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« On n’est pas à l’abri d’une résurgence de la FCO »

Philippe Vannier, directeur de la santé animale et du bien-être des animaux à l’Anses(1), conseille de vacciner tout le troupeau, et de le faire progressivement avant la fin mars, en profitant de la période d’inactivité du vecteur.

PHILIPPE VANNIER, Anses. « L’immunité
naturelle ne permet pas de maîtriser
la circulation du virus. »
PHILIPPE VANNIER, Anses. « L’immunité
naturelle ne permet pas de maîtriser
la circulation du virus. »
© C. Gérard

Les vaccins FCO sont-ils efficaces ? Quelle est la durée de la protection ?

Philippe Vannier - « Les vaccins mis sur le marché répondent à des critères d’autorisation qui sont établis sur une base harmonisée au niveau européen. Ils ont deux effets : d’une part ils protègent l’animal des signes cliniques de la FCO, d’autre part ils ont une efficacité épidémiologique c’est-à-dire au niveau de la transmission du virus. Cette efficacité est obtenue grâce à la production d’anticorps bloquant la multiplication du virus dans le sang (virémie) ; les critères d’autorisation exigent une quasi-absence de virémie. Mais pour être efficaces et protéger cliniquement l’animal et ses descendants, les vaccins doivent être utilisés à titre préventif. Pour avoir un impact majeur sur la circulation du virus, leur utilisation doit être massive afin que plus de 75-80 % de la population soit protégée. Quant à leur durée de protection, on sait qu’elle est d’au moins un an (délai correspondant aux exigences réglementaires), au-delà il n’y a pas de données disponibles. »

L’immunité apportée par une contamination sauvage n’est-elle pas plus efficace?

P. V. - « Un animal infecté va développer une immunité qui dure toute sa vie. Mais la virémie post infectieuse dure en moyenne 60 jours après l’infection. Pendant ces 60 jours, le virus est présent dans le sang. Il s’agit d’une maladie vectorielle transmise par les piqûres de culicoïdes ; l’animal est donc contaminant pendant cette longue période de virémie. Dans le cas d’une infection naturelle, la proportion d’animaux immunisés est un phénomène aléatoire qui dépend de conditions multiples (nombre d’animaux infectés, nombre de culicoïdes, densité d’animaux…), on ne maîtrise donc pas la circulation du virus. »

Le nombre de foyers a considérablement chuté en 2009 et 2010. Quelle sont les parts dues à la vaccination et à l’immunité naturelle ?

P. V. - « Rappelons quelques chiffres: 32341 foyers de sérotypes 1 et 8 en 2008, 83 foyers en 2009, un seul foyer ovin en 2010. Il est exceptionnel d’obtenir des résultats aussi bons sur un délai aussi court avec une vaccination systématique. Il est vrai que l’on ne peut pas définir la part de l’immunité naturelle et celle de la vaccination, mais il y a des éléments patents. D’après les enquêtes effectuées dans les régions touchées par la FCO, entre 40 et 80 % des animaux ont été infectés donc immunisés naturellement. Cela signifie qu’entre 20 et 60 % des animaux n’étaient pas immunisés. L’écart est important par rapport aux chiffres de couverture vaccinale (75 à 95 % des animaux suivant les départements et les espèces). Autre élément: aucun foyer n’a été détecté dans des régions peu touchées par la FCO situées juste en aval du front. »

Des éleveurs dénoncent un effet négatif de la vaccination sur la reproduction.Que répondez-vous ?

P. V. - « Les résultats de la pharmacovigilance montrent très clairement que le bénéfice de la vaccination est supérieur au risque. Il est certain qu’il y a une sous déclaration et donc sans doute une sous estimation des effets indésirables liés à la vaccination. Il est vraisemblable, quand la vaccination a été faite sur tout un troupeau en même temps quel que soit le stade physiologique, qu’un certain nombre d’animaux en début de gestation aient été en hyperthermie. Cette hyperthermie post vaccinale, observée plus souvent suite au rappel, est une réaction de type allergique liée aux adjuvants. Elle peut entraîner une mortalité embryonnaire précoce, des retours en chaleur et une baisse de production temporaire. Mais elle n’est pas liée au virus, puisqu’il s’agit d’un vaccin tué. Elle est de courte durée (elle apparaît entre 4 et 24 h après vaccination et disparaît après 72 heures), et ne touche qu’une petite proportion d’animaux. »

Quels conseils donnez-vous aux éleveurs ?

P. V. - « Il vaut mieux vacciner des animaux non gestants et éviter le premier tiers de gestation qui est la période la plus fragile si une hyperthermie apparaît. Il ne faut surtout pas vacciner des animaux en incubation, moment où les animaux viennent de démarrer une infection. Le vaccin est inefficace et si l’on vaccine avec une même aiguille, on risque de propager le virus sauvage. D’où l’intérêt de vacciner progressivement le troupeau entre novembre et mars, période d’inactivité du virus donc sans rique de vacciner en phase d’incubation. On peut aussi conseiller de prendre la température sur une partie des animaux avant de vacciner. Globalement la situation est très satisfaisante mais cela ne veut pas dire que la FCO soit éradiquée, d’où l’intérêt de continuer à vacciner systématiquement le troupeau si le taux de vaccination tombe très bas. On n’est pas à l’abri d’une résurgence car ces très bons résultats ont été obtenus sur une courte période. »

La vaccination contre les sérotypes 1 et 8 peut-elle protéger contre d’autres sérotypes ?

P. V. - « Il n’est pas impossible qu’il existe une relative protection croisée pour certains autres sérotypes, mais si elle existe, elle est faible. Malheureusement, les sérotypes 16 et 4 sévissent sur le pourtour méditerranéen. L’origine de l’introduction du sérotype 8 n’étant toujours pas établie, on n’est donc pas à l’abri d’un accident de même nature. D’où la nécessité d’une extrême vigilance lors de toute importation d’animaux vivants. »

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