Aller au contenu principal

Contractualisation : a-t-on le choix ?

La Loi de modernisation agricole rendra sûrement la contractualisation obligatoire d’ici la fin de l’année. Ses contours sont encore flous. Ce qui est sûr, c’est que cet outil ne pourra à lui seul assurer la régulation des marchés.

© F. Mechekour

La contractualisation cristallise les peurs, et ces peurs ne sont pas sans rappeler celles suscitées par la mise en place des quotas laitiers, il y a vingtcinq ans. Peur de l’avenir ? De l’inconnu ? Pas seulement. Peur aussi de se voir livrer « pieds et mains liés » aux industriels laitiers, comme le montre notre enquête. La volatilité des marchés laitiers depuis deux ans n’a fait qu’amplifier cette méfiance. Et il faut reconnaître que certaines pratiques récentes ne peuvent qu’inciter à la plus grande méfiance: non-collecte en raison de conditions climatiques, fixation unilatérale du prix du lait par certains industriels, rupture abusive de relations contractuelles, projets de contrats comportant des clauses inacceptables… Même dans les coopératives, on entend de nombreuses plaintes des producteurs sur la gouvernance des entreprises.

La contractualisation fait peur aussi parce qu’on ne sait pas très bien ce qui se cachera derrière. « Que veut dire ce mot ? Tout le monde n’en a pas la même définition », nous dit un éleveur du Calvados. Si l’on s’en tient au sens strict, il s’agit de la formalisation écrite des relations commerciales entre producteurs et transformateurs.

Mais les contours de ces relations sont encore flous. Les discussions au sein de l’interprofession piétinent, même si les trois familles s’accordent à dire que le gros oeuvre est achevé. Car l’important est dans la finition: le prix, le volume, sans compter l’épineuse question du transfert de propriété de la production (qui vend le lait : l’éleveur ou l’organisation de producteurs?). Le gros point d’achoppement pour la finalisation d’un cadre interprofessionnel est le système de volumes et prix différenciés, poussé par les coopératives. Les industriels privés n’en veulent pas, et les producteurs sont divisés.

Le projet de Loi de modernisation agricole définit un cadre général de contractualisation. L’objectif du gouvernement est de la mettre en oeuvre d’ici la fin de l’année. Que risque-t-il de se passer si l’interprofession ne se met pas d’accord avant l’adoption de la loi, annoncée pour le début de l’été ? C’est le gouvernement qui tranchera, dans le décret d’application qui sera publié dans la foulée.

Tout le monde est d’accord pour dire que la contractualisation ne pourra à elle seule assurer la régulation des marchés; c’est un outil de régulation parmi d’autres, « vital pour la filière », affirment ses défenseurs. Ce qui est sûr, c’est que pour faire le poids face aux industriels, les éleveurs ont intérêt à faire front tous ensemble. Souvenons- nous qu’en 1984, le rejet en blocs des quotas avait eu, pour les producteurs, comme conséquence de voir la gestion du dispositif leur échapper. Faut-il recommencer la même erreur ?

Les plus lus

<em class="placeholder">éleveur Célestin Jaunel devant son robot de traite</em>
Qualité du lait : « Mon souci de germes provenait de la pompe doseuse de produits lessiviels »
À la SCEA de Beaudival dans le Nord, un problème de germes est intervenu quelques mois après la mise en route du robot de traite…
Tableau avec les prix de revient et coût de production de l'atelier lait de vache de 2024
Le prix de revient du lait publié en 2025 par le Cniel augmente de plus de 4%

Les indicateurs de coût de production et de prix de revient du lait de vache pour l’année 2024, publiés par l'interprofession…

<em class="placeholder">fouille et échographie d&#039;une vache</em>
« Suite à la FCO, il va manquer de femelles de renouvellement dans 30 % des élevages laitiers », d’après Innoval

La reproduction des troupeaux laitiers a été mise à mal avec le passage de la FCO 3 et 8, particulièrement marqué dans le…

<em class="placeholder">Benoit Chamagne, éleveur laitier</em>
Eleveur lâché par Lactalis : « J'arrête le bio et je rejoins une petite coopérative laitière », en Haute-Saône

Après avoir vu son contrat dénoncé par Lactalis, Benoit Chamagne, éleveur laitier en agriculture biologique en Haute-Saône,…

<em class="placeholder">groupe d&#039;éleveurs assistant à une démonstration d&#039;entretien de la végétation autour des clôtures. </em>
Prairie : de nouveaux matériels pour l’entretien autour des clôtures
La gestion de la végétation sous les clôtures électriques est essentielle en système herbager. Des outils utilisés dans d’autres…
<em class="placeholder">Camion de collecte en train de dépoter, livrer, du lait de vache sur un site de Lactalis</em>
Prix du lait 2026 : « Nous ne tolérons aucune baisse »

Les éleveurs laitiers déplorent un prix du lait qui a commencé à baisser en cette fin d'année 2025, alors qu'ils sont moins…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière