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« Notre prémix maison facilite la distribution de la ration »
À l’EARL du Mont Piquant à Villequier en Seine-Maritime, Stéphane Gomont prépare son prémix une semaine à l’avance. Une solution technique pertinente qui simplifie le travail au quotidien.
À l’EARL du Mont Piquant à Villequier en Seine-Maritime, Stéphane Gomont prépare son prémix une semaine à l’avance. Une solution technique pertinente qui simplifie le travail au quotidien.









Depuis deux ans et demi, Stéphane Gomont a changé ses habitudes de préparation de la ration. Il passe désormais une heure par semaine à confectionner un prémix à l’aide de sa mélangeuse, une monovis verticale de 12 m3. Une fois réalisé, le prémix est stocké sur une dalle béton à l’abri, sous un bâtiment, à l’air libre. « Chaque matin, je n’ai plus qu’à taper dans le tas au godet et à charger la quantité voulue dans la mélangeuse avant d’ajouter l’ensilage d’herbe et de maïs », indique l’éleveur à la tête d’un troupeau de 50 Normandes et 35 taurillons. Le prémix rassemble tous les ingrédients de la ration hormis les ensilages. À savoir : les tourteaux de colza et soja, l’orge, l’urée, le minéral, le sel, l’aliment liquide, plus le foin qui sert de support au mélange et l’aliment liquide qui crée le liant.
Une heure pour préparer une semaine de prémix
Stéphane a découvert cette technique chez un éleveur voisin qui pratique ainsi depuis une dizaine d’années. « À l’époque, mon collègue s’est lancé là-dedans avec l’aide de son conseiller Littoral Normand pour limiter le travail du matin car il démarrait une autre activité en parallèle de son exploitation. Il lui fallait rationaliser les tâches. Comme cela a bien fonctionné chez lui, je me suis lancé à mon tour », raconte Stéphane. Un choix qu’il ne regrette pas. « C’est moins de travail chaque jour et surtout moins de pénibilité, apprécie-t-il en précisant qu’il n’a « plus besoin de porter chaque matin des dizaines de seaux de tourteaux, de céréales… pour les vider dans le godet. »
La composition exacte du prémix est recalculée tous les mois par le nutritionniste en fonction de la production et du taux d’urée trié par stade de lactation. Un tableau récapitulant les quantités totales nécessaires pour une semaine est édité et accroché dans le télescopique. « Globalement, le bol tourne moins longtemps qu’avant. Le matin, il fonctionne juste le temps du chargement et de la distribution », indique Stéphane. En général, le prémix préparé ne dépasse pas 3,8 t. « Étant donné le volume de foin nécessaire, il serait difficile de préparer plus de 4 t de prémix dans un bol de 12 m3. » Au début, il a fallu adapter la vitesse de rotation de la vis en fonction du poids contenu dans le bol afin que le boulon de sécurité ne saute pas. « Si on respecte l’ordre de chargement adéquat et la durée de mélange (lire ci-contre), le résultat est garanti. Le prémix est homogène, il sent bon et se conserve parfaitement, même en été où il est préparé pour 10 à 12 jours. »
Régularité et homogénéité de la ration distribuée
Stéphane mentionne encore un autre avantage. « En préparant le prémix (((à l’avance))), il est plus facile de déléguer la distribution de la ration. Quand j’ai dû me faire opérer l’an dernier, je savais que je devrais me faire remplacer pendant trois semaines. Alors, j’avais préparé trois tas de prémix, la veille de l’intervention. Cela a facilité la tâche du salarié pendant mon absence et j’étais sûr que les vaches recevraient une ration régulière dans le temps. » Cette solution est aussi une sécurité dans les structures multi-associés, où ce n’est pas toujours la même personne qui distribue la ration.
« La principale contrainte avant de se lancer est de trouver un endroit pour stocker le prémix », mentionne Nicolas Clech de Littoral Normand qui a accompagné plusieurs de ses adhérents dans la mise en œuvre de cette technique. « Par chance, chez nous, la mélangeuse passe, à quelques centimètres près, sous un petit bâtiment de stockage situé entre les deux silos. L’endroit idéal pour le stocker ! », reconnaît Stéphane. Le seul bémol que relève l’éleveur est que le recours au prémix limite le contact homme-animal sur l’atelier taurillons. Ces derniers reçoivent le même prémix que les laitières. « Avant, on passait auprès d’eux tous les matins avec les seaux de céréales. Maintenant, ils nous voient moins et viennent moins à nous. »
Depuis janvier, les veaux reçoivent eux aussi un prémix spécifique (1), préparé toutes les trois semaines. « Là aussi, on peut se faciliter la vie ! », conclut Stéphane.
(1) À base de paille, foin, pulpes déshydratées, maïs grain écrasé, colza, soja, aliment liquide et CMV.« Le prémix améliore la qualité de la ration rendue auge »
« D’un point de vue nutritionnel, je vois deux avantages à préparer son prémix quand on dispose d’une mélangeuse. D’une part, on obtient une meilleure précision car le mélange confectionné porte sur de plus gros volumes en comparaison à un mélange préparé quotidiennement. Et d’autre part, le fait de scinder la préparation de la ration en deux temps (préparation du prémix puis mélange prémix-ensilages) améliore le rendu auge. Il y a moins de risque de défibrer et dénaturer les ensilages de maïs en faisant tourner la mélangeuse trop longtemps pour recouper le foin. Il faut veiller à respecter l’ordre de chargement des ingrédients (notamment le CMV avant l’aliment liquide sinon ça colle dans le godet) et maintenir un minimum de 600 à 700 g d’aliment liquide par vache par jour dans la formulation du prémix sinon il y a un risque de démélange. Sur la zone, une dizaine d’éleveurs ont adopté cette technique depuis plusieurs années. Aucun n’est revenu en arrière. Le hasard a fait qu’ils sont tous équipés de mélangeuse à vis verticale. Je n’ai pas de retour d’expérience avec d’autres types de mélangeuses. »
Nicolas Clech de Littoral Normand