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Fertilisation : Que valent les engrais de ferme ?

La gamme des fumiers de bovins et encore plus des lisiers est très étendue. Pour optimiser l’usage des engrais de ferme, la première étape consiste à bien appréhender leurs valeurs fertilisantes.

Les effluents d’élevage sont riches en éléments nutritifs (N, P, K, soufre, magnésium, oligoéléments) et en matières organiques, ce qui leur confère un statut à la fois de fertilisant et d’amendement organique. Les effluents peuvent aussi être utilisés pour produire de l’énergie par méthanisation. Mais, les déjections animales ont beaucoup évolué au cours des dernières décennies du fait des progrès de l’alimentation, de l’évolution des modes de logement et de leur stockage ou de l’apparition de nouveaux traitements (compostage, séparation de phase, méthanisation…). Fumier, lisier et compost dissimulent une grande diversité de compositions et de comportements à l’épandage et dans le sol. Ce qui complique singulièrement le raisonnement de la fertilisation organique. Parallèlement à l’évolution des systèmes de production, les règles environnementales se sont renforcées afin de réduire les pertes d’azote et de phosphore dans l’environnement.

Bien caractériser le produit à épandre

« La principale difficulté est de bien caractériser le produit qu’on va épandre », souligne Sylvain Foray, de l’Institut de l’élevage. Les plus grosses variations de valeur fertilisante concernent surtout les lisiers. Leur composition « est fortement tributaire des phénomènes de dilution liés à la pluviométrie et à la nature des effluents stockés (lisier de logettes, lisier d’aires d’exercice raclées, purin, eaux vertes, eaux blanches, eaux brunes) qui font varier la teneur en matière sèche et donc les concentrations en azote, phosphore et potasse », souligne l’Institut de l’élevage. « La teneur en azote d’un lisier peut varier de 0,5 à 3 voire 4 U N/m3 », précise Sylvain Foray. La nature de la litière et le niveau de paillage ont une incidence sur la composition des fumiers mais leur variabilité est moins marquée que celle des lisiers.

Pour le fumier, s’en tenir aux valeurs de référence

Pour mieux connaître la composition des effluents, il est souvent conseillé de les faire analyser. Mais, cette recommandation est surtout valable pour le lisier car constituer un échantillon représentatif de fumier relève de la gageure. Même en multipliant les points de prélèvement. « À Derval, nous avons fait huit analyses sur un même tas de fumier. La teneur en azote moyenne était de 5,8 kg/tonne plus ou moins 2 kg, relate Sylvain Foray. Pour le fumier, je ne recommande pas de faire des analyses. Je préconise plutôt de s’en tenir aux valeurs de référence selon le type de produit. » « Les valeurs tirées des analyses ne sont valables que pour un fumier donné à un moment donné, appuie Anne Guézengar, des chambres d’agriculture de Bretagne. Elles ne sont pas plus généralisables que les valeurs des tables qui sont suffisantes pour le fumier en règle générale. »

Analyser lisiers, composts et digestats

Les analyses de lisiers ont davantage de pertinence. Constituer un échantillon représentatif est un peu plus facile que pour le fumier. « Nous incitons les éleveurs à faire des analyses de lisier pour connaître au moins le taux de dilution et vérifier la valeur P et K et pour qu’ils puissent se référer à une gamme de lisier, explique Stéphane Violleau de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme. Lors de campagnes d’analyses, nous avons observé des compositions assez éloignées des valeurs de référence en lien avec la dilution mais pas seulement. Nous avons parfois des teneurs en éléments P et K plus faibles que les valeurs de référence sans pouvoir vraiment l’expliquer. » Une analyse à un moment donné n’est pas forcément représentative de tout le lisier qui sera épandu dans l’année. « Des analyses régulières suivant les saisons et sur plusieurs années permettent de préciser ces valeurs pour un élevage donné », préconisent les chambres d’agriculture d’Auvergne. Stéphane Violleau recommande aussi de faire analyser le compost, idéalement au moment de l’épandage, car « il est très compliqué de se référer à une valeur moyenne ». Réaliser un échantillon représentatif est beaucoup plus facile qu’avec le fumier car le produit est plus homogène. Quant au digestat issu de la méthanisation, « il est fortement recommandé de les faire analyser car les compositions sont très variables selon les produits qui entrent dans le méthaniseur, selon qu’il y a séparation de phase ou pas… », affirme Sylvain Foray.

Reconsidérer des outils simples

Des outils, comme le Quantofix ou l’Agro-lisier permettent de mesurer directement sur le terrain la teneur en azote ammoniacal et d’en déduire par calcul l’azote total. Usités en lisier de porcs, ils peuvent aussi être utilisés en élevage de bovins. « Le Quantofix a un peu été mis aux oubliettes, regrette Hervé Massenot, de la FDCuma de Mayenne. C’est moins précis mais ça coûte beaucoup moins cher qu’un capteur d’analyse sur la tonne à lisier dont la fiabilité dans le temps n’est pas connue. »

Viser des produits bien typés

Le fumier très compact de litière accumulée est issu du mélange des déjections et la paille de litière des stabulations avec couchage paillé. Après deux mois de maturation en bâtiment ou sur fumière, il ne présente pas d’écoulement.

Le fumier compact provient des étables entravées, des pentes paillées ou du raclage des aires d’exercice et couloirs des bâtiments avec logettes fortement paillées.

Les fumiers mous sont issus des aires d’exercice et couloirs des bâtiments avec logettes peu paillées.

Le compostage des fumiers compacts ou très compacts de litière accumulée donne un produit plus stable que le fumier et plus concentré en éléments fertilisants. Mais, il contient très peu d’azote ammoniacal.

Les lisiers purs sont constitués des déjections produites par les animaux sur les aires de raclage pas ou peu paillées et sur les caillebotis. Ils intègrent également les purins émis par les fumiers et les jus d’ensilage.

Les lisiers dilués sont des lisiers purs auxquels s’ajoutent les effluents peu chargés issus de la salle de traite, les lixiviats et les eaux brunes provenant de fumières ou de surfaces découvertes.

Les instituts techniques attirent l’attention sur l’intérêt de « disposer d’un produit bien typé lisier ou fumier et d’éviter les formes intermédiaires de type lisier très pailleux et fumier mou, difficilement gérables aussi bien au stockage qu’à l’épandage ».

Source : Idele, Arvalis.

Le saviez-vous

Le taux d’efficience (azote fixé dans le lait et la viande/azote ingéré) varie de 11 % pour les génisses à 28 % pour les vaches laitières.

L’excrétion d’azote augmente de 7, 3 kg par an tous les 1 000 kg de lait supplémentaire par vache.

En savoir plus

La brochure Valorisation agronomique des effluents d’élevage est à retrouver sur le site RMT élevages et environnement (http://www.rmtelevagesenvironnement.org/les_outils_du_RMT). Choisir l’outil Caractéristiques des effluents d’élevage.

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