Aller au contenu principal

Les éleveurs laitiers sont de plus en plus séduits par la betterave fourragère

La betterave fourragère assure une sécurité alimentaire à l’élevage, tant en volume qu’en valeur nutritionnelle. Quelle que soit l’année climatique, sa composition en valeur énergétique varie peu, contrairement au maïs qui connaît davantage de variabilité.

« Dans les rations des vaches laitières, la betterave fourragère est un bon moyen pour augmenter et diversifier la ressource en sucre, indique Lionel Vivenot, conseiller élevage laitier chez ULM, l’Union laitière de la Meuse. Riche en sucre, cette culture contient une valeur alimentaire stable et une valeur UF Lait supérieure à celle de l’ensilage de maïs, d’autant plus marquée en situation de sécheresse. La betterave fourragère apporte également une source d’énergie supplémentaire à l’ensilage d’herbe. »

Dans la Meuse, une vingtaine d’éleveurs laitiers, dont certains en appellation brie de Meaux, s’intéressent de près à cette culture. Ils constatent qu’une alimentation enrichie en betteraves fourragères permet aux animaux de prendre du poids pendant l’hiver. Jusqu’à 20 kilos de poids vif par vache dans certains élevages. « De plus, selon la qualité fourragère, la vache gagne un à deux points de protéines et jusqu’à deux points supplémentaires de matière grasse », précise Daniel Louazel, conseiller spécialisé lait à la chambre d’agriculture des Ardennes.

De la matière sèche et du sucre

« Le facteur déterminant dans le calcul de la ration est le besoin en sucres des animaux, indique Daniel Louazel. Plus le taux de matière sèche (MS) de l’aliment est élevé, plus son taux de sucre est important. Pour éviter des problèmes de digestibilité, il est essentiel de ne pas dépasser un taux de sucre de 4 à 5 % dans la ration. Ainsi, pour des betteraves fourragères peu sucrées avec un taux de matière sèche de 12 à 13 %, il convient d’en distribuer jusqu’à 3 kg MS par jour et par vache soit 20 kg brut. Par contre, pour des betteraves à 21 % MS, il est préférable de se limiter à 10 kg brut soit 2 kg MS. »

Lorsque les parcelles de betteraves fourragères sont facilement accessibles pour les vaches, il est possible de les faire pâturer en été, notamment quand l’herbe des pâtures pousse moins, pour un coût très faible. La pose d’un fil électrique permet de ne laisser à disposition que quelques rangs par jour. « C’est économiquement intéressant car, dans ces conditions, il n’y a pas de récolte mécanique de la parcelle et la qualité du désherbage importe moins », indique Daniel Louazel.

Dans ses suivis et selon les situations climatiques, l’ULM a constaté de grandes variabilités de rendements en matière sèche, en sucre et en UFL de la betterave fourragère. « Difficile dans ces conditions pour l’éleveur de calculer précisément ses besoins en surface de production, souligne Lionel Vivenot. Par conséquent, ils effectuent généralement leur calcul avec un rendement moyen de 60 tonnes brutes par hectare et un taux de matière sèche de 18 %. »

Bien stockées, bien conservées

Dans la pratique et selon la région, la betterave fourragère est majoritairement mélangée à de la paille, du foin ou de l’ensilage de maïs puis distribuée à l’aide d’une mélangeuse. Certains éleveurs disposent d’un godet hacheur qui leur permet de hacher la quantité de betteraves prévues pour deux à trois jours de ration sans exposer la racine à des problèmes d’oxydation.

Le stockage s’effectue principalement à plat dans des silos de 4 à 6 m de large et sur une hauteur de 1,50 à 1,80 m. Il reste conseillé de ne pas excéder 2 m de haut pour permettre une bonne aération du silo. Idéalement, pour que la terre sèche, le stockage des betteraves fourragères est préconisé pour trois semaines au minimum, au sec et à l’abri. « Ainsi, dans des zones de production de fromage à base de lait cru comme le brie de Meaux, les risques de pathogènes tels que la listéria sont limités », prévient Lionel Vivenot. En hiver, si la température extérieure descend en dessous de -5°C, alors il convient de couvrir le tas de racines avec un géotextile ou un lit de paille pour permettre sa conservation.

« Nos vaches raffolent de la betterave fourragère »

Au Gaec du Monty, Levoncourt (55), 3 associés, 110 vaches laitières en appellation lait brie Meaux, 280 ha dont 150 ha de grandes cultures.

« Nous cultivons des betteraves fourragères depuis quatre ans. Elles représentent une alternative intéressante face à la problématique de disponibilité de fourrage et se combinent bien avec du maïs ou de l’herbe. Contrairement au maïs, la betterave est capable de produire du rendement et de la matière sèche même en situation de sécheresse. En août, elle acquiert de la valeur alimentaire, soit 1,20 UF/kg MS et ne la perd jamais. Après la récolte, nous stockons à plat sous un bâtiment entre des balles carrées sur une hauteur d’environ 2 mètres. Nous remarquons que nos vaches ont une bonne capacité de digestibilité de la betterave fourragère ce qui améliore leur bien-être. Nous constatons également avoir moins recours aux services vétérinaires, les animaux étant moins exposés à des problèmes de boiteries ou d’abcès. Nous sommes aussi plus sereins au quotidien. Jusqu’au 10 avril, chaque vache a profité de 12 à 13 kg/j de betteraves fourragères (soit près de 2 kg MS/j), idéalement distribués en deux fois sur la journée pour étaler leur consommation. Avec cette alimentation, notre lait gagne deux à trois points de gras. »

Côté éco

Estimation du coût de production de la betterave fourragère

]]> Charges opérationnelles : 600 €/ha

]]> Mécanisation et main-d’œuvre hors récolte : 440 €/ha

]]> Fermage et entretien du foncier : 160 €/ha

]]> Récolte y compris la main-d’œuvre : 450 €/ha

]]> Frais de stockage : 100 €/ha

]]> Total : 1 750 €/ha

Ce coût reste plus élevé que celui du maïs rendu silo (1 350 €/ha d’après les données éleveurs de la Meuse) mais il est compensé par la quantité d’UFL produites.

Le saviez-vous ?

Une fois récoltée, entre le 15 septembre et le 15 novembre, la betterave fourragère ne se conserve en l’état que jusqu’au 15 avril. Ainsi, pour être plus autonomes et nourrir les vaches avec de la betterave fourragère toute l’année, quelques éleveurs meusiens réalisent de l’ensilage de betteraves, à titre expérimental.

Les plus lus

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

Pièce de monnaie
Prix du lait : Sodiaal payera 485 €/1 000 l pour 2023 en conventionnel

En conférence de presse le 4 avril, Damien Lacombe, président de Sodiaal, a annoncé 14,4€/1000 litres de ristournes pour les…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

veaux en igloo individuel
Les bons gestes pour des veaux laitiers en pleine forme dès la naissance

Il n’y a pas une seule et unique recette pour élever un veau. Ce qui est sûr, c’est que les premiers jours sont déterminants…

Éleveuse veaux pouponnière
« J’utilise zéro antibiotique pour élever mes veaux laitiers »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Restquelen enregistre 3,3 % de mortalité périnatale sur les quatorze derniers mois. Les…

Yohann Barbe, président de la FNPL élu le 8 avril 2024
Yohann Barbe, nouveau président de la FNPL : « Nous ne devons plus perdre ni litre de lait, ni actif pour le produire »

Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a été élu président de la FNPL le 9 avril. Il livre sa feuille de route à Réussir Lait…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière