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Allo véto : une tête de vache laitière enflée et un diagnostic en attente

L’apparition récente de la maladie hémorragique épizootique (MHE) est désormais prise en compte dans les diagnostics vétérinaires. Pour cette vache à la tête enflée, aucune certitude. Sûrement un phlegmon de l’auge.

« Bonjour, j’ai une vache qui ne va pas bien depuis avant-hier soir. Elle a la tête qui a doublé de volume. Elle bave et ne veut plus manger. »

À mon arrivée, je trouve Osiris, multipare vêlée d’une semaine, couchée dans la case d’infirmerie. Elle a effectivement une tête bien gonflée et une panse vide. À l’examen, elle a un peu de fièvre, ne boite pas, et n’a pas d’autres lésions que sur la tête. Elle est enflée sur toute la région de l’auge, des ganaches jusqu’au bout du nez. Dans la bouche, tout est gonflé : intérieur des joues, tissus sous la langue.

Lire aussi : « Avec la FCO, nous avons une épée de Damoclès au-dessus de la tête »

La morsure de vipère paraît exclue, car aucune zone ne présente de trace de morsure. La langue paraît trop mobile pour une langue de bois. La présence de fièvre, d’œdème dans la cavité buccale et au niveau du nez, permettent d’exclure un œdème lié au parasitisme, qui s’étendrait plutôt au niveau de l’auge et du fanon plutôt que du bout du nez. Une infection des glandes salivaires est possible, tout comme un phlegmon de l’auge, infection diffuse, liée parfois à un corps étranger piqué dans la bouche mais qui n’est pas toujours facilement visible.

Toutefois, vu le contexte actuel, je suis obligée d’évoquer deux autres pathologies virales : la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE).

La piste de la MHE

La MHE est une maladie virale infectieuse vectorielle, très proche de la FCO : virus, signes cliniques et moyens de transmission sont très comparables.

Chez les bovins, l’infection ne provoque le plus souvent pas de symptômes, mais s’ils sont présents, ils se caractérisent par de la fièvre, une anorexie, un œdème de la face et de l’encolure, une détresse respiratoire, de la congestion au niveau de la langue et des conjonctives, de l'érosion dans la bouche et au niveau des pieds, du ptyalisme (animal qui bave), des boiteries, des avortements.

Tous les symptômes ne sont pas forcément présents. Chez les cervidés, la mort est beaucoup plus fréquente que chez les bovins.

Aucun traitement n’est véritablement possible : on pourra limiter les complications, mais il n’existe pas d’antiviral chez les bovins. Côté prévention, on n’est guère mieux loti. Comme la MHE est transmise par l’intermédiaire d’un moustique, seule la désinsectisation peut trouver un intérêt. À noter quand même que la maladie n’est pas transmissible à l’homme.

Des résultats d’analyse qui se font attendre

Pour un diagnostic de certitude, une analyse de sang est nécessaire car les symptômes ne sont pas assez spécifiques. Cette analyse ne se fait pas dans tous les laboratoires pour le moment, ce qui complique la tâche des vétérinaires pour connaître l’avancée de la maladie sur le territoire.

Dans l’attente des résultats, une ponction de la zone gonflée sous l’auge est effectuée. La présence de pus sanglant en quantité importante laisse penser à un phlegmon de l’auge. Malgré les soins et drenchages effectués par les éleveurs, la vache ne mangeait plus du tout. Il a fallu l’euthanasier. Quelques semaines plus tard, nous n’avons toujours pas reçu les résultats de certitude pour la MHE.

À retenir

L’essentiel sur la MHE

• Transmission par des moustiques : la désinsectisation est la seule prévention possible

• Symptômes : œdème et gonflement au niveau de la face, lésions dans la bouche, boiterie, fièvre, avortement…

• Maladie réglementée à déclaration obligatoire

• Pas de traitement

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