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Le sorgho monocoupe tire son épingle du jeu en conditions sèches

Conservé en ensilage et avec des valeurs alimentaires intéressantes, le sorgho monocoupe représente une alternative au maïs ensilage. Surtout dans les terres superficielles et s’il peut être conduit jusqu’à maturité, d'après les essais d'Arvalis.

Le sorgho monocoupe permet de diversifier et de sécuriser les stocks, tout en étant intéressant au niveau nutritionnel et pour la santé des vaches. Entre un sorgho qui fournit un peu moins de rendement mais qui est doté d'une meilleure résistance à la sécheresse, et un maïs avec un meilleur potentiel de rendement mais qui présente une plus grande sensibilité aux aléas climatiques, lequel cultiver ? Arvalis a mené des essais pour donner des clés de décision.

De 2021 à 2023, des parcelles de sorgho et de maïs ont été implantées dans différentes fermes expérimentales(1). Sorgho et maïs ont été semés à la même date, sur la seconde quinzaine de mai. Pour la moitié des essais, le sorgho a été récolté à la même date que le maïs. Pour l’autre moitié, le sorgho a été ensilé à maturité, soit huit à trente jours plus tard. 

En conditions à faible potentiel – celles où le maïs fait habituellement moins de 11 tMS/ha – quand la récolte intervient à la même date, il n’y a pas de différence significative de rendement entre les deux cultures. Et si le sorgho est récolté à maturité, son rendement est souvent supérieur à celui du maïs. « Le sorgho a la capacité de continuer à produire de la biomasse en septembre alors que le maïs n’en fera plus », explique Silvère Gélineau, ingénieur productions fourragères à Arvalis. 

Dans les parcelles à bon potentiel – celles où le rendement en maïs est supérieur à 11 tMS /ha – quand l’ensilage de sorgho et de maïs sont réalisés à la même date, le rendement du sorgho est inférieur de 2 à 2,5 tMS/ha à celui du maïs. « Mais le sorgho rattrapera son retard s’il est récolté plus tard », temporise Silvère Gélineau. Ce qui montre que le sorgho est particulièrement intéressant dans des conditions difficiles, quand il peut profiter d’une arrière-saison avec un peu de pluie et être récolté à maturité, soit quinze à trente jours après le maïs. Plus rustique, le sorgho peut concurrencer le maïs en année sèche, dans les terres à faible potentiel, sans irrigation.

Une configuration favorable au sorgho demain

En complément des essais, des modélisations de cultures de maïs et de sorgho ont été réalisées sur vingt ans pour voir à quelle fréquence l’année était plus favorable au sorgho qu’au maïs. Dans les sols à bon potentiel, il y a peu d’années où le rendement du sorgho apparaît supérieur à celui du maïs, de deux à quatre années sur dix. « Meilleur sera le potentiel du sol, meilleur sera le rendement du maïs, donc moindre sera l’intérêt du sorgho », reconnait Silvère Gélineau.

C’est bien dans les sols à faible potentiel et avec suffisamment de cumul de températures que le sorgho est intéressant. Des situations que l’on retrouve dans la vallée du Rhône et dans le triangle Rennes-Bordeaux-Troyes.

Le cas particulier de l’année 2022, année sèche mais avec une arrière-saison favorable, configuration favorable au sorgho, préfigure ce que pourraient être les futurs étés avec la hausse des températures. « Des années avec un été sec et un peu de pluie sur septembre permettent au sorgho d’exprimer son potentiel de rendement alors que le maïs est vite freiné », conclut Silvère Gélineau.

(1) Fermes expérimentales des Bouviers (35), de La Jaillière (44), de Saint-Hilaire-en-Woëvre (54), des Bordes (36), du Mourier (87), de Ploërmel (56), et sur le site Inrae de Nouzilly (37).

Le rendement se prépare dès le semis

Pour que le sorgho puisse pleinement exprimer son potentiel de production, l’installation est une période clé. « Chaque année, des essais sont conduits pour améliorer la maîtrise de l’itinéraire technique, notamment pour parvenir à réduire les pertes à la levée », partage Mickaël Venot, ingénieur productions fourragères à Arvalis.

Pour un bon démarrage du sorgho, le semis doit se faire sur un sol réchauffé, à une température supérieure à 12 °C, et à une profondeur comprise entre 2 et 4 cm, ce qui permettra une levée rapide. Un roulage après semis améliore la levée. Même si le semis est possible avec un semoir à céréales, mieux vaut privilégier un semoir monograine pour sa précision.

Pour minimiser la concurrence des adventices, il faut intervenir en prélevée ou à partir de 3 feuilles. Un désherbage mécanique est aussi possible, par exemple avec une herse étrille en aveugle post-semis ou après le stade 3 feuilles.

Attention, même récolté à maturité, le sorgho a tendance à couler. Pour éviter de perdre des sucres et des protéines par écoulement, il peut se montrer judicieux de conserver le sorgho par-dessus un ensilage de maïs pour que celui-ci absorbe les jus.

 

Avis d'éleveur : Thomas Gauthier, associé du Gaec du Baril, en Loire-Atlantique

 

<em class="placeholder">Thomas Gauthier, éleveur</em>

« Une culture rustique »

« Nous cultivons du sorgho monocoupe depuis six ans. Ce fourrage nous a intéressés pour ses aspects nutritionnels. Il est digestible, riche en sucres. Et il apporte également de l’appétence à la ration, donc les vaches ingèrent plus. Nous en cultivons 10 ha en plus des 110 ha de maïs, nécessaires à l’alimentation de nos 235 laitières, plus les taurillons et vaches allaitantes. Cette année, nous avons même prévu d’en implanter 17 ha. La culture nous a convaincus par sa rusticité. Elle est peu gourmande en intrants, et résiste bien dans tous types de sols. Le sorgho demande moins d’eau que le maïs et surtout résiste mieux à la sécheresse. S’il manque d’eau, sa croissance s’arrête mais il repart dès que la pluie revient, ce qui n’est pas le cas du maïs. Nous avons la chance de pouvoir irriguer. Si à l'avenir, il y a de plus en plus d'épisodes de sécheresse et de restrictions d’irrigation, il n'est pas impossible que nous en cultivions davantage encore pour sécuriser l’alimentation du troupeau. »

 

 

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