Aller au contenu principal

Connaissez-vous ces cinq légumineuses adaptées au sec et au chaud ?

Et si une des solutions aux contraintes climatiques se trouvait dans l’exploitation de la diversité naturelle des légumineuses ? Différents trèfles annuels ou pérennes, présents dans le bassin méditerranéen, sont amenés à se développer.

Le trèfle de Perse a de très grandes feuilles vertes uniformes. Ses fleurs roses à violettes sont petites, très odorantes et mellifères. © Semences de Provence
Le trèfle de Perse a de très grandes feuilles vertes uniformes. Ses fleurs roses à violettes sont petites, très odorantes et mellifères.
© Semences de Provence
 

Avis d'expert : Julie Toussaint, chez Semences de Provence

« Il n’y a pas d’espèce miracle, mais… »

 

 
Julie Toussaint © Semences de Provence
Julie Toussaint © Semences de Provence
« Il y a un nombre incroyable de légumineuses méconnues, pas ou peu utilisées dans les mélanges mais qui présentent un intérêt avec l’évolution climatique. Beaucoup d’espèces mineures ont été délaissées devant les espèces constituant le gros du marché (trèfle blanc, trèfle violet, luzerne, trèfle incarnat, trèfle d’Alexandrie) mais méritent pourtant d’être travaillées. Certaines se développent d’ailleurs notamment en Australie, Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. Une chose est sûre : il n’y a pas d’espèce miracle. La seule règle reste d’employer la « bonne » espèce dans le « bon » mélange selon les objectifs et les conditions pédoclimatiques. Le nouveau contexte implique de réfléchir autrement en jouant aussi bien sur les choix de mélanges (nouvelles combinaisons d’espèces, précocité variétale…) que sur les techniques employées (sursemis, semis sous couvert, etc.) pour diluer les risques. La diversité naturelle des légumineuses est très large et d’autres espèces vont faire leur apparition dans les mélanges fourragers et couverts végétaux. »

 

Le trèfle vésiculé : une productivité prolongée en été

 

 
Le trèfle vésiculé s’appelle aussi trèfle flèche en raison de ses feuilles caractéristiques avec une macule blanche en forme de pointe de flèche. © Semences de Provence
Le trèfle vésiculé s’appelle aussi trèfle flèche en raison de ses feuilles caractéristiques avec une macule blanche en forme de pointe de flèche. © Semences de Provence
Doté d’un port semi-érigé à érigé, ce trèfle annuel originaire du bassin méditerranéen, peut atteindre 40 à 80 cm de haut. Sa floraison est tardive et abondante, avec des fleurs présentant un dégradé allant du rose jusqu’au blanc à l’extrémité de l’inflorescence. Le trèfle vésiculé a longtemps été considéré comme moins productif que le trèfle d’Alexandrie ou le trèfle incarnat à cause de sa période de dormance hivernale plus longue qui lui confère une bonne résistance au froid. Il s’avère assez lent à démarrer au printemps.

 

 

 
Le trèfle vésiculé s’appelle aussi trèfle flèche en raison de ses feuilles caractéristiques avec une macule blanche en forme de pointe de flèche. © Semences de Provence
Le trèfle vésiculé s’appelle aussi trèfle flèche en raison de ses feuilles caractéristiques avec une macule blanche en forme de pointe de flèche. © Semences de Provence
Son principal intérêt est sa productivité prolongée en été malgré des conditions sèches. Son système racinaire très développé peut atteindre 1,5 m de profondeur lui permettant de valoriser efficacement l’humidité du sol. Ses besoins en eau sur la totalité de son cycle sont faibles (moins de 350 mm) avec une excellente capacité de valorisation des pluies estivales.

 

C’est typiquement une espèce à utiliser en mélange avec d’autres trèfles annuels plus précoces (comme du trèfle de Micheli par exemple) et du ray-grass d’Italie. On peut l’associer à raison de 2 à 5 kg/ha.

D’implantation rapide, il s’adapte à tout type de sol (pH 5,8 à 8,3), mais plus particulièrement les sols sableux. Il craint les excès d’eau. Mieux vaut le semer en fin d’été-automne. Sur la première fauche en début de saison, on ne le voit généralement pas. Par contre, en mélange, il prend le relais d’autres espèces en été.

