Aller au contenu principal

« Nous avons traité les rumex en localisé sur 1 400 hectares de prairie »

En Normandie, la Cuma La Pratique fait le bilan d’une année de désherbage ultralocalisé des rumex et chardons avec le pulvérisateur Ara d’Ecorobotix. Un appareil high-tech valorisé en intercuma sur les prairies de 150 exploitations.

« Le pulvérisateur Ara nous permet de détruire 95 % des rumex en les traitant de manière ciblée avec un produit non sélectif à une dose moyenne de 2 grammes par hectare. Alors qu’un traitement en plein à l’aide d’un produit sélectif impose une dose de 25 grammes par hectare et n’atteint que 70 % d’efficacité », se félicite Guillaume Martel, éleveur initiateur de l’activité de pulvérisation ultralocalisée au sein de la Cuma La Pratique à Le Teilleul dans le sud Manche. L’appareil porté de 6 mètres de large du constructeur Suisse Ecorobotix acheté fin 2023 a déjà parcouru 1 400 hectares dès sa première saison débutée en mars 2024.

« Sur les 23 Cuma engagées dans l’intercuma, le pulvé est intervenu sur environ 150 exploitations. La très grande majorité des éleveurs adhérents ont été bluffés par l’efficacité du traitement. » Avec ses six caméras, l’appareil distingue les rumex dès qu’ils atteignent une taille de 5 centimètres. « Le stade rosette, c’est l’idéal, la machine détectant la plante dès qu’elle a quelques feuilles », confirme l’éleveur. Il les traite ensuite de manière ciblée grâce à l’ouverture individuelle de buses disposées sur une rampe tous les 4 centimètres.

Des prairies plus productives et durables

« En plus du gain de produit et d’efficacité, le traitement ciblé a le gros avantage de ne pas stresser le reste de la prairie. On résout à la fois l’impasse technique du traitement en plein et la pénibilité de l’intervention très chronophage au pulvé à dos, considère Guillaume Martel. En maîtrisant le salissement, on va pouvoir améliorer la productivité des prairies et les faire durer plus longtemps. Cela ouvre aussi la voie à la réimplantation de prairies dans des parcelles où on les avait abandonnées. »

 

 
<em class="placeholder">Pulvérisateur ultralocalisé Ara d&#039;Ecorobotix traitant des rumex dans un prairie</em>
Le pulvérisateur Ara travaille sur 6 m de large à une vitesse de 7 km/h. © T. Blin

Pour valoriser au mieux cet appareil coûteux, la Cuma a mis en place une organisation bien rodée. La prestation facturée à 60 euros par hectare est réalisée par deux chauffeurs, des agriculteurs engagés par un contrat avec la Cuma. « La technicité de l’appareil nous impose d’avoir des utilisateurs parfaitement formés. » Les chantiers se répartissent dans un rayon de 35 kilomètres autour de Le Teilleul, avec une incursion dans les départements voisins de l’Orne et de la Mayenne.

Une organisation bien huilée

Chaque Cuma adhérente a désigné un référent qui se coordonne avec Guillaume Martel pour établir un programme d’intervention à la semaine. « Les éleveurs doivent anticiper pour faire intervenir la machine dans des prairies où les rumex sont au bon stade de développement. Il faut une plante suffisamment développée, mais pas trop avancée, pour que le produit agisse efficacement, en gros jusqu’à la sortie de la hampe florale. Même si la conception de l’appareil permet de traiter indépendamment des conditions de lumière et de vent, il est nécessaire d’avoir une hygrométrie minimale. Pour ces différentes raisons, on a arrêté les traitements à partir de la mi-juillet, avant de les reprendre en septembre. »

Un objectif de 2 hectares à l’heure en 2025

Malgré une année 2024 aux conditions météo capricieuses, la Cuma La Pratique a largement rempli ses objectifs. « Il nous fallait 750 hectares pour rentrer dans nos frais et on en a quasiment fait le double, sans pouvoir répondre à toutes les demandes. » Guillaume Martel espère ainsi atteindre 1 700 à 1 800 hectares cette année. « En intégrant les nombreux déplacements entre chantiers et compte tenu de la petite taille des parcelles (surface moyenne de 1,84 ha), notre débit de chantier a plafonné à 1,7 hectare à l’heure. Sans les temps morts de l’an dernier liés à la prise en main de la machine et à la météo, on espère atteindre les deux hectares à l’heure cette année. Tout en sachant que la vitesse de travail de 7 km/h limite le débit instantané à 4 ha/h. »

Cibler les rumex et/ou les chardons

Autre contrainte en matière d’organisation, il n’est pas possible de calculer à l’avance la quantité de bouillie nécessaire à préparer. « On a la chance de n’utiliser qu’une seule matière active, de quoi enchaîner les chantiers sans se soucier des fonds de cuve. Quatre produits commerciaux sont listés dans le contrat. Pour des raisons réglementaires, chaque agriculteur approvisionne la quantité consommée sur ses parcelles. Il est responsable de son traitement. »

 

 
<em class="placeholder">Prairie avant désherbage des rumex</em>
Prairie avant passage du pulvérisateur. © T. Blin

