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"Nous nous sommes lancés dans le compact feeding car les vaches n’exprimaient pas leur potentiel"

Témoignage du premier élevage français à s'être lancé dans le compact feeding. Les résultats obtenus sont prometteurs.

Ce nouveau concept a séduit les associés de l'EARL des deux Sabots, dans la Sarthe.
© E. Bignon

"Avant de nous lancer dans le compact feeding, il y avait beaucoup de refus, les vaches triaient la ration et ne mangeaient pas suffisamment… J’espérais améliorer les résultats du troupeau mais je ne pensais pas gagner 3 litres de lait par vache en trois semaines ! Nous sommes passés de 30 l/VL/j à 33 l/VL/j sans modifier quoi que ce soit à la composition de la ration, sinon en ajoutant autant d’eau que de quantités de concentrés, témoigne un éleveur installé en Sarthe avec 180 laitières hautes productrices à 10 477 kg de lait brut (34,8 g/l TP, 43,9 g/l TB : taux laiterie 2016). Je suis le premier surpris des performances obtenues. » Sur l’année 2016, en excluant les mois d’été où les vaches ont souffert du stress hydrique, le TP a gagné 2 points et le TB 2,5 points par rapport à l’année précédente. Les vaches reçoivent une ration complète mélangée à base 15,6 kg MS de maïs ensilage, 3,4 kg MS d’ensilage d’herbe, 1,8 kg brut de tourteau de soja, 4,5 kg brut de tourteau de colza, 2 kg brut de coques de soja, 380 g de CMV et 9,5 l d’eau (1).

Cette technique exige rigueur et régularité

Au départ, l’éleveur laissait tremper les concentrés dans sa mélangeuse (une Triolet Solomix double vis verticale de 18 m3) pendant deux heures. Désormais, le trempage n’excède pas 15 mn, « nous jugeons que c’est suffisant pour que les granulés se délitent et qu’il n’y ait plus de bouchons ». « Nous ajoutons ensuite l’ensilage d’herbe et on mélange pendant 20 mn jusqu’à ce que l’on ne distingue plus de brins d’ensilage d’herbe. » La ration ressemble alors à une pâte compacte. L’ensilage de maïs est ajouté ensuite, mais sans jamais stopper le mélange. « Il faut trouver le bon réglage pour que l’ensemble du mélange bouge bien dans la machine. » À noter que l’ensilage de maïs est coupé particulièrement fin entre 6 et 10 mm. « Nous préférons faire travailler un peu plus l’ensileuse (réglage à 6 mm) et un peu moins la mélangeuse. Cette dernière est simplement là pour mélanger. Couper le fourrage dans la mélangeuse coûte trop cher, prend énormément de temps et ne fonctionne correctement qu’avec la paille et le foin. »

Comme la ration se trouve complètement mixée, les risques d’erreur sur la structuration de la ration s’avèrent limités quel que soit le chauffeur de la mélangeuse.

Le temps de distribution est rallongé

Le temps de distribution se voit rallongé et la consommation de fioul augmentée. « Nous mettons trois heures chaque matin pour faire quatre mélanges (2 lots de VL, génisses et taries). Nous espérons gagner du temps grâce au nouveau bol automoteur à vis verticale de 16 m3 que nous venons d’acheter. » Un temps d’apprentissage est nécessaire. « Il nous a fallu environ deux mois pour bien se caler. Nous avons eu quelques pieds rouges et un peu de diarrhées au départ. Aujourd’hui, ça va bien, mais le compact feeding exige une grande rigueur et de la régularité. Nous avons encore des problèmes de pieds mais plutôt liés au manque de confort dans les logettes. »

L’efficacité alimentaire, refus déduits, s’élève à 1,37, contre plutôt 1,20-1,25 en moyenne en France. « L’ingestion a augmenté, les vaches consomment 26 kg MS par jour en moyenne, ce qui pousse à être vigilants quant aux stocks fourragers. » Ramené aux 1 000 l, le coût alimentaire s’élève à 100 €, contre 115 € pour le groupe de référence des troupeaux à plus de 9 000 kg/VL, sans pâturage.

(1) UFL : 0,94/kg MS, Amidon 23,5 %, PDIN 97, PDIA 40, MAT 14,9 %, Lys/Met 3,7, CB 17,8 %, NDF 37,5 %.

 

Lire aussi : Le compact feeding empêche les vaches de trier la ration

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