Aller au contenu principal

Pour se préparer à l'aprés 2013
L'Allemagne en marche vers plus de compétitivité

Comment les éleveurs allemands font-ils pour résister à la crise ? Des aides nationales soulagent la trésorerie des plus modestes, mais l’augmentation de la production est le pari tenté par une majorité.

Nordmilch, le numéro 1 allemand se prépare à la libéralisation depuis 2004. En juin, ses adhérents et ceux d'Humana, le numéro 2, se prononceront sur une éventuelle fusion.
Nordmilch, le numéro 1 allemand se prépare à la libéralisation depuis 2004. En juin, ses adhérents et ceux d'Humana, le numéro 2, se prononceront sur une éventuelle fusion.
© C.Reibel

La statistique qui retrace l’évolution de la production laitière dans l’Union européenne en 2009 est éloquente. Grosso modo, les éleveurs allemands ont livré en plus ce que leurs collègues français ont trait en moins. « Chaque litre produit est payé. Même si le prix est bas, c’est de la trésorerie qui rentre pour régler les échéances des prêts », raisonne Dirk Beneke, qui a investi en 2006 dans un bâtiment de 250 places près de Brême. Gerhard Linke est, lui, responsable d’un atelier de 500 vaches à 11000 litres (38mg et 35 MP) de moyenne près de Berlin.

En mars 2010, Nordmilch a payé les 1000 litres 275 € toutes primes confondues. « C’est insuffisant. Nous équilibrons tout juste », commente Gerhard.

Produire le volume maximum pour faire rentrer de la trésorerie

Pour résister, la productivité par vache a été poussée au maximum. Les efforts ont porté sur le confort et la santé du troupeau, la qualité des fourrages. Comme beaucoup, il fait le gros dos en espérant des jours meilleurs. Certains de ses voisins ont arrêté. D’autres, quitte à largement emprunter, ont investi dans le biogaz et/ou la production d’électricité photovoltaïque pour avoir une seconde source de recettes à un prix garanti.

Ces stratégies ne sont pas toujours transposables dans le Sud où les élevages sont en moyenne plus modestes. Ces éleveurs vivent sur leurs réserves et beaucoup sont déboussolés. Des dizaines d’entre eux cherchent à changer de laiterie pour accéder à un litre de lait mieux payé. Le cas le plus emblématique est celui de la coopérative Allgäuland en Bavière. Ce fromager traite 589 millions de litres par an. Il est sur la corde raide. 37 % de ses 2500 apporteurs souhaitent passer chez le spécialiste des produits frais Zott. La laiterie a engagé un plan de restructuration pour espérer les retenir avant la fin de leur préavis dans deux ans.

Pour ces producteurs désemparés, un premier programme d’aides essentiellement nationales adoucit la pilule. L’Allemagne a prévu près de 750 M€ sur deux ans. Ils seront distribués sous forme de deux primes, à la vache (21 €/tête) et à l’herbe (37 €/ha), d’aides à la trésorerie et au régime d’accidents agricoles. Réglementation européenne oblige, le soutien direct est plafonné à 15 000 € sur deux ans par exploitation. Les grosses cylindrées du Nord et de l’Est du pays ne pourront donc guère compter sur cet appoint pour redresser la barre.

Pas de cadre pour les contrats producteurs/transformateurs

Dans un second temps, les éleveurs recevront 61 M€ des 350 M€ d’aides exceptionnelles lâchées par l’Union européenne fin 2009.

Enfin, les producteurs qui investissent pour préparer la fin des quotas, ou qui exploitent extensivement, ou installés dans des zones défavorisées, auront accès à une enveloppe de 84 M€ venant des fonds structurels européens pour le développement rural. Ces aides permettront de passer un cap, mais ne devraient pas inverser la baisse inéluctable du nombre de producteurs. La chambre d’agriculture de Basse-Saxe table sur une division par deux de leur nombre d’ici dix ans. Sans aller aussi loin, un rythme de restructuration de 3 à 4% par an est jugé réaliste par tout le monde.

La disparition des quotas semble s’être imposée dans les esprits. Le BDM, équivalent de l’Apli en France, n’évoque plus que du bout des lèvres des «mesures de régulation de l’offre ».

Ses dernières prises de position mettent plus l’accent sur le besoin de « retour de valeur ajoutée » aux producteurs et du « renforcement » de leur position sur le marché. En Bavière, l’association des producteurs de lait, émanation du DBV, plaide pour que les groupements de producteurs livrant aux grosses laiteries privées se rapprochent afin d’être en position plus favorable pour négocier le prix. « Nous ne sommes plus dans un marché régional ou national, mais global », martèle Hans-Jürgen Seufferlein, son directeur.

La contractualisation entre producteurs et transformateurs figure aussi à l’ordre du jour. Le MIV, la fédération de l’industrie laitière, et le DBV, le syndicat agricole majoritaire, s’accordent pour demander des contrats sous toutes les formes imaginables. Le MIV est favorable aux contrats individuels. Le DBV réclame des contrats « noir sur blanc assez souples pour pouvoir s’adapter aux réalités du marché ». ■

Lire le reste de l'article dans la revue de juin 2010 - page 8 à 10

Les plus lus

<em class="placeholder">Vache laitière au robot de traite.</em>
Sept conseils pour faciliter l’adaptation des génisses à la traite robotisée
Les premiers passages au robot de traite demandent patience et accompagnement. Un peu d’anticipation et quelques astuces vous…
<em class="placeholder">Pulvérisateur ultralocalisé Ara d&#039;Ecorobotix traitant des rumex dans un prairie</em>
« Nous avons traité les rumex en localisé sur 1 400 hectares de prairie »

En Normandie, la Cuma La Pratique fait le bilan d’une année de désherbage ultralocalisé des rumex et chardons avec le…

<em class="placeholder">Aymeric et Eric Gérard conduisent les génisses au robot deux fois par jour pendant une semaine au début de leur lactation.</em>
Robot de traite : « Nous faisons tout pour minimiser le stress des primipares, en Ille-et-Vilaine »
Au Gaec du grand Fleuré, en Ille-et-Vilaine, les associés habituent une quarantaine de génisses au robot de traite en cumulant…
<em class="placeholder">« De 2023 à 2025, la notation des vaches a montré 20% d’amélioration en termes de boiteries, ce qui, à l’échelle du troupeau, représente 6 200 € d’économie ...</em>
« Nous avons réduit de 20 % le nombre de boiteries sur notre élevage robotisé », dans les Côtes-d’Armor

Le Gaec Ville Normand dans les Côtes-d’Armor a réalisé un audit boiteries pour identifier les facteurs de risque et des…

<em class="placeholder">Argent de la zone Euro. Pièces et billets de 10 20 et 50 euros. Monnaie d&#039;échange dans l&#039;Union européenne. Paiement en euros. Europe monnétaire.</em>
Le prix du lait monte encore en France en août alors qu’il baisse dans le nord de l’Europe

Dans l’Union européenne, les prix du lait d’août et septembre montraient les premiers signes de baisse en lien avec la…

<em class="placeholder">Romain Humblot avec vaches montbéliardes</em>
« J’élève moins de génisses et j’allonge les lactations », dans les Vosges

Au Gaec de la Perrière, dans les Vosges, Romain Humblot a défini une nouvelle stratégie de reproduction : moins de…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière