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« Nous semons la luzerne dans le méteil ou sous couvert d’avoine dans le Rhône »

Au Gaec du pré des lys, dans le Rhône, la luzerne est semée au printemps en association avec des graminées sous couvert d’avoine ou bien dans le méteil, dans un contexte de changement climatique. La réussite est au rendez-vous.

<em class="placeholder">Les deux associés du Gaec du pré des lys dans le Rhône avec leur stagiaire</em>
Jean-Yves Porte, Dominique Berger, et leur stagiaire Eymeric : « La luzerne se plaît dans nos terres sableuses, peu profondes et séchantes. Un fois bien implantées, les parcelles se maintiennent propres cinq ans. »
© M. Coquard

« Il y a une quinzaine d’années, nous semions la luzerne à l’automne comme une prairie classique après une céréale. Et l’implantation marchait neuf fois sur dix », dépeint Dominique Berger, associé avec Jean-Yves Porte et à la tête d’un troupeau de 70 montbéliardes sur une exploitation bio de 95 hectares à 550 mètres d’altitude, dans les monts du Lyonnais. Mais avec les sécheresses automnales plus fréquentes, les associés ont dû modifier leur stratégie.

« Il nous est arrivé de semer au 15 août, lorsque la météo annonçait 15 à 20 mm de pluie à venir. Les graines germaient, mais s’il n’y avait pas une goutte d’eau en septembre, la prairie était claire et se salissait facilement. Une luzerne mal implantée reste toujours très moyenne », considère l’éleveur.

Moins de salissement avec un semis de printemps

Depuis dix ans, le Gaec sème chaque année 5 hectares d’un mélange à base de luzerne, trèfles et autres graminées au printemps (lire en encadré), le plus tôt possible dès que le sol est suffisamment réessuyé, généralement courant mars. « Même en cas de printemps très secs, comme en 2020, 2022 et 2023, le rendu apparaît finalement toujours plus joli, avec une meilleure densité de luzerne, comparé à un semis d’automne. À partir de l’automne, la durée des jours plus courte, les températures plus faibles et l’humidité ne lui profitent pas et elle a tendance à se faire étouffer par les graminées. Alors qu’en semant au printemps, c’est l’inverse, c’est la luzerne qui prend le dessus. »

Le Gaec implante la luzerne de deux façons différentes. La première consiste à la semer dans un méteil (implanté à l’automne après labour) avec un semoir à céréales classique, dès la fin février avant que celui-ci soit trop développé, autour de 5 à 10 cm. « Nous passons un coup de herse étrille après le semis pour bien faire tomber toutes les graines au sol, puis un coup de rouleau Cambridge. » Une fois le méteil moissonné mi-juillet, la luzerne haute de 10 cm décolle et la première coupe intervient un mois plus tard.

Semer l’avoine et la luzerne en deux temps

Le second itinéraire consiste en un semis sous couvert d’avoine. Le labour intervient en février. L’avoine brésilienne est semée en combiné herse rotative-semoir (50 kg/ha), puis la luzerne (32 kg/ha) dans un second temps. « Nous préférons intervenir en deux fois, même si c’est plus chronophage, pour mieux maîtriser les profondeurs de semis respectives. C’est un gage de réussite. La luzerne doit se trouver dessus. Nous déposons simplement les graines au sol, le semoir est réglé pour que les disques frôlent la terre et c’est le rouleau qui les enterre », détaille Dominique.

Les exploitants ont testé un semis sans avoine, mais ils en sont revenus car ils perdaient trop de volume en première coupe et il y avait davantage de salissement. « De plus, même si l’avoine pompe de l’eau au détriment de la luzerne, elle permet aussi de maintenir la prairie à l’ombre. » En 2023, l’une des parcelles semées sans avoine n’avait pas résisté aux premiers coups de chaud.

« Ces deux techniques de semis fonctionnent très bien en termes d’implantation de la luzerne », conclut l’éleveur, qui préfère quand même le semis sous couvert d’avoine car « en cas d’année poussante, la prairie semée dans le méteil peut finir par le dépasser, ce qui complique alors la récolte en grain ».

De la luzerne mais pas en pur

Le mélange se compose de 30 % de luzerne, 15 % de dactyle, 15 % de RGA, 20 % de fétuque élevée, 5 % de trèfle blanc, 15 % de trèfle violet. Sur ses parcelles très vallonnées, le Gaec privilégie une association avec des graminées afin de mieux « accrocher » le terrain, sans quoi les machines patinent, grattent et abîment la luzerne. « De plus, le fait d’intégrer des graminées au mélange facilite la récolte en foin en induisant moins de pertes de feuilles et ramène davantage d’UFL avec un meilleur rendement global. »

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