Ynsect débutera cet été la vente de ses farines protéiques issues d'insectes dans le pet food
Dans la perspective de l'ouverture prochaine du marché de l'aquaculture, et à plus long terme celui de la volaille, la société française a testé ses farines protéiques issues d'insectes sur la truite et le poulet, avec des résultats très prometteurs.
« L'année 2016 peut potentiellement être l'année d'ouverture aux protéines d'insectes du marché de l'aquaculture dans l'UE (cf. encadré), qui sera un jalon majeur pour notre filière industrielle », se réjouit Antoine Hubert, cofondateur d'Ynsect et président de l'association européenne des producteurs d'insectes (Ipiff). Une bonne nouvelle pour la société française, dont l'unité de démonstration industrielle d'élevage et de transformation d'insectes “Ynsite” de Dole (Jura), en cours de construction, doit démarrer sa production à l'été. « L'objectif est de démontrer la viabilité technologique et économique de nos procédés et produits, explique le chef d'entreprise. Les farines protéiques sont pour l'heure destinées au pet food premium en Europe, où nous avons déjà reçu des commandes fermes. L'ensemble de la production de 2016 et 2017 est en voie d'être entièrement pré-comman-dée. » Parallèlement, Ynsect prépare une unité commerciale à grande échelle.
Une farine d'insectes au top
La farine TMP Ynsect (composée de 70 % de protéines, 12 % d'huiles et 3 % de cendres) a été testé sur des poissons et des poulets. Sur les truites, le produit, introduit graduellement dans différents régimes standards, a permis « jusqu'à 30 % de prise de masse plus rapide à 100 % de substitution, soulignant une excellente adéquation de la farine aux besoins nutritionnels du poisson, avec une FCR* réduite de près de 20 % », précise Antoine Hubert. Chez les poulets, 10 % d'incorpo-ration dans un régime standard ont démontré un gain de rendement jusqu'à près de 2 % en rendement filet et rendement carcasse, ce qui est très important. En outre, des bénéfices ont été observés dans la fabrication des granulés par extrusion : réduction de la consommation d'énergie et réduction des pertes en vitamines du prémix.
* FCR : Taux de conversion alimentaire
Le rapport de l'Efsa du 8 octobre 2015 relatif aux insectes dans l'alimentation souligne que les risques principaux portent lorsque des substrats type déchets et déjections sont choisis et que les insectes non transformés sont utilisés. Or « les membres de l'Ipiff travaillent avec des substrats 100 % végétaux – issus d'installations enregistrées en tant que fournisseurs d'aliments pour l'alimentation animale (183/2005) – et des insectes entièrement transformés en poudre protéique standardisée (méthodes 1 à 7 de la directive 142/2011), explique son président Antoine Hubert. Le rapport Efsa souligne donc que ces choix d'approvisionnement et de transformation n'engendrent pas de risque pour la santé des animaux et des consommateurs, ce qui est positif pour la filière. » Et d'ajouter : « Nous sommes en relation fréquente avec les autorités européennes pour faire avancer ce dossier et permettre à l'industrie aquacole européenne de bénéficier en primeur de cet avantage compétitif qu'est l'usage de farines protéiques d'insectes. »