Aller au contenu principal

Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le Gaec des arums a réduit le concentré et l’âge au vêlage

Engagé dans le label Bas carbone, le Gaec des arums s’est fixé comme objectifs de réduire le concentré de 10 tonnes et d’abaisser l’âge au vêlage de 26 à 25 mois. À mi-parcours, les objectifs sont atteints.

Nicolas et Maxime Velly veulent encore réduire le nombre de génisses élevées et implanter des haies, qui représentent déjà 8 km sur l’exploitation, pour apporter de l’ombre en été et abriter les vaches en hiver.
Nicolas et Maxime Velly veulent encore réduire le nombre de génisses élevées et implanter des haies, qui représentent déjà 8 km sur l’exploitation, pour apporter de l’ombre en été et abriter les vaches en hiver.
© V. Bargain

Le Gaec des arums, dans le Finistère, a engagé en 2020 un plan carbone, dans le cadre de France Carbon Agri. L’objectifs des deux frères Nicolas et Maxime Velly : passer de 114 à 90 g de concentré par kilo de lait et abaisser l’âge au vêlage de 26 à 25 mois, soit un gain potentiel de 400 tonnes de CO2 vendues 30 €/t. « Ces objectifs vont aussi améliorer la rentabilité et limiter le travail », soulignent les éleveurs.

Limiter le nombre de jours improductifs

Un point déterminant de leur démarche a été la construction en 2020 d’un bâtiment génisses et vaches taries, qui a considérablement simplifié le travail et amélioré le suivi des génisses. L’investissement a été de 170 000 euros, subventionné à 35 %. « Avant, les génisses étaient sur un autre site, expliquent les éleveurs. Ce bâtiment accolé au bâtiment vaches laitières permet de mieux les surveiller. »

Les veaux reçoivent un aliment 1er âge dès les premiers jours.
Les veaux reçoivent un aliment 1er âge dès les premiers jours. © V. Bargain

Pour abaisser l’âge au vêlage, les éleveurs sont désormais plus rigoureux sur la croissance 0-6 mois. Les veaux, alimentés à la poudre de lait, reçoivent un aliment 1er âge dès les premiers jours. Après sevrage, à 9-10 semaines, les génisses passent dans le nouveau bâtiment, avec un aliment VL 2,5 l fabriqué en mélange céréales-aliment. À 6 mois, les génisses peuvent sortir. « Au printemps, elles ne reçoivent plus de concentré et ne consomment que de l’herbe. » Quand elles sont confirmées pleines, elles sont amenées sur des parcelles plus éloignées.

Mieux détecter les chaleurs

Les génisses sont surtout élevées à l’herbe. En 2022, les éleveurs ont toutefois dû leur donner du concentré en été et acheter 2,5 ha de maïs.
Les génisses sont surtout élevées à l’herbe. En 2022, les éleveurs ont toutefois dû leur donner du concentré en été et acheter 2,5 ha de maïs. © V. Bargain

La croissance est surveillée par des mesures du tour de poitrine. « Nous le mesurons à 9-10 semaines et pouvons retarder le sevrage s’il n’atteint pas 105 cm, précise Maxime. Nous le refaisons à 6 mois, puis à 12-13 mois pour confirmer la mise à la reproduction, qui n’a lieu que si le tour de poitrine atteint 170 cm. » Alors qu’ils attendaient systématiquement 15 mois pour mettre une génisse à la reproduction, ils en inséminent désormais à 12,5-13 mois, avec 70 % de réussite en première IA.

Le Gaec a aussi investi 6 000 euros dans des détecteurs de chaleur, 40 pour les vaches et 10 pour les génisses. Avec cette surveillance, bien que les génisses soient surtout élevées à l’herbe, l’âge au premier vêlage est descendu à 24,7 mois contre 26 mois en 2020.

Limiter le taux de renouvellement

Les éleveurs cherchent également à réduire le nombre de génisses. « À l’installation de Maxime, nous avons gardé toutes les génisses pour augmenter le troupeau, expliquent-ils. Mais depuis deux ans, nous nous sommes fixé comme objectif de n’en élever que 32 par an, en raisonnant les accouplements. »

Retrouvez le témoignage de

Le Gaec fait appel au génotypage et à de la semence sexée sur les cinq ou six meilleures génisses, avec des critères de taux, niveau de production, valorisation des fourrages et pattes. Les meilleures vaches sont inséminées en race pure pour le renouvellement, les autres en croisement viande.

Pâturer pour réduire le concentré

35 hectares sont accessibles des bâtiments et les éleveurs font aussi traverser des routes aux vaches pour accéder à d’autres parcelles.
35 hectares sont accessibles des bâtiments et les éleveurs font aussi traverser des routes aux vaches pour accéder à d’autres parcelles. © V. Bargain

Un autre objectif du Gaec pour abaisser son empreinte carbone et augmenter ses marges est de réduire le concentré en développant le pâturage. 800 mètres de chemin ont été créés pour permettre aux vaches de pâturer plus longtemps et dans de meilleures conditions. Les éleveurs essayent également de faire pâturer l’herbe au meilleur stade, en paddocks de 1 hectare pour trois repas, et de récolter herbe et maïs aux meilleurs stades.

La ration, distribuée en ration complète pour la simplicité de travail, est équilibrée avec un mélange 66 % soja - 33 % colza. « Nous analysons le maïs deux fois par an, et sans doute plus souvent à l’avenir, et la betterave une fois par an. Nous ajustons le concentré selon les quantités de maïs et betterave. D’avril à juin, les vaches reçoivent encore 3 kg de maïs, mais pas de concentré. Nous n’en apportons qu’à partir de 7 kg MS de maïs et betterave. Nous ne dépassons jamais 3,5 kg de concentré par vache. » D’avril 2019 à avril 2020, le Gaec est ainsi passé de 1 064 kg de concentré par UGB (1 004 kg/VL, 1 290 kg/UGB en croissance), à 893 kg de concentré par UGB (816 kg/VL, 1 167 kg/UGB en croissance).

Fiche élevage

115-120 vaches Holstein

850 000 l produits

SAU de 110 ha dont 30 ha de maïs, 4 ha de betterave, 14 ha d’orge, 10 ha de prairies de ray-grass italien - trèfle violet d’une durée de 3 ans, 10 ha de prairies permanentes, le reste en prairies de ray-grass anglais- trèfle blanc de 7 ans.

Rendement de 7 300 l/VL depuis l’arrêt du concentré de production car non rentable, il y a 6-7 ans (8 500 l/VL avant)

Moins d’heures de tracteur en système lisier

Le robot aspirateur à lisier limite les heures de tracteur et le temps de travail.
Le robot aspirateur à lisier limite les heures de tracteur et le temps de travail. © V. Bargain

Pour des raisons de travail et de disponibilité en paille, le Gaec est passé en 2022 en système lisier avec logettes matelas et farine de paille. « Cela représente moins de paille et moins d’heures de tracteur pour pailler, curer, épandre le fumier et donc moins d’émissions de GES », estiment les éleveurs. 30 000 euros ont été investis pour le traitement des eaux peu chargées, avec un bassin tampon de sédimentation et trois lagunes. L’eau est ensuite épandue sur l’herbe grâce à un tuyau perforé. « Le lisier est plus concentré, ce qui représente moins d’eau à épandre et donc aussi moins d’heures de tracteur et de GES. » Le système a été complété par un robot aspirateur à lisier qui limite encore les heures de tracteur et permet de gagner une heure par jour en hiver d’un travail ingrat.

Avis d’expert : Pascale Morin, chambre d’agriculture de Bretagne

« Encore un peu de marge de progrès »

Pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, le Gaec des arums a réduit le concentré et l’âge au vêlage
© Chambre d'agriculture de Bretagne
« Le Gaec des arums a intégré le label Bas carbone sur un scénario générique qui était possible lors du premier appel à projet. Il consistait, pour les émissions, à prendre comme situation initiale les données moyennes de la région pour le système concerné, ici plaine maïs-herbe Grand Nord-Ouest. Ce scénario s’avérait intéressant pour le Gaec, sa situation initiale étant légèrement meilleure que la moyenne. À mi-parcours, les objectifs des deux leviers sont atteints. Mais le Gaec ne connaîtra son empreinte réelle qu’au diagnostic final, selon aussi le lait produit. Des progressions sont sans doute encore possibles sur le nombre d’animaux improductifs, le concentré pour les vaches et le niveau de production. »

Les plus lus

<em class="placeholder">L&#039;aire paillée offre une surface de 1 200 m2 séparée en deux.</em>
« Je suis repassé en aire paillée pour viser 2 millions de litres dans mon élevage laitier des Côtes-d'Armor »
Dans les Côtes-d’Armor, Antoine Boixière a choisi de démonter ses logettes pour améliorer le confort de ses 110 prim’Holstein et…
Deux éleveurs avec une petite fille devant un près avec des montbéliardes en Haute-Savoie
DNC : « Ceux qui s’opposent à l’abattage rallongent notre calvaire », témoigne Nicolas, éleveur laitier touché par la maladie en Haute-Savoie

Eleveur laitier près de Faverges, en Haute-Savoie, Nicolas Prud’homme dont 68 bêtes ont été abattues après une contamination à…

<em class="placeholder">Pascal Gord, éleveur. </em>
Stress thermique : « Les ventilateurs n’ont pas suffi à améliorer l’ambiance de notre stabulation dans le Rhône »
Le Gaec des Deux-Communes, dans le Rhône, a fait évoluer son bâtiment pour lutter contre le stress thermique des vaches laitières…
<em class="placeholder">dermatose nodulaire contagieuse sur un bovin</em>
La lutte contre la dermatose nodulaire contagieuse engendre des difficultés dans les élevages bovin

Interdiction d'épandage, veaux bloqués dans les élevages ... commencent à peser lourd dans les élevages bovin de la zone…

<em class="placeholder">stabulation de la ferme expérimentale à Derval</em>
« Comment rénover sa stabulation pour la rendre plus performante ? » : exemple avec la ferme expérimentale de Derval

Julien Hamon, conseiller bâtiment à la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique donne les clés pour réfléchir à un projet de…

<em class="placeholder">Aurélie et Ludovic Coué, éleveurs laitiers</em>
« Nous avons réaménagé le bâtiment pour la moitié du prix d'un neuf en Loire-Atlantique »

En Loire-Atlantique, Ludovic et Aurélie Coué ont préféré transformer l'ancienne stabulation pour installer des robots de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière