Les exploitations en amont des prélèvements d’eau potable s’engagent à des actions en faveur de l’eau. En contrepartie, ils ont accès aux marchés de la restauration scolaire. » De plus, les prix sont définis par l’exploitant à partir de ses coûts de production.

Développer des filières

Autre avantage : la Scic s’occupe de tout. Elle achète les produits, les revend aux cantines, organise la logistique de collecte et livraison et anime les filières de production. « En lait, premier produit sur la zone, il y a un manque d’outils de transformation, alors que les cantines achètent surtout des yaourts et du fromage, indique Daniel Helle. Alors, nous négocions avec des opérateurs pour qu’ils développent sur leurs outils une segmentation pour les produits Terres de sources. Nous l’avons déjà fait en blé noir, blé panifiable, légumineuses, viande bovine et porcine… »

En contrepartie, l’agriculteur s’engage à ne plus utiliser certains pesticides (métolachlore, diméthénamide, métaldhéhyde, néonicotinoïdes et, à partir de 2025, métazachore), ni de soja OGM et huile de palme, ni d’antibiotiques en préventif. À moins qu’il ne soit certifié bio ou HVE3, il accepte également de réaliser un diagnostic IDEA(2) de l’exploitation financé par les collectivités. À partir de celui-ci, il établit un plan de progrès à trois ans et six ans visant à réduire ses IFT et sa fertilisation azotée. Selon ses objectifs d’amélioration, il pourra recevoir un bonus financier de 3 000 euros par an. Enfin, il est incité par une contrepartie financière à réaliser des actions éducatives à une alimentation responsable (portes ouvertes, intervention dans les écoles…).

Après un premier marché public en 2015 avec la ville de Rennes et trois exploitations, c’est 62 communes qui lanceront fin 2022 un appel d’offres de trois ans qui pourra toucher près de 110 exploitations. Des partenariats ont également été noués dans d’autres régions pour dupliquer la démarche ; l’Ille-et-Vilaine exportant une grande partie de sa production, notamment 84 % de son lait.

(1) Société coopérative d’intérêt collectif.
(2) Indicateur de durabilité des exploitations agricoles.
Tout savoir d’une autre initiative de protection de l’eau : Ces agriculteurs rémunérés pour protéger l’eau potable

La meilleure valorisation compense les contraintes

François Glotin et Marie Camenen. « C’est un tremplin de travailler avec les restaurations collectives du bassin rennais qui servent 170 000 repas par jour. »
François Glotin et Marie Camenen. « C’est un tremplin de travailler avec les restaurations collectives du bassin rennais qui servent 170 000 repas par jour. » © Eau du bassin rennais

« Nous avons le projet de transformer 50 000 litres de lait en yaourt, dont une partie sera vendue dans les marchés Terres de sources, expliquent François Glotin et Marie Camenen, installés à St-Méen-le-Grand en Ille-et-Vilaine. Le cahier des charges, notamment le sans OGM ni huile de palme, nous a un peu inquiétés. Mais une étude financée par Eau du bassin rennais a montré que cela était viable, car les 50 000 litres seront beaucoup mieux valorisés. Notre idée est de développer les mélanges prairiaux et le pâturage pour faire moins de maïs et utiliser moins d’herbicides. »

Le saviez-vous ?

Le label Terres de sources intéresse fortement les collectivités car la loi Egalim les oblige à acheter au moins 50 % de produits durables et de qualité.

Les plus lus

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

Pièce de monnaie
Prix du lait : Sodiaal payera 485 €/1 000 l pour 2023 en conventionnel

En conférence de presse le 4 avril, Damien Lacombe, président de Sodiaal, a annoncé 14,4€/1000 litres de ristournes pour les…

Éleveuse veaux pouponnière
« J’utilise zéro antibiotique pour élever mes veaux laitiers »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Restquelen enregistre 3,3 % de mortalité périnatale sur les quatorze derniers mois. Les…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Yohann Barbe, président de la FNPL élu le 8 avril 2024
Yohann Barbe, nouveau président de la FNPL : « Nous ne devons plus perdre ni litre de lait, ni actif pour le produire »

Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a été élu président de la FNPL le 9 avril. Il livre sa feuille de route à Réussir Lait…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière