Aller au contenu principal

Contrer le parasitisme en bio par la prévention

Une conduite d’élevage et de pâturage adaptée permet de limiter les risques de parasitisme en production laitière bio. L'objectif est de développer une immunité.

Une étude récente réalisée sur des troupeaux de veaux pâturant avec des nourrices a montré de bas niveaux d’infestation par les strongles gastro-intestinaux.
Une étude récente réalisée sur des troupeaux de veaux pâturant avec des nourrices a montré de bas niveaux d’infestation par les strongles gastro-intestinaux.
© V. Bargain

Avec des systèmes privilégiant une conduite à l’herbe dès le plus jeune âge, le parasitisme est le problème sanitaire majeur en bio. Des vers (grande et petite douve, strongles, ténias, coccidies…) ingérés par les animaux se logent dans les organes et tissus où ils se multiplient. Conséquences : diarrhées, arrêt de croissance, maigreur, poil piqué chez les jeunes animaux non immuns et plus rarement des baisses de production chez les adultes.

« Les problèmes prédominants sont les coccidioses, les strongyloses digestives des animaux de première saison de pâturage et les strongyloses respiratoires, indique Anne Barbier-Bourgeois, vétérinaire, membre de la SNGTV (groupements techniques vétérinaires). La gestion doit être surtout axée sur la prophylaxie. Mais des traitements sont aussi possibles. Il y a un équilibre à trouver entre le « zéro contrôle parasitaire » et le « traitement systématique » pour le bien-être animal et la production. » Certaines pratiques permettent de limiter les contaminations et le recyclage parasitaire.

1 – Veiller à l’alimentation et l’hygiène

Le parasitisme a d’autant plus d’impact que l’animal est carencé et que de vraies transitions alimentaires ne sont pas assurées. Bien nourrir ses animaux est essentiel. Une bonne hygiène des bâtiments est aussi primordiale pour lutter contre les coccidioses, très fréquentes chez les veaux. Un curage régulier et le renouvellement de la litière réduisent la pression parasitaire. Même si certains œufs sont résistants aux désinfectants autorisés en bio, une désinfection au moins annuelle des cases, barrières et matériels d’élevage, précédée d’une détergence à l’eau très chaude, est nécessaire.

La présence de pierres à sel limite le pica et donc l’ingestion d’ovocytes et larves. Les coccidioses cliniques survenant surtout quand l’immunité baisse suite à un stress, il est aussi conseillé d’éviter le cumul de stress (sevrage, allotement, changement de bâtiment, écornage…).

2 – Assainir les parcelles pour éviter la bronchite vermineuse

La bronchite vermineuse ou « toux d’été » est liée à Dictyocaulus viviparus, ver parasite des bronches et de la trachée. Le changement de parcelle permet de stopper le recyclage des larves. Vu la faible résistance de ces larves dans l’environnement, la parcelle pourra être assainie au bout d’un mois et demi. La contamination des prairies se faisant par des adultes immuns mais porteurs latents de strongles respiratoires, le mélange de générations et le déprimage des prairies par les adultes avant les jeunes sont à proscrire.

3 - Interdire l’accès aux zones de gîtes à limnées

La prévention contre les douves consiste principalement à identifier les zones de gîte à limnées, hôte indispensable au cycle de la douve, et à en interdire l’accès aux bovins. Il est conseillé aussi de ne pas mettre sur les prés humides les vaches laitières dont les traitements douvicides sont contraignants et dont le foie est très affecté par les réinfestations successives.

4 – Gérer le pâturage pour maîtriser les strongles digestifs

Les deux premières années de pâturage, les jeunes sont très sensibles aux strongles digestifs. Une stratégie pour réduire la densité de larves dans l’herbe est de mettre des animaux peu ou pas parasités sur des parcelles propres afin de maintenir un faible niveau de L3 (larves infestantes). Il est également possible de sortir les animaux le plus tard possible ou de leur faire pâturer une prairie fauchée préalablement ou à l’automne précédent. Les L3 ayant une durée de vie limitée, peu auront survécu en juillet.

Autre stratégie : changer de parcelle avant que les L3 ne soient trop nombreuses, soit dans les deux mois maximum après la mise à l’herbe. Avoir deux ou trois prés réduit le risque si les animaux ne séjournent pas plus de quatre semaines sur chaque parcelle. Les rotations rapides (toutes les deux à six semaines) seraient plus pénalisantes que la parcelle unique, sans doute parce que l’herbe plus courte offre un meilleur accès aux larves et que les bovins broutent plus près des bouses. Il faut donc éviter le pâturage ras des jeunes animaux.

Autre piste : baisser le chargement et donc la probabilité de rencontre entre bovins et larves. À la mise à l’herbe, une transition avec du foin permet aussi de diminuer le nombre de larves ingérées en quelques jours.

Recourir aux médecines alternatives ou allopathiques

La gestion raisonnée des strongles digestifs implique de ne traiter que les animaux souffrant du parasitisme, surtout ceux de première saison de pâturage pendant la période à risque. Le traitement ne doit pas être trop précoce pour permettre aux animaux de s’immuniser, ni trop tardif pour ne pas laisser les symptômes s’installer.

Pour les adultes, la prise en charge se raisonne au cas par cas, selon la présence de signes cliniques, de baisse de production ou d’analyses. Une suspicion peut être confirmée par une coproscopie ou une sérologie du lait ou du sang.

Les seules médecines alternatives ayant montré une réelle efficacité contre les strongles digestifs sont les tannins condensés, présents dans certaines plantes (sainfoin, lotier, plantain, chicorée…) ou concentrés dans des granulés. Ces médecines ne dispensent ni de diagnostic, ni de contrôle et analyse du risque.

Il est aussi possible d’utiliser des antiparasitaires chimiques, les vermifuges n’étant pas comptabilisés dans les traitements allopathiques. Le traitement doit être justifié par une prescription, un diagnostic vétérinaire et/ou des analyses indiquant la présence de parasites. Les bolus et formes injectables retard sont interdits.

 

Les plus lus

Eleveur veau moins de quinze jours niche individuelle
Veaux laitiers : « Je ne connais ni les diarrhées ni les problèmes pulmonaires »

À la SCEA des vertes prairies, en Seine-Maritime, Nicolas Banville concentre ses efforts sur la préparation au vêlage et la…

Pièce de monnaie
Prix du lait : Sodiaal payera 485 €/1 000 l pour 2023 en conventionnel

En conférence de presse le 4 avril, Damien Lacombe, président de Sodiaal, a annoncé 14,4€/1000 litres de ristournes pour les…

Éleveuse veaux pouponnière
« J’utilise zéro antibiotique pour élever mes veaux laitiers »

Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Restquelen enregistre 3,3 % de mortalité périnatale sur les quatorze derniers mois. Les…

Yohann Barbe, président de la FNPL élu le 8 avril 2024
Yohann Barbe, nouveau président de la FNPL : « Nous ne devons plus perdre ni litre de lait, ni actif pour le produire »

Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges, a été élu président de la FNPL le 9 avril. Il livre sa feuille de route à Réussir Lait…

Deux stalles de robot de traite GEA
Robot ou salle de traite, les indicateurs à calculer pour bien choisir

Les tensions sur la main-d’œuvre poussent de nombreux éleveurs à sauter le pas des robots de traite. Pourtant le retour sur…

récolte de sainfoin
Le sainfoin, une légumineuse fourragère pas comme les autres

Cousin de la luzerne, le sainfoin est une légumineuse non météorisante qui aime les sols calcaires et séchants. Riche en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière