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PRODUCTION AGRICOLE - Sélection variétale
Zoom sur les orges brassicoles

Grâce à l’unité de la filière française brassicole, de l’obtenteur variétal au brasseur, les orges d’hiver six rangs ont de nouveau le vent en poupe.

La filière française des orges de brasserie se caractérise par son organisation spécifique. Elle est en effet assez concentrée, avec notamment une petite dizaine de sociétés obtentrices de nouvelles variétés, et une quinzaine d’unités de production de malt regroupées sous quatre groupes (Malteurop, Boortmalt, Malteries Soufflet et Cargill Malt). Une configuration qui favorise la contractualisation, du brasseur avec le malteur et du malteur avec le producteur. « Les orges brassicoles sont souvent les premières matières à être contractualisées, avec des engagements qui portent sur des échéances à deux-trois ans », explique Gaëlle Derouault, courtier chez Ceraco. Et « les brasseurs cherchent à pérenniser leur marché ». La concertation entre les différents acteurs joue un rôle important dans le secteur. Ils se rencontrent annuellement pour se mettre d’accord sur les orges à cultiver. Des échanges qui débouchent sur l’édition de la “Liste des variétés préférées des Malteurs de France et des Brasseurs de France”.

Un renouvellement variétal satisfaisant
« Sur cette liste, les orges d’hiver (OH) sont majoritairement sélectionnées en France, mais seule une minorité des orges de printemps (OP) est d’origine hexagonale », explique Philippe Roux, Secrétaire général de la section céréales à paille et protéagineux du GNIS. Selon lui, il y a 3 à 5 variétés d’orges d'hiver et une dizaine en orges de printemps qui sont très utilisées en France. « Les orges d'hiver 6 Rangs sont quasiment un produit franco-français », affirme Florent Cornut, responsable développement chez Secobra. Actuellement, « je ne pense pas qu’il y ait un manque de variétés brassicoles sur le marché français, car depuis deux-trois ans, il y a eu un certain nombre d’arrivées », confie-t-il. Cela a pu être un problème par le passé. « Pour Malteurop, qui s’approvisionne en grande partie sur le bassin champenois, les variétés commençaient à ne plus être adaptées au territoire jusqu’à l’arrivée d’Etincel (OH 6 rangs) », reconnaît-il. D’où le lancement en 2007 d’un programme de recherche sur les orges d’hiver brassicoles 6 rangs, cofinancé par Intercéréales, les brasseurs et malteurs de France. « Les orges d’hiver n’étaient plus beaucoup travaillées par les sélectionneurs », explique Sylvie Lecoq de Malteurs de France. Le nombre d’entreprises faisant de la recherche sur les orges brassicoles d’hiver seraient passées de 5 à 8 entre 2007 et 2011, et les inscriptions  de variétés d’orge de brasserie d’hiver de 2 à 9 sur la même période. Néanmoins, « cela ne s’est pas fait au détriment des variétés d’orges de printemps qui sont toujours aussi nombreuses », précise-t-elle.

Prépondérance des variétés préférées des malteurs et des brasseurs de France
La France sème davantage d’orges d’hiver que de printemps. « Les orges de printemps “voyagent” mieux que les orges d’hiver grâce à leur cycle court. La très populaire variété Explorer est par exemple cultivée de l’Espagne au Kazakhstan », témoigne Florent Cornut. Même cette année, où beaucoup de parcelles ont été ressemées en OP suite aux épisodes de gel de février, la sole 2011/2012 était composée de 45% d’escourgeons, 15% d’orges d’hiver à 2 rangs et 38% d’orges de printemps. « Les orges de printemps cultivés en France sont uniquement à 2 rangs, car leur cycle de développement est trop court pour qu’il y ait un remplissage correct des grains sur les variétés à 6 rangs. Les variétés OH 6 rangs ont logiquement un meilleur rendement que les 2 rangs, mais le nombre de grains plus élevé peut entraîner des problèmes de calibrage. Ces variétés sont plutôt réservées à des régions comme la Champagne, où la fin de cycle n’est pas trop stressante », ajoute Florent Cornut.
Quoi qu’il en soit, sur les semis toutes orges confondues (fourragères et brassicoles), les variétés brassicoles s’imposent. En 2012, les variétés préférées des malteurs et brasseurs couvraient 47% des surfaces nationales. Sur les 10 premières variétés utilisées par les agriculteurs, 6 étaient de qualité brassicole (Sebastian, Cervoise, Esterel, Arturio, Chili et Gigga). Mais cette affectation n’est pas systématique. En effet, pour être qualifiée d’orge brassicole, les lots doivent notamment avoir un taux de germination supérieur à 95 % et un taux de protéine en deçà de 12,5 %. « Les problèmes de qualité d’une année sur l’autre sont d’avantage liés aux conditions climatiques, qu’à la variété en elle-même », rappelle Jean-Philippe Jelu, vice-président du CBMO et directeur opérationnel des Malteries Soufflet. « Sur les variétés brassicoles récoltées en 2012, le taux de sélection est estimé à 57 % pour les OP et à 19 % pour les OH », estime Leandro Pierbattistti, responsable veille marché et relation filière chez France Export Céréales.

Un marché brassicole suroffert en 2012
Rappelons que la France est le premier exportateur mondial de malt et le second en orges de brasserie. Elle expédie plus de la moitié de sa production de graines. Elle exporte plus d’orges d’hiver que d’orges de printemps, car ces dernières sont plus chères. En effet, « les orges d’hiver ont un fort pouvoir diastasique, ce qui fait que leur malt revient moins cher que celui issu d’orges de printemps », explique Florent Cornut. D’après FranceAgriMer, la France aurait exporté 4,3 Mt toutes orges confondues sur la campagne 2011/2012, dont 1,1Mt d’orges brassicoles. En 2012/2013, elle mise sur des ventes à 5,5 Mt, dont 2 Mt d’orges brassicoles, alors que le surplus d’orges brassicoles serait de 3,9 Mt. Cette année, il n’y a presque pas de prime entre qualité fourragère et brassicole, ce qui n’incite pas les producteurs à vendre vers la brasserie. « Le marché de l’orge a du mal à vivre par lui-même. Il est calé sur celui des orges fourragères », remarque Gaëlle Derouault du cabinet de courtage Ceraco. Cela s’explique en partie par les nombreuses parcelles ressemées en orges de printemps, suite aux dégâts du gel de cet hiver.

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