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Cinq pistes pour réduire les coûts de construction

Couverture, bardage, maçonnerie, charpente, lieu d’implantation… Traquer les dépenses inutiles, poste par poste, peut permettre d’économiser des milliers d’euros.  

S’il existait une recette miracle pour réduire la facture d'un bâtiment de 30 à 40 %, cela se saurait. En revanche, " il est possible de cumuler des voies d’économies en réfléchissant son projet, en faisant simple et adapté à sa conduite et en construisant pour de nombreuses années ", explique Sébastien Guiocheau, de la chambre d’agriculture de Bretagne. « Il y a des montants incompressibles. Mais ceux qui prennent leur temps pour concevoir leur projet, comparer les devis, analyser les tarifs poste par poste, faire de l’autoconstruction peuvent réaliser des économies conséquentes », confirme Jean-Marc Pilet, du service bâtiment de la chambre d’agriculture de la Mayenne.

Nous vous proposons de faire le point sur les avantages et limites des principales pistes d’économies sur le poste construction. Dans tous les cas, il faut tenir compte de l’impact sur votre confort de travail, sur le confort de vos animaux mais aussi sur la gestion des effluents d’élevage. Cette dernière doit d’abord être dictée par le volet agronomique. Ensuite, " il faut garder à l’esprit que les filières directes, soit tout fumier soit tout lisier, sont les plus économiques ", rappelle Jean-Marc Pilet. Le raisonnement doit aussi tenir compte des coûts de fonctionnement inhérents à chaque solution. Enfin, quel que soit le projet, la valorisation de l’existant reste une valeur sûre.

Ne pas déraper sur le terrassement et la voirie

 

 
La part du poste terrassement et voierie sur le coût total d’un projet bâtiment est souvent sous-estimée. Pourtant, elle dépasse souvent 20 %.  © S. Guiocheau

 

Toute la difficulté est de trouver un bon compromis entre les impératifs réglementaires, l’orientation idéale du bâtiment et l’utilisation de la pente naturelle du terrain. « La part du poste terrassement et voirie sur le coût total d’un projet bâtiment est souvent sous-estimée. Pourtant, dans de nombreuses situations, elle dépasse 20 % du coût global », rappelle Jean-Marc Pilet. L’idéal pour l’ambiance dans un bâtiment, c’est de pouvoir l’implanter en hauteur. Mais il faut essayer de respecter la topographie du terrain parce que le remblai coûte très cher. « À moins d’avoir une opportunité près de chez vous, si vous ne disposez pas de remblai, cela vous coûtera d’autant plus cher qu’il faudra aussi payer le transport », prévient Jean-Marc Pilet. Le conseiller bâtiment soulève un autre risque : « comme la maçonnerie doit descendre jusqu’au dur, plus il y aura de hauteur de remblai, plus cela coûtera cher en maçonnerie ».

Par ailleurs, tous les remblais ne se valent pas. Il faut éviter les remblais trop argileux (problème de stabilité, sensibilté aux conditions de mise en œuvre et notamment à l’humidité), ou comportant des matériaux trop grossiers, de la ferraille, des fibrociments amiantés… La qualité du compactage est également essentielle. Quoi qu'il en soit, avec des terrains en pente, le terrassement peut rapidement devenir une source de dérapage sur les coûts d’investissement. Terrasser en déblai-remblai, implanter le nouveau bâtiment près d’une route, d’un accès au réseau électrique et à l’eau sont par conséquent autant de sources potentielles d’économies à valoriser. Compte tenu de la complexité du choix, mieux vaut se faire conseiller et faire des avant-projets pour estimer les avantages et inconvénients de chaque solution et les chiffrer pour comparer.

Mettre les bons matériaux au bon endroit

« Concevoir une paroi en définissant sa hauteur, son épaisseur et son matériau en cohérence avec le rôle de celle-ci est une voie d’économie qu’il est utile d’explorer avant même d’engager les travaux », préconisent les spécialistes bâtiment des Pays de la Loire et de l’Institut de l’élevage. Béton, panneaux sandwichs, parpaings… La bonne stratégie consiste à mettre le bon matériau au bon endroit et de ne pas en mettre plus qu’il n’en faut.  « Il faut limiter au maximum les hauteurs de parois en béton surtout s’il n’y a pas de contact avec les animaux », souligne à titre d’exemple Jean-Marc Pilet.  « Si vous avez un couloir d’alimentation de 6 mètres de large avec un mur en béton de 2 mètres de haut, c’est totalement anti-économique. Mieux vaut mettre un muret d’auge de 45-50 cm de haut."

Pour les parois, Sébastien Guiocheau constate qu’en Bretagne la tendance est à la diminution de la pose de bardage en bois au profit des filets amovibles. L’installation d’un filet ou d’une bâche amovible est 2,5 à 3 fois plus coûteuse. De 27 à 30 €/m², on passe à 75 à 90 €/m² suivant les configurations, prévient-il. En revanche, cela représente un intérêt de plus en plus important en période chaude. Attention donc aux fausses économies. Le confort des vaches est primordial.

Charpentes, des surcoûts avec les grandes portées

Un bâtiment avec le moins de poteaux possible, c’est pratique mais pas forcément économique. « Avoir 30 mètres sans poteaux c’est possible à condition d’avoir des poteaux avec des sections suffisantes et des fondations réalisées en conséquence ", prévient Sébastien Guiocheau. Les sections sont calculées pour chaque situation : type de couverture, largeur des travées, matériaux de couvertures, zone de neige ou venteuse…

Reste que des portées importantes entraînent des surcoûts de charpente de l’ordre de 10 à 15 €/m2. Il faut donc trouver un juste milieu entre portée, nombre de massifs de fondations et poteaux. « Avec 15 à 16 mètres de portée, les sections de charpentes sont standard. Ce n’est plus le cas avec des portées de 25 à 30 mètres. Par ailleurs, cela peut poser des problèmes pour le transport et le levage des fermes. » Et les grandes portées ne sont pas adaptées pour une bonne ventilation.

Côté matériau, la charpente en lamellé-collé est-elle plus économique qu’une charpente métallique ? Tout dépend du contexte, selon Sébastien Guiocheau. Les prix sont très variables en fonction du contexte local et de la demande. Il n’y a donc pas forcément une solution plus économique que l’autre.

Moins c’est couvert, plus c’est économique

La couverture la plus économe est celle que l’on ne pose pas. Au-delà de la réduction des surfaces couvertes, cette option permet également de réduire des portées et donc la section des poteaux. Le bâtiment étant moins haut, vous réalisez également des économies sur le bardage. « Cela demande cependant soit d’investir dans un système de traitement des effluents peu chargés, qui a un coût et qu’il faut entretenir, soit de bien stocker ces effluents en fosse. L’importance de la pluviométrie sera donc à considérer pour ne pas diluer de façon excessive le lisier. » La couverture partielle du couloir d’alimentation se raisonne en fonction de l’orientation du bâtiment. Une table d’alimentation orientée à l’Est ou Sud-Est ne recevra que peu de pluie. Mais attention en zone de neige.

Diminuer les surfaces n’est pas toujours rentable

Opter pour trois rangées de logettes plutôt que deux réduit la facture d’environ 600 € par vache. " Mais attention à l’impact sur le bien-être animal, la circulation des animaux et la place à l’auge, prévient Sébastien Guiocheau. On risque de mettre en difficulté des animaux comme les primipares ou les dominés. » Avec cette option, il faut prévoir des couloirs suffisamment larges : 4,50 m à 5 m pour le couloir d’alimentation et au moins 3,50 m pour le couloir arrière.

L’optimisation de la largeur des couloirs est une piste non négligeable d’économie. Un couloir de paillage de 3 m de large est inutile quand on envisage à terme un paillage à la pailleuse. En système lisier, un couloir de stockage de 0,80 m suffit amplement. Dans tous les cas, il faut anticiper les éventuelles modifications du bâtiment : passage en logettes, ajout d’une troisième rangée de logettes…

À savoir

Retrouvez le document de référence " Bâtiments d’élevage bovins - Comment réduire les coûts d’investissement ? " sur le site de l'Institut de l'élevage.

Prudence avec l’autoconstruction

Faire soi-même tout ou partie des travaux est une source potentielle d’économies à condition de ne pas se laisser déborder par le projet.

 

 
En autoconstruction, on réalise plus d’économies en faisant soi-même la maçonnerie qu’en montant une charpente achetée en kit. © Chambre d'agriculture de la Mayenne

 

« Plus ça va, plus les chantiers sont importants et plus la charge de travail des éleveurs l’est également. Or, il faut avoir suffisamment de temps et de compétences pour choisir les bons matériaux et faire soi-même le travail. Il ne faut pas sous-estimer le temps nécessaire pour préparer, chiffrer, passer les commandes et mettre en œuvre le chantier », prévient Sébastien Guiocheau. Les entreprises spécialisées sont équipées pour travailler efficacement et en toute sécurité (laser, nacelle, télescopique à tourelle, filets anti-chutes…). Faire du terrassement ne s’improvise pas. Le démontage d’un bâtiment pour le remonter ailleurs ne rime pas forcément avec économies. « Cela coûte parfois aussi cher, voire même plus cher que de faire du neuf, sauf si c’est réalisé en autoconstruction. »

 

Tenir compte de l’impact sur les aides

Jean-Marc Pilet préconise de prendre en compte les aides à l’investissement avant de se lancer dans l’autoconstruction. Par ailleurs, l’intérêt économique varie selon la partie du bâtiment concernée. « Certains éleveurs achètent des charpentes en kit pour les monter eux-mêmes. Mais ce qui coûte le plus cher, c’est le kit, pas la main-d’œuvre. Et si vous la montez vous-même, vous n’aurez pas le droit à des subventions, souligne Jean-Marc Pilet. C’est plus rentable et moins dangereux de faire soi-même la maçonnerie, parce qu’au final, la main-d’œuvre coûte plus cher que le béton. Et vous réaliserez encore plus d’économies en faisant la maçonnerie du bloc traite, un travail complexe et chronophage, qu’en posant des grosses dalles. »

L’absence de garantie est un autre bémol. « Si vous faites installer un racleur sur un béton que vous avez coulé vous-même, en cas de problème de fonctionnement la recherche de responsabilité sera plus difficile. Le poseur doit normalement accepter le support. Il peut donc aussi le refuser », souligne Sébastien Guiocheau, à titre d’exemple.

Mise en garde

L’asphalte et l’enrobé, bien que plus économiques, ne sont pas des alternatives miracles au béton pour les sols. L’asphalte se pose sur une couche de béton. Et l’enrobé est trop abrasif pour les animaux et se dégrade plus ou moins vite.

Les bâtiments multichapelles sont-ils plus économiques ?

Les bâtiments multichapelles ont de nombreux intérêts : meilleure ambiance que dans les bâtiments très larges (30 m et plus), moins de surfaces de bardage, moins de hauteur et donc plus grande facilité à intégrer… Côté bémol, ils nécessitent d’installer de nombreux chéneaux pour récupérer l’eau de pluie. « Cela coûte cher (environ 70 €/m linéaire) et il faut penser à leur entretien », prévient Sébastien Guiocheau. Au final, ce type de bâtiment n’est pas forcément plus économique.

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