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Santé des vaches laitières : quand faire appel au vétérinaire et quand appeler l’ostéopathe

L’ostéopathie en élevage laitier s’utilise en complémentarité de la médecine conventionnelle. Quand un animal ne va pas bien, le premier réflexe doit être celui d’appeler le vétérinaire.

<em class="placeholder">Charlotte Miquel, ostéopathe pour Origen plus</em>
« Sur le terrain, je travaille en parfaite transparence avec les vétérinaires de mon secteur », apprécie Charlotte Miquel.
© J. Pertriaux

« Nous n’avons pas le droit de poser de diagnostic. Quand une vache laitière a un problème de pied, il faut appeler le pareur. Quand elle a de la fièvre, il faut appeler le vétérinaire. Nous ne travaillons qu’avec nos mains, nous n’avons pas le droit de passer la barrière de la peau », introduit Florianne Buffet, ostéopathe bovin pour Origenplus, définissant ainsi les limites du rôle de l’ostéopathe.

Loïc Guiouillier, vétérinaire et responsable de la commission médecine et thérapeutiques complémentaires à la SNGTV, définit de son côté l’ostéopathie comme « une technique de type énergétique. Nous ne savons pas expliquer le fonctionnement du système énergétique mais nous sommes capables de vérifier que des choses se passent ». Il insiste : « Aujourd’hui, seule la médecine conventionnelle s’appuie sur des références scientifiques ». Charlotte Miquel, ostéopathe pour Origenplus, complète la définition : « Notre travail est de vérifier la mobilité du corps : articulation, muscle, organe, innervation, irrigation de la zone. Nous lui permettons de fonctionner normalement. »

Progresser avec méthode

Une fois ce cadre posé, se pose la question de quand faire appel aux ostéopathes. « La première chose est de se demander ce qui ne va pas chez l’animal en production pour le remettre en ordre de marche, indique Loïc Guiouillier. Qui dit diagnostic, dit choix de la thérapeutique la plus appropriée pour remettre l’animal en capacité de s’entretenir, de produire et de se reproduire. La médecine conventionnelle faisant appel aux antibiotiques, anti-inflammatoires, hormones… n’a pas réponse à tout. Les thérapeutiques complémentaires apportent des réponses là où la médecine conventionnelle est inopérante. »

 

 
<em class="placeholder">Loïc Guiouillier, vétérinaire et responsable de la commission médecine et thérapeutiques complémentaires à la SNGTV</em>
« L’ostéopathie n’est ni une médecine naturelle, ni une médecine alternative, mais une médecine complémentaire », tranche Loïc Guiouillier, vétérinaire. © L. Guiouillier

Selon lui, la première chose à faire est « d’appeler le vétérinaire. Je vois trop de vaches qui ont glissé sur le béton en stabulation et, dans neuf cas sur dix, il y a une lésion musculaire, tendineuse voire une fracture. L’ostéopathe ne peut rien faire, ce n’est pas une médecine de l’urgence. En revanche, on peut faire appel à lui quand la douleur est maîtrisée ». Le diagnostic, précise le vétérinaire, permet de choisir une thérapeutique. « L’ostéopathie n’a rien d’alternatif à la médecine conventionnelle. Elle est complémentaire. »

L’ostéopathe intervient alors « lorsqu’il y a un déséquilibre sur l’animal en production, à la suite d’un traumatisme ou d’un problème métabolique qui semble résolu, mais dont les performances ne collent pas aux attentes. Toutes les thérapeutiques ont le mérite d’exister avec des méthodes qui leur sont propres, mais attention à ne pas tout faire en même temps. Il faut progresser avec méthode, afin de pouvoir comprendre et d’évaluer ce qui a été efficace ».

Huit animaux en deux heures

« Nous sommes complémentaires des pareurs et des vétérinaires, explique Charlotte Miquel, qui réalise du suivi d’élevage. Nous faisons du curatif pour les boiteries, les vêlages difficiles ou sur une vache couchée. Et du préventif, comme le suivi de troupeau pour optimiser la mise à la reproduction. Quand une vache a un kyste, par exemple, ou qu’elle est sale, on l’aide. Souvent il y a perte de mobilité des organes concernés. » Le but ici est d’éviter une injection de prostaglandines. « Ce n’est pas néfaste pour l’animal, mais ce pas anodin non plus. »

Elle poursuit : « Nous aidons aussi les vaches à la délivrance. Notre travail est de dynamiser l’utérus ». Loïc Guiouillier complète : « Si le vêlage a été difficile, la mise à la reproduction le sera aussi. Dans ce cas, la manipulation de l’ostéopathe est curative. » Pour le vétérinaire, le suivi de troupeau se fait par un examen gynécologique vaginal puis rectal. « Je peux mesurer des tensions, mais pas toutes. Une manipulation ostéo, dans le mois qui suit le vêlage, peut aider et compléter l’examen vétérinaire. »

« Les vaches démarrent mieux en lactation, la reproduction est meilleure et les frais vétérinaires diminuent », assure de son côté Charlotte Miquel, qui facture son déplacement à l’heure en suivi de troupeau. Concrètement, elle vient une fois par mois dans les exploitations. « Je reste deux ou trois heures sur place, je passe huit animaux en deux heures si tout est calé et qu’il ne s’agit que de problèmes minimes. Je vois en priorité les génisses après le vêlage et les vaches qui font des gros veaux. » Elle insiste sur « l’importance d’une bonne contention : aux cornadis, dans un box ou au licol. La vache comprend très vite que nous sommes là pour lui faire du bien ».

Pas de médecine préventive

Le « préventif est du domaine de l’éleveur » dont le rôle est « d’entretenir un bon environnement pour ses animaux, leur permettant de vivre en équilibre avec leur milieu, en leur procurant une alimentation équilibrée répondant au potentiel de production, sans stress, en respectant le rythme des transitions alimentaires au moins trois semaines ». Loïc Guiouillier insiste : « Le seul médicament préventif est le vaccin ». Et d’illustrer encore : « La prévention contre le parasitisme, c’est le pâturage tournant, pas l’antiparasitaire. »

Pascaline Daragon, éleveuse au Gaec des 3D, dans l’Orne

« Il y a des bénéfices à faire venir l’ostéopathe »

 

 
<em class="placeholder">Pascaline Daragon, éleveuse au Gaec des 3D, dans l’Orne</em>
« Le suivi ostéo aide à baisser l’intervalle vêlage-vêlage, les vaches se portent mieux », constate Pascaline Daragon, éleveuse au Gaec des 3D, dans l’Orne. © J. Pertriaux

« Je fais du suivi ostéo mensuel depuis quatre ans, pour mes 110 prim’Holstein. Notre ostéopathe voit dix vaches par mois, en priorité celles qui viennent de vêler, les vaches à cellules, les vaches qui ne prennent pas, celles qui ont des kystes. Je fais des points avec l’inséminateur. J’espère pouvoir arrêter de piquer les vaches quand elles ont un kyste. Le suivi ostéo aide à baisser l’intervalle vêlage-vêlage, les vaches se portent mieux. Une vache manipulée reprend mieux. Si j'ai un souci qui nécessite que l'ostéopathe doive revenir une seconde fois, l'intervention est incluse dans le forfait. Il y a des bénéfices, c’est sûr, même s'ils sont difficiles à quantifier. »

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