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L'après brexit
« Une sérieuse refonte du paysage agroalimentaire », selon Farm Europe

Pour le secteur agroalimentaire des Vingt-sept, le Brexit se traduira par une concurrence nettement plus forte sur le marché du Royaume-Uni, avec des effets en cascade sur celui de l'Union européenne, avertit le think tank Farm Europe. Selon lui, il pourrait être, paradoxalement, l'occasion de relancer la politique commerciale européenne sur de nouvelles bases.

Dès lors que le Brexit se matérialisera, cela conduira à une sérieuse refonte du paysage agroalimentaire tant pour le Royaume-Uni que pour toute l'Union européenne, au niveau politique et économique », souligne le think tank Farm Europe (Bruxelles) qui organisait un forum de réflexion sur l'avenir de l'agriculture les 14 et 15 octobre dans la région de Milan.

Sur le plan politique, la Pac et les futures normes européennes seront, bien entendu, « négociées sans le point de vue britannique ». Par ailleurs, le départ du Royaume-Uni « portera un coup sérieux au budget global de l'Union européenne », même si l'accord de Fontainebleau de juin 1984 lui accorde un rabais en relation à l'époque avec sa contribution aux dépenses agricoles.

Enfin et surtout, « il faut s'attendre à une concurrence mondiale beaucoup plus forte sur le marché intérieur du Royaume-Uni, avec des effets en cascade sur le marché intérieur européen, indépendamment de ce qui se passera, par ailleurs, dans le cadre de la nouvelle relation commerciale entre l'Union européenne et le Royaume-Uni ».

« Un marché totalement nouveau pour les produits en provenance de l'UE »

Pour le secteur agroalimentaire, les négociateurs de Londres seront « ouverts à des arrange-ments allant vers le libre-échange total, et ce dans le cadre des discussions avec l'Union européenne comme de celles avec leurs autres partenaires commerciaux à travers le monde, quels que soient le modèle et la nature de la future relation entre l'Union européenne et le Royaume-Uni », prévoit Farm Europe. Le marché britannique sera ainsi « un marché totalement nouveau pour les produits en provenance de l'Union européenne » qui « devront faire face à une concurrence beaucoup plus forte de la part d'autres fournisseurs ». ”

Il faut s'attendre à une concurrence mondiale beaucoup plus forte sur le marché intérieur du Royaume-Uni.

Dans ces conditions, le think tank juge « particulièrement difficile » d'envisager un accord de libre-échange total sans garantie entre l'Union et l'ex-État membre. Et, si tel était le cas, « la stratégie commerciale de Londres deviendrait de facto la stratégie de l'Union européenne, qu'on le veuille ou non ».

« Un défi considérable » pour le bœuf et le sucre

60 % des produits agricoles et alimentaires consommés au Royaume-Uni sont importés, rappelle Farm Europe. Et près de 75 % d'entre eux proviennent du reste de l'Union européenne (pour un montant de 35,5 milliards d'euros en 2015), notamment des Pays-Bas (compte tenu de l'importance de leurs ports), de l'Irlande, de la France, de l'Allemagne, mais également de l'Espagne, de la Belgique, de la Pologne ou bien encore du Danemark. À l'inverse, les exportations britanniques vers les vingt-sept États membres s'établissent, dans ce secteur, à 13,9 milliards d'euros.

Le think tank estime que le renforcement de la concurrence provoqué par le Brexit, mais aussi par la tendance à une libéralisation accrue des échanges, constituera notamment « un défi considérable » pour le bœuf et le sucre.

Selon lui, le départ du Royaume-Uni peut donc être, dans ce contexte, « l'occasion de relancer la politique commerciale de l'Union européenne sur la base d'une nouvelle gouvernance plus transparente et donc plus en lien avec les attentes de la société civile », en « évaluant la façon dont les mandats de négociation sont confiés à la Commission euro-péenne ».

« Pourparlers secrets »

« Je vois les manœuvres » que « le Royaume-Uni, son gouvernement et les milieux qui sont proches de lui » sont en train d'entreprendre, a déclaré Jean-Claude Juncker, lors d'un débat organisé le 7 octobre par l'Institut Jacques Delors. « Il ne faudrait pas que des pans entiers de l'industrie européenne s'engagent dans des pourparlers secrets, dans des chambres noires, rideaux tirés, avec les envoyés du gouvernement britannique pour venir d'ici une année voir Michel (Barnier), la Commission, le Conseil en leur expliquant » que « la liberté de circulation des personnes est une très petite chose vu l'ampleur des avantages que nous pouvons tirer de nos relations commerciales avec le Royaume-Uni », a expliqué le président de la Commission de Bruxelles.

Jean-Claude Juncker a ainsi voulu rappeler que la position de principe qu'il défend est que la liberté de circulation des personnes ne peut pas être sacrifiée sur l'autel des négociations avec Londres.

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