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Prendre le temps de penser chaque détail de son futur bâtiment

Le projet de nouvelle stabulation des associés du Gaec Honoré prend forme. Le permis de construire a été obtenu, le choix des entreprises débute. Mais avant d’en arriver là, il a fallu des heures de réflexion pour définir le plan du nouveau bâtiment.

Pour améliorer leurs conditions de travail et préparer l’installation de leurs enfants, les trois associés du Gaec Honoré veulent passer en traite robotisée et augmenter leur production. Ces éleveurs d’Andouillé-Neuville, en Ille-et-Vilaine, ont réfléchi et pensé un projet de modernisation et d’agrandissement par étapes pour passer de 97 à 150 vaches et monter, en parallèle, une unité de méthanisation de 33 kW.

Si le raisonnement global du projet, sa cohérence technique et économique ont demandé du temps et de la réflexion, les trois associés ont aussi beaucoup cogité sur l’organisation de leur futur bâtiment. « Que ce soit pour une construction ou, comme ici, un agrandissement, c’est le choix du mode de traite qui est à faire en premier car le bâtiment sera organisé différemment selon que l’on opte pour une salle de traite ou un robot », précise Camille Payen, conseillère bâtiment Tecmatel.

Première étape : faire un plan zootechnique du futur bâtiment en intégrant le mode de traite choisi, le nombre de vaches à accueillir qui doit être évolutif jusqu’à 150, mais aussi les attentes des éleveurs en termes d’organisation et de travail. « Nous étions sûrs de partir sur une traite robotisée », soulignent les trois associés. Autre point d’importance dans leurs choix : la nécessité qu’une personne seule puisse assurer le travail d’astreinte et isoler facilement une vache. Dans sa conception, le bâtiment doit également anticiper les évolutions, par exemple sur le bien-être animal. Il est conçu pour permettre aux vaches d’aller pâturer.

Prendre plusieurs avis

Au fur et à mesure des échanges avec les conseillers Eilyps et Tecmatel, de rencontres avec les fabricants de robot pour tenir compte de leurs contraintes techniques et intégrer leurs retours d’expérience, le plan est peaufiné. « Il y a eu plusieurs versions de plan avant d’arriver à la bonne, reconnaissent les éleveurs. Ce bâtiment devra être fonctionnel pendant vingt-cinq ans. Il ne faut pas se louper ! » C’est ce plan qui a été déposé pour la demande de permis de construire. Une seule modification a été faite depuis. « Nous étions partis sur un bardage en tôle perforée. Mais nous craignons que cela soit trop froid en hiver et trop chaud en été. Finalement, on mettra des filets brise-vent ouvrables car ça sera mieux pour l’ambiance dans le bâtiment, estiment les associés. On en installera aussi sur le bâtiment actuel. »

Cette version zootechnique et administrative est ensuite détaillée pour les différents corps de métier. « Une fois que la version est définitive, nous élaborons un plan technique, avec les gaines, les passages d’eau, d’électricité pour partager ce support de travail avec les différentes entreprises », préciseThierry Régeard. Ce plan tient compte des évolutions que les éleveurs veulent anticiper. Il prévoit l’emplacement des trois robots, même deux seulement seront installés à la mise en route du nouveau bâtiment. « Toutes les gaines seront passées, souligne Jean Yves Honoré. L’installation du troisième robot devrait être simple. » L’agrandissement a été pensé pour que, quand le nombre de vaches augmentera, l’actuelle fumière puisse être reconvertie en stabulation. Le seul ouvrage à être surdimensionné, car impossible à agrandir, est la fosse de stockage, déjà calibrée pour 180 vaches.

Fluidifier la circulation des animaux

Dans ce nouveau bâtiment, une attention particulière a été portée à la circulation des animaux. « Avec un robot, la traite est volontaire. Pour que le nombre de traites soit suffisant, que le fonctionnement soit fluide, il faut que les vaches aillent seules et régulièrement au robot, qu’elles le voient bien et qu’elles y accèdent facilement, explique Anthony Baslé, spécialiste robot chez Eilyps. Si le robot est dans un coin, qu’il y a de l’attente, les vaches dominées hésiteront à y aller. » Les robots seront donc placés au cœur du bâtiment mais dans la nouvelle partie. Ce qui a le double avantage de les rendre accessibles sans trop de marche depuis toutes les logettes et de pouvoir les installer tranquillement, tout en laissant l’ancienne salle de traite fonctionner. Également dans cette optique de circulation facilitée, les couloirs seront suffisamment larges et de plain pied. Ce qui était nécessaire pour le fonctionnement des deux robots de nettoyage.

Autre aspect primordial à bien réfléchir pour ce futur bâtiment, les possibilités d’isolement. « Nous voulons pouvoir intervenir seuls, souligne Didier Honoré. Il faut que ça soit simple et fonctionnel tout en ayant la possibilité de nourrir tout le monde en une fois. » D’autant plus si, dans le futur, la distribution de l’alimentation est automatisée. Le tri des vaches sera donc géré par les robots. Avec deux portes de tri, cela donnera quatre destinations à la sortie de la traite : la stabulation, l’aire paillée, une aire d’intervention et le box d’isolement. Dans ce bâtiment en logettes et aire bétonnée, les éleveurs ont souhaité garder une aire paillée « pour apporter plus de confort à une vache qui a des problèmes de pattes, à une vieille vache qui vient de vêler ». Une autre aire d’isolement, avec des logettes et un cornadis, permettra de bloquer les vaches qui ont besoin d’une intervention. Il y aura également un petit box d’isolement à proprement parler. Un box de vêlage est également prévu, même si aujourd’hui les vaches vêlent dans un autre bâtiment. La nurserie sera installée juste à côté, au niveau de l’ancien bloc traite « pour faciliter la surveillance et l’abreuvement des veaux», explique Valérie Honoré.

Faire cohabiter travaux et élevage

Quand on agrandit son bâtiment, aux difficultés de la construction s’ajoute la nécessité de conserver, juste à côté, une activité aussi normale que possible de l’élevage.

En plus de leur ampleur, les associés du Gaec Honoré vont devoir concilier leurs travaux avec une stabulation qui devra rester fonctionnelle, pour ne pas perturber les animaux. « Le changement de mode de traite facilite cette cohabitation des travaux à côté de la stabulation, estime Thierry Régeard. La salle de traite n’est pas concernée par les travaux. Elle fonctionnera normalement jusqu’à la mise en service des robots. » L’actuelle stabulation continuera à abriter les animaux le temps des travaux, avec une traite dans la salle de traite. Quand tout sera prêt, les robots fonctionnels dans la nouvelle partie, le mur entre les deux sera abattu et les vaches iront dans la nouvelle partie. Puis les travaux se poursuivront dans la stabulation actuelle. Quelques logettes seront enlevées pour faciliter la circulation des animaux vers les robots de traite et permettre le passage du robot à lisier. Enfin, les travaux se finiront avec la transformation de la salle de traite en nurserie.

Une fois, les entreprises choisies, un planning des dates d’intervention sera fixé. « Nous partons sur vingt-huit à trente semaines de chantier. On vise une fin des travaux au 15 juillet 2020 », espèrent les éleveurs. Pour tenir ce planning, le suivi de chantier sera assuré par Tecmatel. « Nous faisons au moins tous les quinze jours une réunion de chantier avec les entreprises qui sont en train d’intervenir et celles qui viendront ensuite, explique Thierry Régeard. Un rapport est ensuite envoyé pour que tout le monde ait bien les mêmes informations. »

Le Gaec Honoré

3 associés : Jean-Yves, 58 ans, marié, 3 enfants ; Didier, 54 ans, marié, 3 enfants ; Valérie, 43 ans, mariée, 3 enfants.

170 ha de SAU sur 2 sites. Le siège est à Andouillé-Neuville, où est l’atelier lait. À Feins, à 8 km, un autre îlot accueille les génisses et des cultures de vente.

Le cheptel est actuellement de 97 VL pour une référence de 825 000 litres.

Etape 2, réalisée mi-octobre

Obtention du permis de construire le 10 septembre.

Dossier « installation classée » pour l’unité de méthanisation déposé à la préfecture.

Dossier PCEA déposé.

Suite des négociations avec le banquier. « Nous voulons affiner la durée du prêt en tenant compte des autres investissements que nous aurons besoin de faire sur cette période, comme de renouveler la mélangeuse », précisent les éleveurs.

Envoi des cahiers des charges et début des consultations avec les entreprises pour finaliser le devis et le planning des travaux. « Au regard des premiers devis, nos estimations étaient cohérentes, on est dans le budget. »

Le choix des prestataires se fera sur novembre.

Terrassement débuté, avec le décapage de l’emplacement de l’extension.

Objectif lancement des travaux en janvier.

Côté éco

Montant des travaux pour 150 places VL

Terrassement, empierrement, réseaux 25 000 €
Maçonnerie stabulation 125 000 €
Charpente stabulation 110 000 €
Équipement bâtiment(1) 113 000 €
Fosse lisier couverte dimensionnée 180 VL 120 000 €
Dossier administratif PC ICPE  7 000 €               
Suivi projet Tecmatel 15 000 €
2 robots Lely A4 reconditionnés + équipements 195 000 €
2 Aspirateurs lisier Lely 55 000 €
Total 765 000 €
(1) Électricité, raccordement réseaux, plomberie, tubulaires, cornadis, portails, logettes, tapis, cage de contention, groupe électrogène, pompe de lavage, silos de stockage aliments, équipement de bureau, modification des bâtiments actuels…

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