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Les élevages passés en bio s’en sortent bien

Une étude du réseau GAB-Frab (1) sur quatorze exploitations bretonnes montre un renforcement de leur efficacité économique cinq ans après le début de leur conversion.

Les exploitations les plus efficaces de l’étude sont celles qui maximisent le pâturage.
Les exploitations les plus efficaces de l’étude sont celles qui maximisent le pâturage.
© E. Bignon

« De 2009 à 2011, la crise du lait, des aides à la conversion incitatives et le changement du cahier des charges de l’agriculture biologique ont amené de nombreuses exploitations à se convertir à la bio, avec pour certaines des systèmes relativement intensifs, assez éloignés de la bio, explique Guillaume Michel, du GAB 22. Il nous a semblé intéressant de suivre quatorze élevages pendant cinq ans pour voir comment ils s’en sortaient. La comparaison avec les données de BCEL Ouest et de Cogédis montre que les fermes s’étant converties à la même période ont suivi les mêmes tendances. »

La majorité des fermes suivies (80 %) ont développé un système fourrager basé sur l’herbe pâturée. Avant, toutes avaient plus de 10 % de maïs dans la SFP (neuf en avaient plus de 20 %). Cinq ans après, toutes en ont moins de 20 %, onze en ont moins de 10 % et trois n’en cultivent plus. Le maïs a été remplacé par des prairies exploitées prioritairement par le pâturage. La part de SFP dans la SAU est passée en moyenne de 77 % à 93 %.

Une conversion plus aisée avec une situation de départ saine

La production de lait par vache a baissé de 300 à 1 200 litres suivant les élevages et se situe entre 4 100 litres et 7 000 litres par vache. « L’ampleur de la baisse est liée au niveau de production initial et à l’importance des changements, précise Guillaume Michel. Les baisses les plus importantes sont observées chez les éleveurs ayant beaucoup diminué la part du maïs. Mais pour ces éleveurs, qui ont trouvé un optimum économique, la réalisation du quota n’est plus un objectif. » Quand la surface le permet, la baisse de production a toutefois été compensée par une augmentation du nombre de vaches.

Alors que la gestion de la santé du troupeau est un frein majeur à la conversion, l’étude montre aussi que pour tous les éleveurs la santé des animaux s’est améliorée, avec une baisse des frais vétérinaires par UGB. Les quatorze exploitations ont aussi vu leur coût alimentaire baisser pour s’établir en moyenne à 85 €/1 000 l, grâce au développement du pâturage, à une taille de cheptel adaptée à la SFP et à une autonomie en concentrés renforcée.

Au final, « toutes les fermes ont vu leur efficacité économique s’accroître, avec une autonomie renforcée », résume Guillaume Michel. Les ratios valeur ajoutée/produit de l’activité et EBE/UTH ont augmenté et se situent en moyenne au-dessus de la moyenne régionale des exploitations laitières. Les exploitations bio ont bénéficié d’un contexte favorable depuis cinq-six ans, même lors des années climatiques plus difficiles car il y a eu une réorientation des aides en leur faveur. « La conversion a été toutefois plus aisée quand la situation de départ était saine et a permis d’amortir les charges en plus et le produit en moins liés à la conversion. Le passage en bio ne doit pas avoir pour but de redresser une exploitation déjà en difficulté. »

Bien gérer l’herbe et le pâturage

L’étude montre aussi l’importance de la stratégie alimentaire. « Le développement de l’herbe pâturée est un socle commun mais le pâturage n’occupe pas toujours la même place. » La moitié des fermes, qui disposent en général d’un bon parcellaire, ont une stratégie de maximisation du pâturage, avec 59 % de la ration annuelle fournie par le pâturage (4 % par le maïs, 31 % par les stocks). Trois exploitations, en polyculture-élevage, ont gardé une stratégie mixte, avec une légère baisse du maïs ensilage (passage de 29 % de la ration à 23 %), un pâturage qui a peu évolué (de 45 % à 48 % de la ration) mais plus de stocks (de 15 à 25 % de la ration). Enfin quatre exploitations ayant beaucoup de surfaces non accessibles aux vaches ont développé l’affouragement en vert (41 % de la ration) et les stocks d’herbe (22 %) en diminuant le maïs (de 44 à 15 % de la ration) mais aussi le pâturage.

Un contexte favorable depuis 5 à 6 ans

Ces fermes sont celles qui ont subi la chute de production la plus importante mais qui ont conservé le niveau de production le plus élevé et la quantité de concentré la plus importante. « Les exploitations les plus efficaces sont celles qui maximisent le pâturage et ont de ce fait un coût alimentaire inférieur de 50 % à la stratégie affouragement en vert et de 25 % à la stratégie stocks. » Enfin, 90 % des éleveurs enquêtés affirment qu’ils ne reviendront pas en arrière, sans pour autant nier les difficultés au moment de la transition.

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