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Biocarburants
X. Beulin défend le Diester à l’IFP

Alors que le Giec achevait son rapport, l’Institut français du pétrole rassemblait divers intervenants de la filière des biocarburants à Paris

ESPOIR. Les biocarburants, plus particulièrement le biodiesel, étaient à l'honneur de la 7 e journée Panorama de l'Institut français du pétrole (IFP) organisé à Paris le 2 février dernier. En présence d'Olivier Appert, président de l'IFP, et de professionnels partie prenante dans le dossier des biocarburants, Xavier Beulin, président de la Fédération des producteurs d’oléo-protéagineux, a défendu la filière Diester. Et malgré toute la bonne volonté affichée par le réprésentant de Total et de ceux des fleurons de l'automobile française, les débats n'ont pû masquer certaines réticences de ces incontournables partenaires. Mais Xavier Beulin reste « confiant » et compte sur le développement de la filière.

« Encore une bonne marge de progrès »

A l'horizon 2010, la France « produira 3 Mt de biodiesel dont 2,2 Mt de Diester », assure Xavier Beulin, responsable de Diester Industrie. Pour cela, ce sont 2Mha qui seront nécessaires, soit 15% des surfaces cultivées aujourd'hui en grandes cultures (céréales, oléagineux et betteraves). La concurrence entre le débouché alimentaire et non alimentaires annoncée et redoutée par les syndicats agricoles minoritaires, n'inquiète pas Xavier Beulin qui compte sur les 10% de jachères qui occupe le pays, « le reste se fera sur des terres utilisées pour l'alimentaire, il n'y a pas péril en la demeure ». La filière Diester a « encore une bonne marge de manœuvre » selon son représentant. Actuellement le biodiesel dont la production consomme 1 tonne equivalent pétrole (tep) , restitue 3 tep. Ce ratio pourrait « passer à quatre voire cinq » selon le président de la Fop. Comment ? D'abord en « perfectionnant les outils de trituration de graines » et en fabriquant de l'ester éthylique plutôt que méthylique. « Ce n'est pas évident mais si demain on arrive à remplacer le méthanol par l'éthanol, on gagnera près d'une tonne équivalent pétrole », explique le président de la Fop. Des pistes pour améliorer la productivité sont annoncées. La pratique du non labour pour limiter les intrants, « sans doute la meilleure façon de capter ou piéger le carbonne dans le sol », et les progrès technologiques, sont des points sur lesquels Xavier Beulin a beaucoup insité. « Il faudra bien que l'on fassse un bilan objectif de l'usage en agriculture des biotechnologies et en particulier de l'introduction ou non des OGM en France et en Europe, sachant qu'en 2010, il y en aura plus de 100 Mha dans le monde. Si nous avons un trop grand différentiel de concurrence avec nos collègues étrangers pour ces raisons, il faudra bien se pencher sur le problème ». Mais le colza transgénique n'a pas encore traversé l'Atlantique. Interrogé en marge de la réunion, reconnaissant que cette culture présente plus de risques de pollinisations croisées que celle de maïs, le président de la Fop admet que « la mise en place en France de cette culture ne sera pas simple ». De plus séparer des graines transgéniques destinées à la filière biocarburant de celles dédiés à l'alimentaire, « le gain de productivité pourrait être absorbé ». Diester Industries se focalise pour l'instant sur les progrès de la génomique sans transgénèse assure Xavier Beulin.

« Contrôler l'ensemble de la filière »

D'ici 2008, Diester Industries devrait disposer de 9 usines sur le territoire hexagonal. « Beaucoup d'investissements sont en cours. La plupart sont réalisés par des capitaux et nous avons très clairement la volonté de garder la maîtrise de ces filières biocarburants en agriculture ». Et d'ajouter, « Notre intérêt est d'avoir un rapport équilibré entre l'ensemble de la filière biocarburants et nos clients qui sont les compagnies pétrolières. il est aussi de travailler en bonne intelligence avec des instituts comme l'IFP ou l'industrie automobile qui nous renvoie en amont des renseignements ou des contraintes à intégrer dans nos schémas de production ». Et pour l'instant la concurrence ne saurait venir du pétrolier Total. La firme n'entend pas investir dans des unités de production selon son directeur général raffinage et marketing, Michel Benezit, pour qui « il est plus rentable d'investir dans la recherche et la logistique, car préparer l'après pétrole est notre métier ». Et si Total s'arrange bien du souhait de Diester, le pétrolier se plaint cependant de la multiplication des biocarburants en référence au bioéthanol et ses différentes formes, ou des biocarburants de seconde génération encore à l’étude pour l’instant. « A un moment donné, il faudra bien en choisir un », a déclaré M. Benezit. Une vision assez éloignée de la nécessité de ne pas tout miser sur une seule source d'énergie pour remplacer l'or noir.

« Jusqu'à 2015/2020 on sait où on va »

Une grande incertitude pèse sur la pérénnité de la filière biodiesel et plus généralement celle des biocarburants tant les facteurs de perturbation sont nombreux et imprévisibles. L'offre en automobile incitera-t-elle le consommateur à rouler propre ? Les pétroliers joueront-ils le jeu ? Quelle incidence aura l'évolution du cours du baril à plus long terme ? On l'a vu cette année, les cours du colza ont atteint des records, jusqu'à quel niveau la rentabilité de la filière sera-t-elle assurée ? Xavier Beulin reste confiant sur la garantie de la pérennité de la filière Diester du moins à moyen terme. « Bien sûr, il y a une part de risque, mais le gouvernement a fait des efforts importants en matière de fiscalité et a pris certains engagements. »

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