 

 
<em class="placeholder">Prairie après désherbage des rumex</em>
Prairie après traitement ciblé par le pulvérisateur Ara d'Ecorobotix. © T. Blin

Avant chaque chantier, l’agriculteur doit également choisir un des trois algorithmes de détection inclus dans la licence, en fonction du salissement de sa parcelle : rumex, chardon ou rumex et chardon. « Le taux de reconnaissance atteint 95 % en rumex et chardon seuls. En sachant que l’on a beaucoup moins de recul sur le chardon. Pour le mode couplé chardon + rumex, le taux de détection se limite à 80 % environ, mais un nouvel algorithme fourni à l’automne permet d’espérer 90 %. »

En chiffres

23 Cuma adhérentes à l’intercuma
1 400 ha traités en 2024 sur 150 exploitations
35 km de rayon d’intervention
1,84 ha de surface moyenne des parcelles
6 m de largeur de travail
7 km/h de vitesse de traitement
4 ha/h de débit de chantier instantané
1,7 ha/h de débit de chantier journalier

Un investissement aidé

Le coût de prestation de 60 euros par hectare, tracteur et chauffeur compris, est conditionné par l’obtention d’une aide financière de la région Normandie. « Nous bénéficions d’un partenariat avec le concessionnaire Blanchard, qui nous loue le tracteur à un tarif préférentiel. La Cuma étant l’un des premiers utilisateurs de l’Ara en France pour le traitement des prairies, nous avons aussi obtenu un prix d’achat très compétitif, sans parler du tarif de la licence qui a depuis, très nettement augmenté. Sans subvention, avec un pulvé et un tracteur aux coûts actualisés, il faudrait tabler sur un tarif de 90 euros par hectare », reconnaît Guillaume Martel. Compte tenu des très faibles quantités appliquées, le coût de produit phyto se limite à environ 40 centimes par hectare.

Des buses capables de cibler un carré de 6 cm de côté

Le pulvérisateur porté Ara d’Ecorobotix n’a pas grand-chose d’un appareil conventionnel, si ce n’est sa pompe et ses deux cuves frontales (600 l pour l’eau claire et 300 l pour la bouillie). L’extrême précision de cet appareil de 6 mètres de large réside dans son système de détection à 6 caméras, qui analysent chacune une surface d’un mètre carré 20 fois par seconde. Les algorithmes de détection fournissent ensuite les zones à traiter pour piloter l’ouverture et la fermeture des 156 buses espacées de 4 cm. Grâce à leur spectre étroit de 25 degrés et à leur pilotage individuel, chaque buse peut cibler une surface minimale de 6 cm². « Dans les prairies, la hauteur de travail est d’environ 24 cm pour conserver une bonne précision. Il ne faut donc pas que la végétation soit trop développée. Le suivi du sol est satisfaisant, mais on pense encore l’améliorer, tout en réduisant les contraintes sur l’appareil, en l’équipant d’amortisseurs sur les supports de roues », précise Geoffroy Houette, directeur des Établissements Werschuren, qui a vendu l’Ara à la Cuma.

Rédaction Réussir

Les plus lus

<em class="placeholder">camion de collecte dans une usine de transformation laitière</em>
Signal d’alerte sur le prix du lait payé aux éleveurs 

La FNPL et Sodiaal s’inquiètent des répercussions sur le prix du lait français, de la chute des prix du beurre et de la…

<em class="placeholder">Vache laitière au robot de traite.</em>
Sept conseils pour faciliter l’adaptation des génisses à la traite robotisée
Les premiers passages au robot de traite demandent patience et accompagnement. Un peu d’anticipation et quelques astuces vous…
<em class="placeholder">Pierre, François, Delphine et Simon Bouvier, éleveurs laiiters</em>
« Nous voulons produire le plus de lait possible avec 100 vaches maximum, dans l’Allier »

Au Gaec des Guillemins dans l’Allier, les deux associés cherchent à augmenter la productivité par vache en maintenant le…

<em class="placeholder">« Nous avons choisi d’investir pour disposer d’un outil performant et faciliter la transmission » expliquent Régis et Valentin Landais. </em>
« Nous avons investi dans un outil moderne et rentable sur notre élevage laitier en Loire-Atlantique »

Le Gaec de la Vinçais, en Loire-Atlantique, a choisi de s’équiper pour disposer d’un outil moderne et performant et faciliter…

<em class="placeholder">dégagement de gaz toxique au silo</em>
Ensilage de maïs : attention au gaz orange des silos 

Les sécheresses et canicules impactent le métabolisme des plantes. Elles peuvent notamment induire des niveaux de nitrates…

<em class="placeholder">Aymeric et Eric Gérard conduisent les génisses au robot deux fois par jour pendant une semaine au début de leur lactation.</em>
Robot de traite : « Nous faisons tout pour minimiser le stress des primipares, en Ille-et-Vilaine »
Au Gaec du grand Fleuré, en Ille-et-Vilaine, les associés habituent une quarantaine de génisses au robot de traite en cumulant…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière