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Elevage bovins
Dans le Loir-et-Cher, gros plan sur un Gaec qui réalise la moitié de la marge avec le lait

Avec du lait et des céréales, le Gaec de la Roullière mise sur un système intensif raisonné. Organisation du travail et capacité d´adaptation sont les clés de la réussite.


« Notre commune est l´une des plus laitières du département, remarque en souriant Joël Prenant, exploitant en Gaec avec son frère Yves, à Savigny-sur-Bray dans le Loir-et-Cher. Les cultures céréalières prédominent largement dans la région. Mais ici, le lait s´est maintenu du fait d´un potentiel des terres plus limité. »
Limons battants, argiles à silex et terres humides très caillouteuses se partagent les 142 hectares de l´exploitation. Avec un quota de 420 000 litres et 70 hectares de céréales, le Gaec de la Roullière affiche un profil mixte. « La moitié de la marge dégagée par l´exploitation provient du lait, note l´éleveur. Nous avons trouvé un équilibre entre les céréales et le lait et nous ne cherchons pas à privilégier un atelier par rapport à l´autre. »

Sur le Gaec, l´organisation du travail est bien ficelée. Yves s´occupe des cultures, de l´élevage des génisses et de l´entretien du matériel, tandis que Joël soigne les vaches, fait la traite et s´occupe de la gestion de l´exploitation. Les décisions stratégiques sont mûrement réfléchies et le souci de simplification du travail a toujours primé dans les choix des exploitants.
« Au départ à la retraite de mon père, nous avons choisi d´adhérer à un groupement d´employeurs pour pallier le manque de main-d´oeuvre sur l´exploitation, indique Joël. Avec un salarié à quart temps, nous parvenons à faire face aux pointes de travail saisonnières. »
Source : Gaec et Sociétés.

Des animaux fin prêts, des éleveurs très motivés. 228 élevages ont répondu présents au concours national Limousin. ©C. Deloume

Toujours viser la simplification du travail
De même, quand les éleveurs réfléchissent à un investissement, l´aspect organisation du travail n´est jamais négligé. « Pour le matériel, par exemple, nous avons préféré recourir à la Cuma. Cela nous permet notamment d´utiliser du matériel plus performant, et nous fait gagner du temps. » Lors de la mise aux normes, en 1997, des travaux de modernisation des bâtiments d´élevage ont également permis d´améliorer les conditions de travail. « Nous avons abandonné le libre-service, qui devenait trop contraignant avec la pluie, pour un système d´alimentation distribuée. » La stabulation a été agrandie et l´installation de traite (2*4 en épi) s´est dotée du décrochage automatique.

Autre choix relevant de la simplification du travail : un nombre de cultures très limité dans l´assolement. Depuis l´arrêt du colza, les cultures de vente se limitent au blé et au maïs grain. « Nous préférons ne pas disperser nos efforts pour rester les plus performants possible sur le troupeau. » Sur les cultures, tous les intrants sont raisonnés. Joël et Yves s´attachent notamment à une bonne maîtrise de la fertilisation. Les apports minéraux de P et K se limitent respectivement à 50 et 60 unités par an sur les cultures. Pour piloter la fertilisation azotée, les reliquats azotés dans le sol sont mesurés en sortie d´hiver sur le blé et le maïs. « En cours de végétation, nous utilisons aussi la méthode Jubile, qui permet de doser l´azote dans la plante, pour affiner les apports sur blé. » Les économies réalisées sur ce poste tiennent aussi à une bonne valorisation des engrais de ferme. « Sur le maïs, nous apportons seulement 80 kilos de 18/46 par hectare en plus des amendements organiques. » Le coût fourrager sur maïs s´élève à 475 euros par hectare.
Lorsque la fermentation alcoolique se bloque, le risque de piqûre lactique est d´autant plus important que le pH du moût est élevé. ©P. Cronenberger

Le prototype du « tromblon » a été mis au point par Agrométrix, en partenariat avec le Cemagref de Montpellier. ©J.-L. Allier

Ne pas chercher à trop intensifier la production
Le système fourrager repose sur une part importante d´herbe récoltée. Sur les 35 hectares de prairies, 10 hectares de ray-grass d´Italie sont ensilés chaque année. Cinq hectares de prairies permanentes sont récoltées en foin et 20 hectares d´une association de ray-grass anglais (8 kg/ha), de fétuque élevée (10 kg/ha) et de trèfle blanc (3 kg/ha) sont pâturés. « Cette association résiste bien à la sécheresse et au piétinement », estime Joël.
Les vaches sortent le plus tôt possible au printemps, généralement à partir du 15 mars. Les 65 laitières, dont 80 % en Normande et 20 % en Prim´Holstein, changent de parcelle tous les trois jours. Dès la mi-juillet, elles repassent en régime hivernal. Elles reçoivent 15 kg MS de maïs ensilage, 4 kg MS d´ensilage d´herbe et 1 kg MS de foin. La ration est équilibrée à 26 kilos de lait avec du tourteau azoté tanné. Le concentré de production (VL 2,5 l) est distribué au Dac.

« Nous ne cherchons pas à pousser les vaches à tout prix et favorisons la persistance plutôt que le pic de lactation, avance Joël. Ce qui compte, c´est d´exprimer le potentiel génétique des animaux à sa juste valeur. » Passionné de génétique, l´éleveur sélectionne en priorité sur les critères production de lait, matière utile et qualité de la mamelle, sans négliger le gabarit. Le Gaec pratique aussi la transplantation embryonnaire. Des efforts de sélection qui se voient récompensés avec, cette année, la sortie du taureau normand Orpailleur (146 d´Isu, 54 d´Inel, + 1363 kg en lait) au catalogue de l´Urcecof.
Pour l´éleveur, l´un des points clés de son système, c´est l´élevage des génisses. « Il ne faut surtout pas négliger la conduite des élèves, c´est la pépinière de demain ! » Jusqu´au sevrage, les génisses reçoivent un mélange composé pour moitié de poudre de lait et de colostrum. Pendant toute la saison des vêlages, le colostrum est stocké dans un tank de 300 litres, spécialement prévu à cet effet. « Cela nous permet d´économiser en aliment lacté et en frais vétérinaires pour les veaux », commente l´éleveur.

L´ensilage de maïs entre dans leur alimentation dès six semaines. Le régime hivernal se compose principalement d´ensilage d´herbe, de foin et de tourteau azoté. L´éleveur suit la croissance des génisses de près. Elles sont pesées quatre fois par an par le Contrôle de performance. Les inséminations se réalisent à 430 kg pour des vêlages 26-28 mois. La rigueur du suivi technique explique les bons résultats obtenus au niveau de la reproduction des génisses : plus de 80 % de réussite en IAP. Ce taux s´élève à 60 % pour les vaches, avec un intervalle vêlage-vêlage de 380 jours. « Nous pratiquons le suivi de la reproduction avec le vétérinaire. L´échographie est systématique 40 jours après l´insémination. »

Sur le plan sanitaire, l´élevage souffre encore de quelques problèmes de mammites, lié à un paillage excessif de la litière. « L´hiver dernier, nous avons eu plus d´une vingtaine de mammites sur le troupeau. C´est vraiment un point à améliorer. » Quand il n´est pas au milieu du troupeau, Joël sait aussi prendre le temps de se poser au bureau. « L´administratif devient de plus en plus prenant sur l´exploitation, mais cela en vaut la peine, confie-t-il. Je préfère avoir un salarié sur le tracteur et être en mesure de gérer l´exploitation par moi-même. » L´éleveur s´attache à rester à l´affût d´un maximum d´informations pour être prêt à saisir les opportunités intéressantes lorsqu´elles se présentent. La preuve en est, son dossier CTE est l´un des premiers du département à être passé en commission. A la clé, 6100 euros par an et des économies en intrants.


Préserver le revenu et garder un outil transmissible
Quand on l´interroge sur les conséquences de la Pac sur l´exploitation, Joël sourit. « Ce ne sera pas la course à l´hectare ! L´objectif est d´abord de préserver le revenu et de garder un outil transmissible. » Avec une vingtaine de places disponibles dans la stabulation des laitières, l´élevage se dit prêt à accueillir du quota supplémentaire en fonction des disponibilités sur le département et de la main-d´oeuvre sur l´exploitation. « S´agrandir d´accord, mais de manière raisonnée. »

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