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Aliment du bétail
Le dactyle mérite d´être redécouvert

Le dactyle a bénéficié, ces dernières années, de larges progrès génétiques. Si par le passé, bon nombre d´éleveurs ont connu des déboires avec cette graminée, ce dernier est aujourd´hui beaucoup plus facile d´utilisation.


« Le dactyle est une des graminées qui a été la plus améliorée ces dernières années. C´est une espèce pour laquelle il y a régulièrement des sorties de variétés extrêmement intéressantes », affirme Michel Straëbler, du Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis). « La gestion du dactyle s´est beaucoup simplifiée. On a gagné 10 à 15 jours d´exploitation », souligne-t-il. Cela laisse plus de temps aux éleveurs pour réagir quand l´épi commence à monter. Les variétés récentes sont nettement plus résistantes aux maladies comme la rouille. La sélection a également permis d´améliorer la productivité mais aussi la répartition de la production en augmentant le rendement pendant l´été et l´automne. Le dactyle est ainsi complémentaire d´autres prairies moins productives sur cette période. Vingt-neuf variétés, presque toutes tardives, sont aujourd´hui inscrites au catalogue officiel.
Repousses déjà abondantes d´un mélange à base de dactyle ©SR

Une excellente adaptation aux milieux secs
Même si le dactyle est essentiellement cultivé au Sud de la Loire et surtout dans le Sud-Ouest, les ventes progressent sur l´ensemble du territoire. Il représente environ 10 % des quantités de semence de graminées fourragères vendues en France.
Sa forte présence au Sud de la Loire s´explique par son remarquable comportement en conditions de sécheresse. C´est son atout majeur. Il résiste aux températures élevées et pousse jusqu´à 30 ºC. Il résiste également bien au froid et à une couverture neigeuse. Par contre, le dactyle supporte très mal les inondations et les terrains humides et par conséquent le pâturage par période pluvieuse.
C´est une espèce très productive. C´est aussi la graminée fourragère la plus riche en protéines. Et, sous réserve de bien maîtriser le premier cycle, le dactyle est une graminée appétente. Selon une étude menée par Luc Delaby, ingénieur de recherche à l´Inra de Rennes, la production laitière avec un pâturage de dactyle est en moyenne inférieure de 1,5 kg à celle obtenue avec un pâturage de RGA tardif pour un TP identique et un TB augmenté de 1,8 g/kg Après la fétuque élevée, c´est aussi l´espèce fourragère prairiale la plus pérenne. Une prairie de dactyle peut produire pendant 4 à 8 ans même en conditions difficiles si elle a été bien conduite, notamment bien désherbée.
Une seule épiaison annuelle
Le dactyle produit aussi des repousses abondantes en automne qui permettent d´allonger la saison de pâturage. Au printemps, sa croissance est précoce - dès fin mars début avril, selon les régions et les variétés. Les dates d´épiaison s´étalent généralement de la fin avril à la mi-mai. L´intervalle de temps disponible pour le pâturage peut donc être très court et rend le pâturage du dactyle difficile en première pousse. Si l´on désire faire pâturer cette première pousse de printemps, il est préférable de choisir les variétés les plus tardives. Dès la fin de la montaison, la qualité de l´herbe se dégrade rapidement et les refus deviennent importants. Il faut donc être très réactif au printemps et faire manger les épis pendant qu´ils montent. Pour la fauche, au printemps, une exploitation juste avant l´apparition des premiers épis permet d´obtenir une quantité de fourrage très riche en azote et de très bonne qualité. Une semaine avant le début de l´épiaison, la valeur alimentaire atteint 0,91 UFL, 121 g de PDIE et 98 g de PDIN. Après la fauche de l´épi au premier cycle, les repousses seront uniquement feuillues et mieux adaptées à la pâture. Ces repousses abondantes et de bonne qualité doivent être exploitées toutes les 5 à 6 semaines. Par ailleurs, après chaque exploitation et même en été, le dactyle valorise très bien des apports d´azote importants.
Soigner l´implantation
Le dactyle peut être semé au printemps ou en fin d´été. Au printemps, mieux vaut effectuer les semis suffisamment tôt pour qu´en cas de sécheresse précoce les jeunes plantules soient déjà bien enracinées. Dans les zones craignant la sécheresse, les semis de fin d´été sont plus sûrs. En fin d´été, il faut semer aussi tôt que possible - souvent début septembre - de façon à permettre au dactyle d´atteindre le stade minimum 3 feuilles-début tallage avant les premiers froids. En effet, si le dactyle, une fois installé, résiste bien au froid, il y est sensible, à l´implantation, entre les stades levée et tallage. Le dactyle est assez difficile à implanter car les graines sont de petite taille et de germination lente. Afin d´éviter les échecs, il est important de semer en surface à 1 ou 2 cm de profondeur maximum, dans une terre bien émiettée et de rappuyer ensuite.
Pour les mêmes raisons, il est sensible à la concurrence des mauvaises herbes à l´implantation. Il faut donc être vigilant et intervenir rapidement si les mauvaises herbes se développent. Cette intervention peut consister en une fauche de nettoyage, en un pâturage court mais intense (si la portance le permet) ou en un désherbage chimique (dès le stade 3-4 feuilles). Le désherbage peut être précoce avant l´hiver ou en rattrapage en sortie d´hiver dès la première année.
En culture pure, la dose de semis est de 15 à 20 kg/ha. Dans le cas d´une association avec la luzerne, on sèmera 10 à 12 kg de dactyle (variété tardive ou très tardive) pour 10 à 15 kg de luzerne par hectare.
Souvent associé à une légumineuse
Le dactyle possède une bonne capacité d´adaptation avec les légumineuses. Dans les prairies à dominante fauche, l´association avec la luzerne est particulièrement intéressante, sous réserve d´un pH supérieur à 6,5. La production de la prairie est mieux répartie dans l´année. La luzerne fixe l´azote de l´air et une partie de cet azote est récupéré par le dactyle, ce qui représente une économie d´engrais non négligeable. Par rapport à un dactyle seul, l´association avec une luzerne permet d´obtenir des rendements plus réguliers d´une année sur l´autre et un fourrage plus appétent, de valeur alimentaire plus stable et moins perturbée par la chute rapide de qualité du dactyle. La présence de luzerne rend toutefois le pâturage plus difficile à maîtriser compte tenu des risques de météorisation. L´installation et le désherbage de l´association sont plus délicats que pour une culture pure. Dans les prairies à dominante pâture, le dactyle s´associe facilement avec le trèfle blanc. Il convient toutefois d´utiliser des variétés de trèfle blanc à feuilles larges, plus agressives.

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