La mélangeuse qui déclenche du conseil
Depuis deux ans, les données générées par les mélangeuses Keenan sont transférées automatiquement à une plateforme web. Une technologie qui améliore la réactivité du conseil.
Depuis deux ans, les données générées par les mélangeuses Keenan sont transférées automatiquement à une plateforme web. Une technologie qui améliore la réactivité du conseil.
Keenan s’est construit son image sur la structure physique des rations confectionnées par ses mélangeuses et sur le conseil en matière de rationnement, en direct avec des nutritionnistes. « Depuis les années 1990, nous enregistrons l’efficacité alimentaire et la marge sur coût alimentaire chez nos clients. Nous détenons l’une des plus grandes bases de données au monde sur la nutrition des ruminants et les rations mélangées. Nous éditons à intervalles réguliers tout un ensemble de critères qui, autrefois, étaient faxés et, aujourd’hui, sont entièrement automatisés », explique François Derot, directeur de Keenan France. Les technologies numériques ont complètement révolutionné le conseil en nutrition apporté par le constructeur irlandais. Depuis deux ans, les données sont transmises tous les jours à une plateforme web (in Touch) par le réseau mobile. Si un écart est constaté entre la ration distribuée et la composition recommandée sur certains critères clés, l’éleveur est contacté par un nutritionniste de la plateforme in Touch.. Le référent alimentation qu’il a désigné (Keenan ou autre) peut aussi être sollicité pour réaliser une visite. Les corrections sont ainsi apportées avant l’apparition d’un problème. Lorsque la ration est modifiée, les données font le chemin inverse en temps réel, de la plateforme vers le boîtier de la mélangeuse.
Technologie à disposition de partenaires
« Lorsqu’elles sont simples à utiliser, les éleveurs apprécient les technologies numériques, d’abord pour la simplification du travail et la sécurité des résultats et, ensuite, pour l’analyse technico-économique », assure François Derot. Quelque 1 000 éleveurs sont abonnés au service (coût de 1 000 € par an). Les éleveurs peuvent également se comparer entre eux au sein de groupes régionaux ou par race. Aujourd’hui, cependant, les données de production (quantité de lait, taux, prix du lait) doivent encore être saisies par l’éleveur ou son conseiller nutrition. « Ce serait mieux de pouvoir récupérer directement ces données. Techniquement, ce serait possible, mais c’est une question de bon vouloir », regrette François Derot.
Keenan met désormais sa technologie numérique à disposition de partenaires extérieurs. Notamment des fabricants d’aliments. Le Gouessant en Bretagne est le premier à l’avoir adoptée. La coopérative équipera les mélangeuses de ses clients du boîtier de transfert de données in Touch et créera sa propre plateforme animée par ses nutritionnistes. Le boîtier s’adapte sur les autres marques de mélangeuse mais sans les fonctionnalités de fabrication de la ration spécifiques à Keenan.
« Le data laisse une large place à l’humain »
D’autres partenariats avec des entreprises de nutrition sont en discussion. Des laiteries sont également intéressées. Elles y voient plusieurs avantages : « améliorer l’efficacité alimentaire pour réduire l’impact carbone de la production, avoir une traçabilité totale de l’alimentation des animaux ». « in Touch est une plateforme pour le transfert de data. On peut y connecter tout ce qui produit de la donnée sur une exploitation », assure François Derot. Alltech, qui est désormais la maison mère de Keenan, s’intéresse également à cette technologie. « Envoyer une alarme à un éleveur a une valeur mais lui donner la possibilité de discuter avec un spécialiste décuple l’efficacité du système, ajoute le directeur de Keenan France. Notre expérience nous montre que le data laisse une large place à l’humain. Il ne court-circuite pas le conseiller mais lui permet d’être plus pointu et plus réactif dans une relation plus transparente. »