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Monotraite partielle : « À 10h30, l’astreinte de la journée est terminée dans mon élevage laitier du Finistère »

Réduire l’astreinte tout en palliant les annuités liées à son installation, c’est un challenge qu’aimeraient voir aboutir nombre de jeunes agriculteurs. Ce défi, Cyril Mignon l’a relevé. Dans le Finistère, il a opté pour un passage en monotraite une partie de l’année pour pérenniser son exploitation face au problème de main-d’œuvre.

Cyril Mignon, éleveur laitier dans le Finistère
Cyril Mignon, éleveur laitier dans le Finistère : « Mon système pâturant, avec un coût alimentaire assez faible, un troupeau Procross très sain, avec 6 500 litres livrés par vache et par an me permettait d'envisager la monotraite sur une partie de l'année. »
© P. Bescou

Suite au décès brutal de son associé, Cyril Mignon a dû aménager la charge de travail sur son exploitation. La ferme produisait alors 720 000 litres de lait en conventionnel. « L’hiver 2023-2024 a été très compliqué, entre le décès de mon associé, la tempête Ciaran qui a fait de nombreux dégâts, j’avais l’impression de ne plus voir le jour : je devais réagir assez vite et prendre les bonnes décisions », se remémore l’éleveur installé depuis 2016. Pour cela, il se fait accompagner par les conseillers de la chambre d’agriculture.

Fiche élevage

92 ha de SAU dont 77 ha accessibles aux vaches

27 % de maïs dans la SFP

115 vaches Procross (croisement red Holstein x montbéliarde x rouge scandinave)

Vêlages étalés toute l’année

Bâtiment aire paillée avec 80 places à l’auge et salle de traite 2x12

 

 
<em class="placeholder">vaches Procross marchant sur la route pour retrouver leur pâture</em>
Le passage en monotraite en avril a fait chuter la production de lait du troupeau de 30 %. Au retour de la double traite quotidienne en octobre, dix jours suffiront pour retrouver le niveau d'étable initial. © P. Bescou

« J’ai rapidement envisagé la monotraite sur une partie de l’année. Mon système en place, assez pâturant, avec un coût alimentaire assez faible, un troupeau Procross très sain, notamment en leucocytes, avec seulement 6 500 litres livrés par vache et par an me le permettait. Nous avions déjà supprimé la traite du dimanche soir. Il fallait franchir le dernier pas. Ainsi, lorsque les travaux des champs ont commencé le 20 avril, je suis passé en monotraite. » La production de lait chute alors de l’ordre de 30 % sans évolution des leucocytes.

Dégager une bonne marge brute grâce à un système pâturant

« Cela change fondamentalement l’approche du métier. À 10 h 30 tous les jours, l’astreinte de la journée est terminée, de quoi nous laisser le temps pour avancer sur les autres tâches saisonnières. Pour aller au bout des choses, j’ai arrêté de distribuer du maïs pendant un mois et demi. Nous avons repris la bi-traite le 10 octobre. Les vaches nous ont fait comprendre qu’il était temps. Les conditions météo se dégradaient, l’herbe était moins poussante, et moins appétante. Il a fallu dix jours pour retrouver le niveau d’étable initial. Je n’ai vraiment aucun regret concernant notre première campagne. »

Si, dans certaines exploitations pratiquant la monotraite, la baisse de volume par vache présente peut se compenser par l’augmentation du nombre d’animaux, ceci n’était pas possible chez Cyril en raison d’un bâtiment déjà saturé, et de la pression azotée à l’échelle de l’exploitation.

La stratégie fourragère n’évoluera pas non plus à court terme. En raison du chargement élevé, et des aléas climatiques qui se succèdent, la sécurité reste le maître mot. Cependant, suivant l’évolution de contractualisation des MAEC, certaines exploitations peuvent parfois revoir leur copie.

Maintenir un EBE hors main-d’œuvre suffisant

Une baisse de l’EBE de 25 000 € en passant à la monotraite partielle
 Résultats technico-économiques sur un an
 Système précédentMonotraite 6 mois dans l’année
Lait livré720 000 l650 000 l
Lait/UTH288 000 l216 000 l
Niveau de production6 260 l/VL5 652 l/VL
TB/TP (g/l)43,3/33,343,6/33,4
Coût alimentaire VL100 €/1 000 l111 €/1 000 l
Marge brute256 578 €204 434 €
EBE hors main-d’œuvre133 913 €108 933 €
Source : Cyril Mignon

L’aspect financier représente le premier frein pour l’allègement de l’astreinte. Avec des montants de reprise parfois importants, ou bien en raison d’investissements liés à la modernisation de l’outil de production, les annuités bancaires sont souvent élevées en début de carrière.

« Malgré un système de production qui ne nécessitait pas beaucoup d’investissements, nos annuités s’élevaient à 32 000 €, soit 45 €/1 000 l », témoigne Cyril. La salle de traite a été changée en 2020 pour gagner en confort de travail. Coût : 80 000 €. Un nouveau hangar de stockage a également été construit. « L’efficacité économique du système en place nous permettait d’autofinancer une partie de ces investissements. Pour autant, la marge de manœuvre n’est pas assez importante pour me permettre de perdre 30 % de lait. »

D’autant plus que la masse salariale a augmenté entretemps. Son frère Florent qui était à mi-temps est passé à plein temps. Ophélie, sa compagne, les a rejoints à plein temps également. L’exploitation compte aujourd’hui 3 UTH dont 2 UTH salariées. Pour pallier à ces différents postes, l’EBE hors main-d’œuvre doit se situer aux alentours de 110 000 €.

Faut-il grouper les vêlages ?

Avec la mise en place de la monotraite, partielle ou non, l’aboutissement serait le groupage des vêlages. Si d’accoutumée, ils se font plutôt au printemps, calés sur la pousse de l’herbe, les vêlages groupés d’automne pourraient avoir des avantages dans de tels systèmes. La ration hivernale est généralement plus coûteuse en raison de la part de fourrages stockés et de correcteur azotés dans la ration. Certains éleveurs cherchent la rentabilité économique avec un mois moyen plus bas sur cette période. Ramenée aux litres vendus, cette ration coûte alors moins cher.

De plus, du point de vue organisation du travail, des vêlages de septembre-octobre entraînent mathématiquement des tarissements de juin-juillet, de quoi alléger l’astreinte en période estivale propice aux congés. Cyril Mignon ne l’envisage pas pour autant pour l’instant : « nous avons fait le choix des vêlages étalés car nous préférons lisser les pics d’activité liés aux vêlages et nous n’avons pas une nurserie suffisamment grande pour travailler avec un nombre important de veaux ».

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