"Je préfère ne pas vacciner contre la FCO et miser sur l'immunité de mon troupeau", dans le Calvados
Par craintes d'effets indésirables ou doutes sur l'efficacité des vaccins, par manque de temps, de moyens ou par conviction, bon nombre d'éleveurs n'ont pas vacciné leurs troupeaux de bovins contre la FCO. Témoignages.
Par craintes d'effets indésirables ou doutes sur l'efficacité des vaccins, par manque de temps, de moyens ou par conviction, bon nombre d'éleveurs n'ont pas vacciné leurs troupeaux de bovins contre la FCO. Témoignages.

Maud Blondeau, éleveuse dans le Calvados
Je préfère miser sur l'immunité de mon troupeau plutôt que vacciner. Je distribue des compléments à base d'huiles essentielles et vitamines pour booster le système immunitaire de mes 120 Normandes. Face aux discours contradictoires que l'on entend sur le terrain, on ne sait plus qui croire, alors j'ai acté en fonction de mes propres convictions. J'estime que nous n'avons pas de retours suffisants quant à l'efficacité des vaccins. Je juge mon troupeau suffisamment fort pour encaisser le passage de ce virus, et je suis prête à prendre le risque d'avoir des soucis de repro, voire même de perdre des animaux dans le pire des cas. J'ai d'ailleurs eu un avortement il y a quelques jours et des vaches se sont mises à boiter du jour au lendemain, la FCO est peut-être dans le troupeau. Nous attendons le retour de l'analyse mais quoi qu'il en soit, c'est comme ça, le troupeau s'immunisera de lui-même.
Ludovic Laigre, éleveur allaitant dans le Calvados
Les vaccins contre la FCO 3 et FCO 8 sont dans le frigo ! Je les ai commandés en fin d'année dernière car leur coût était entièrement pris en charge. Je pensais vacciner mes 60 Charolaises une fois qu'elles auraient vêlé en février et avant la mise à l'herbe. L'idéal aurait été de le faire en même temps que la prophylaxie habituelle, mais le vétérinaire a déconseillé de coupler les deux. Et une fois les vaches dehors, c'est toujours compliqué d'intervenir. Même si je suis équipé d'une cage de contention, c'est du boulot en plus et un stress pour les animaux. D'autant qu'il aurait fallu multiplier les interventions avec le rappel et le second vaccin. Du coup, je les ai traitées trois fois cette année avec un répulsif pour limiter les piqûres mais c'était surtout pour me rassurer... La date de péremption des vaccins approche. J'avoue que je me pose toujours la question de vacciner ou pas. Maintenant que la FCO est à ma porte, je suis partagé entre la peur et l'envie de protéger mon troupeau par la vaccination. Si le virus avait été aussi proche de chez nous en début d'année, j'aurais certainement vacciné à ce moment-là.
Patrick Broc, éleveur dans l'Orne
Je me suis posé la question mais j'ai décidé de ne pas vacciner mon troupeau de 40 Normandes. Pourtant, je ne suis pas un "antivax", je vaccine tous les ans contre l'entérotoxémie. Mais pour la FCO, j'ai eu des échos assez négatifs d'éleveurs du coin et d'un autre dans le Massif central qui ont rencontré de gros souci de reproduction sur des troupeaux vaccinés. L'inséminateur aussi m'a indiqué des cheptels qui avaient été vaccinés et dont une bonne partie des vaches étaient vides. Je sais qu'on ne peut pas conclure en s'appuyant sur ces quelques retours d'expérience cas mais cela m'a quand même refroidi. D'autant qu'il y a aussi certains vétérinaires qui n'incitent pas forcément à vacciner... Si j'étais sûr que le vaccin ne causait aucun effet délétère sur le troupeau, je le ferais. Mais dans le doute, je préfère m'abstenir. Je prends peut-être un risque à ne pas vacciner, le virus étant assez présent en Normandie, mais comme la fertilité est plutôt bonne ces derniers mois sur l'élevage, je n'ai pas envie de changer quoi que ce soit. Je préfère miser sur l'immunité de mon troupeau en alimentant bien les vaches, en les minéralisant, en les vermifugeant... Je ne sais pas si j'ai raison. C'est l'avenir nous dira quelle était la meilleure stratégie.