FCO : « En Normandie, l’analyse des risques nous incite à préconiser la vaccination contre les sérotypes 3 et 8 »
Cet été, la FCO a fortement touché la Bretagne et la Normandie avec des impacts encore visibles sur la reproduction et le renouvellement. Il est déjà temps de penser à la vaccination pour l’année prochaine. Chacun devra raisonner localement contre quels sérotypes protéger le troupeau. Le point avec Xavier Quentin, vétérinaire dans la Manche et responsable du GTV de Normandie.
Cet été, la FCO a fortement touché la Bretagne et la Normandie avec des impacts encore visibles sur la reproduction et le renouvellement. Il est déjà temps de penser à la vaccination pour l’année prochaine. Chacun devra raisonner localement contre quels sérotypes protéger le troupeau. Le point avec Xavier Quentin, vétérinaire dans la Manche et responsable du GTV de Normandie.
Dans les élevages que vous suivez, quels sont les impacts de la FCO cet automne ?
Xavier Quentin, vétérinaire dans la Manche et responsable du GTV de Normandie : Dans mon cabinet, nous suivons 260 élevages bovins laitiers et 4 allaitants. Les élevages n’ayant pas vacciné leur troupeau sont plus impactés que ceux ayant vacciné, avec des pertes allant jusqu’à 15 vaches sur 90. Certains éleveurs avaient des vaccins gratuits dans le frigo, c’est dommage de ne pas en avoir profité.
Selon les élevages, nous avons observé entre 10 et 30 % d’avortements parmi les vaches touchées par la FCO. Ces vaches ayant avorté ont plus de mal à redémarrer une gestation. Nous craignons aussi des naissances de veaux porteurs d’anomalies cérébrales. Il s’agirait des veaux issus de vaches ayant été touchées par la FCO entre quatre et cinq mois de gestation. Les naissances à risque devraient s’étaler de fin novembre à janvier.
Entre les avortements et ces potentiels veaux « idiots », le renouvellement va en pâtir. D’autant que certaines vaches ayant du mal à repartir à la reproduction ne produisent plus assez de lait pour maintenir leur place dans le troupeau, ce qui peut amener à des réformes précoces, et donc des besoins en renouvellement accrus.
Pour l’année prochaine, que conseillez-vous concernant la vaccination ?
X. Q. : Pour savoir contre quelles maladies et quelles souches vacciner, il est intéressant de réaliser une analyse de risque. Par exemple, dans la Manche, environ 1 300 cas de FCO 3 ont été recensés, et deux cas de FCO 8. Il y a un risque de voir revenir ces deux souches l’année dernière, et surtout la FCO 8, car la progression du virus redémarre là où elle s’est arrêtée l’année précédente. Nous conseillons donc aux éleveurs de vacciner leurs animaux contre les FCO 3 et 8. Les deux injections, contre les deux sérotypes, peuvent se faire le même jour, dans deux seringues différentes, pour faciliter le chantier. Nous attendons encore qu’un laboratoire commercialise un vaccin protégeant contre le FCO 3 et 8, voire aussi contre la MHE, avec une seule injection.
Vous n’incitez pas à vacciner contre la MHE pour l’année prochaine ?
X. Q. : C’est assez incompréhensible qu’il n’y ait pas eu plus de cas de MHE en 2025. Toutefois, avec seulement trois cas en Mayenne et un dans les Pyrénées-Atlantiques, notre analyse de risque ne nous pousse pas à préconiser la vaccination contre cette maladie. Nous nous trompons peut-être, mais pour certains éleveurs, multiplier les vaccinations peut être complexe, alors nous préférons axer sur les maladies les plus risquées pour leur troupeau, plutôt qu’ils ne vaccinent pas du tout.
Quand les éleveurs doivent-ils commander leurs doses de vaccins ?
X. Q. : C’est déjà le moment, certains éleveurs ont pris les devants. L’idée, c’est de réserver des doses dès maintenant, afin de vacciner les animaux à la fin de l’hiver, ou au début du printemps, afin qu’ils soient bien protégés lors de la reprise vectorielle.