Il produit un fourrage très riche en protéine (supérieur à 30 %). Il s’utilise en fauche comme en pâture. Il est souple d’exploitation, sa digestibilité restant élevée même après maturité. C'est le seul trèfle qui contient des tanins, il est donc non météorisant. Il est aussi très appétent.

Le trèfle de Perse : une sécurité face aux aléas climatiques

 

 
Le trèfle de Perse a de très grandes feuilles vertes uniformes. Ses fleurs roses à violettes sont petites, très odorantes et mellifères. © Semences de Provence
Le trèfle de Perse a de très grandes feuilles vertes uniformes. Ses fleurs roses à violettes sont petites, très odorantes et mellifères. © Semences de Provence
Le trèfle de Perse est un trèfle annuel doté d’un port semi-érigé à érigé. Il peut atteindre 20 à 75 cm de haut. Il est adapté à tous les types de sols, même lourds et humides (pH 5,8 à 8,9). Il s’avère peu gélif. Il s’implante rapidement et présente une bonne capacité de repousse.

 

Sa productivité est bonne (entre 8 et 12 tMS/ha) avec une pousse importante en été, permettant de faire trois coupes même pour un semis de printemps. Il présente une résistance à la sécheresse plus élevée que celle d’un trèfle d’Alexandrie mais une productivité globale plus faible. Il tolère aussi l’immersion et supporte mieux que d’autres trèfles d’être temporairement dans l’eau après un fort orage.

Il est plutôt réservé à la fauche ; il est multicoupe si on l’exploite avant floraison. Sa richesse en sucres solubles facilite sa conservation par ensilage ou enrubannage. Il existe plusieurs types de variétés plus ou moins adaptées à la pâture (port plus ou moins bas). Certaines ont des tiges creuses qui peuvent être difficiles à sécher.

Il s’utilise en mélange. L’appétence n’est pas son point fort et il peut se révéler météorisant selon les variétés.

Sa valeur alimentaire se rapproche de celle d’un trèfle blanc, avec 20 % de protéines et une teneur élevée en glucides solubles. Sa digestibilité en fourrage vert est supérieure à celle du trèfle violet ou de la luzerne grâce à sa pauvreté en lignine.  

Le trèfle de Perse a de très grandes feuilles vertes uniformes. Ses fleurs roses à violettes sont petites, très odorantes et mellifères.

La serradelle : la reine des sols acides

 

 
Selon l’espèce, la serradelle fleurit rose ou jaune. Elle a un cycle naturellement adapté à la sécheresse et répond en plus à une problématique de sol acide. © Semences de Provence
Selon l’espèce, la serradelle fleurit rose ou jaune. Elle a un cycle naturellement adapté à la sécheresse et répond en plus à une problématique de sol acide. © Semences de Provence
La serradelle est une légumineuse annuelle originaire du bassin méditerranéen. Elle se sème du 15 août au 15 octobre. Avec un PMG de 2,8 à 4, elle est plus facile à semer qu’un trèfle. Elle entre en dormance l’hiver et repart rapidement au printemps pour une floraison en mai. De port semi-érigé, le plantes peuvent atteindre 70 cm.

 

Elle se plaît en sols acides (4,5 à 8,3). Par contre, elle n’aime ni les sols battants ni les excès d’eau, et sa résistance au froid est limitée (longue période de fortes gelées). Dans les sols acides où il y a déjà eu du lupin, elle se développe très bien ; sinon, une inoculation est nécessaire pour assurer l’implantation.

Elle est très résistante au sec grâce à un système racinaire puissant très ramifié (surtout pour la serradelle jaune). Elle ne se cultive qu’en mélange avec d’autres trèfles annuels et du ray-grass. Sa productivité est bonne mais s’avère inférieure à celle d’une luzerne. Il faut la récolter rapidement à partir du début de la floraison.

La serradelle a une valeur alimentaire similaire à celle de la luzerne. Elle s’exploite aussi bien en fauche qu’en pâturage, avec un taux de protéine de 25 % et une digestibilité de 75 %. Hautement appétent, ce fourrage a l’avantage d’être non météorisant.

Le trèfle fraise : une alternative au trèfle blanc

 

 
Les feuilles du trèfle fraise ont une forme d’olive et ses fleurs roses ressemblent à une fraise à maturité. © Semences de Provence
Les feuilles du trèfle fraise ont une forme d’olive et ses fleurs roses ressemblent à une fraise à maturité. © Semences de Provence
C’est un trèfle pérenne, originaire du bassin méditerranéen, qui se multiplie sous forme de stolons comme le trèfle blanc, avec une persistance de 4 à 5 ans. Il ne dépasse pas 20 à 30 cm de haut. Il se sème au printemps ou fin d’été mais reste lent à s’implanter. Il se développe en sols variés avec une fourchette large de pH (5,5 à 9) et tolère l’immersion.

 

Il a une bonne résistance au chaud et au sec. Associer trèfle blanc et trèfle fraise dans un mélange assure la présence d’une légumineuse en toutes conditions.

Il est peu productif en première année. Dans un mélange de ray-grass - trèfle, il se marie bien avec un trèfle annuel qui assurera le rendement protéique dès l’implantation tandis que le trèfle fraise prendra le relais en seconde année. Sa valorisation peut se faire en pâture, foin ou ensilage. Une fois bien implanté, il est plus résistant au piétinement intensif que le trèfle blanc. Il peut se révéler météorisant.

Le sainfoin : la légumineuse des sols calcaires peu profonds

 

 
Hautement mellifère, le sainfoin monte à 50-70 cm de haut © Sainfolia
Hautement mellifère, le sainfoin monte à 50-70 cm de haut © Sainfolia
Le sainfoin est une espèce d’implantation relativement lente. Venu d’Asie Mineure, le sainfoin a disparu des assolements après-guerre. Peu productif, la luzerne lui a été préférée. Le sainfoin s’implante en fin d’été-début d’automne, il apprécie les sols calcaires bien drainés mais n’aime ni les excès de pluie, ni le piétinement.

 

Il résiste au chaud et au sec. Il s’utilise principalement en fauche, en mélange avec du RGH ou du RGI de 2 ans. Il a une capacité de séchage intéressante. Sa pérennité est variable selon les variétés (2 ans type double, 3 ans type simple). Le type double est remontant avec deux floraisons par an (une seule floraison par an pour le type simple). Certaines variétés ne sont pas certifiées.

Le sainfoin est riche en protéines. Il est également riche en tanins qui permettent une meilleure valorisation des protéines et une limitation du parasitisme gastro-intestinal et non météorisant.

Rédaction Réussir

Les plus lus

Astuce d’éleveur : des cannes à pêche transformées en barrière motorisée pour l’accès au pâturage

Franck Hivert, du Gaec Hivert en Mayenne, a installé un moteur de portail de garage sur des cannes à pêche qui servent de…

<em class="placeholder">vache laitière boit de l&#039;eau dans un abreuvoir dans une prairie</em>
Abreuvement au pâturage : position des bacs et débit d’eau sont essentiels

Placer le bac à moins de 150 mètres du fond de la pâture, assurer un bon débit d’eau, ajuster diamètre des tuyaux et…

<em class="placeholder">vaches rouges flamandes</em>
Race laitière locale : la filière rouge flamande mise sur la valorisation de sa viande et des fromages locaux
L’Union rouge flamande mise, entre autres, sur la valorisation du produit viande pour continuer à tirer la race à petits…
Récolte du maïs épi : les quatre erreurs à éviter

L’ensilage de maïs épi est une source d’énergie pour les vaches laitières. La récolte du maïs épi et sa conservation au silo…

Maïs ensilage : les étapes à suivre pour réussir son ensilage

Récolter au bon stade le maïs fourrage est essentiel : il en va de la qualité et de la conservation de l'ensilage. Ne vous…

<em class="placeholder">Matthieu Caugant, éleveur dans le Finistère, devant ses vaches laitières</em>
Abreuvement au pâturage : « Des tuyaux de gros diamètre permettent d’alimenter nos 4 km de réseau d’eau pour 80 hectares accessibles »
Au Gaec Roz Avel, dans le Finistère, le réseau d’eau a été refait en même temps qu’une augmentation de la surface pâturable par…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière